01: The angel of yellow locker

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Ma respiration était saccadée. Mes jambes me criaient à l'aide. Je courais aussi vite que mes pieds m'en donnaient le pouvoir, mais, étrangement, plus je courais, plus j'avais l'impression de ralentir.

Tout ça parce que j'avais raté l'autobus jaune, que je n'ai ni scooter, ni moto, ni voiture et que mon seul tuteur est un vieil homme grassouillet et alcoolique. C'est la même routine tous les matins, ou presque. Tellement qu'à force, j'ai fini par m'y habituer. Après tout, la vie est une épreuve, n'est pas?

Tous les échecs sont des épreuves d'endurance et tous les succès sont des récompenses. Alors, peu importe ce qui arrive, il faut tenir bon. C'est ma devise.

Après 3Km de course à pied presque insurmontables, je m'arrêtai pour ouvrir l'entrée principale du lycée, avant de recommencer à sprinter en direction de la salle où se trouvaient tous les casiers.

-M.Carter, je vous ai vu. Fit la voix chaleureuse de Marta, la secrétaire en chef de l'école.

Oh, non...

Je m'arrêtai de courir et me retournai vers la femme toujours habillé de rose bonbon.

-Bonjour mlle. Marta. Ouh, que vous êtes jolies, aujourd'hui!

Elle me souria. Marta avait l'habitude de mes retards et, surtout, de mes compliments suppliant de pitié. Elle se tourna vers le mur, comme elle faisait généralement, me laissant ainsi 5 secondes pour m'enfuir. Heureusement pour moi, c'est ce que je fis.

Rendu à la cafétéria Est, plus communément appelée "la salle des casiers", je cherchai le 638, la seule case jaune parmi une centaine de rouge bourgogne. Je vis enfin mon casier. Seul problème:une fille y rangeait ses affaires. Elle portait une casquette verte militaire, cachant une partie de ses cheveux bruns teintés de mèches mauves. À ses oreilles, des écouteurs noirs étaient accrochés et son corps était couvert d'un sweat de la même couleur que sa casquette et d'un jean noir.

-Euh, excuse-moi, mais... C'est mon casier, ça. Dis-je en lui tapotant légèrement l'épaule pour attirer son attention.

Elle pivota vers moi et ses yeux bleus tirant sur le vert exprimaient de l'incompréhension, quand soudain, une lueur passa à l'intérieur.

-Samuel Carter, je présume. D'après le directeur, on est sensé partager ce casier. M'expliqua-t-elle d'un thon plein de froideur.

Mais quelle idée! Il n'y a que ce vieux fou de directeur ,qui peut en avoir une comme celle-ci. Me faire partager un casier avec une fille totalement inconnue et, en plus,au mois d'octobre.

-Hum... D'accord.

-Je prend la plaque du bas, déclara la fille.

Je ne dis rien. De toute façon, c'est ce qui était le plus juste, étant donné que je la dépassait d'une bonne tête. Elle finit de placer ses livres et alla partir, quand je me rendis compte que je ne connaissais pas son prénom.

-Hey, toi! Tu es qui, au fait? Lui demandai-je.

Elle me regarda de haut en bas, comme pour me juger. D'ailleurs,c'est peut-être ce qu'elle faisait.

-Éli.

Et elle s'en alla. Ne me laissant qu'avec son prénom comme unique information. Rien de plus.

Je ne la vis plus de la journée. Même pendant les pauses et l'heure du dîner.

Étrangement, cette fille me fascinait.

********************

-Bonjour oncle Bart. Tu es encore resté toute la journée dans le salon à boire. Fis-je en voyant mon tuteur allongé sur le canapé, une bouteille à la main.

Aucune réponse. Il était sans doute endormi les yeux ouverts, comme quand il était soul.

Je montai dans le grenier qui me servait de chambre et me mit à faire les travaux ennuyants que le système international appelait "devoirs". Au bout de 15 minutes, j'en eut assez. Je troquai mon stylo à bille contre un crayon à la mine et commençai à crayonner dans le carnet qu'utilisait ma mère juste avant sa mort.

Elle aussi dessinait. Elle dessinait et mon père écrivait. Une équipe de choc. Une équipe de choc qui a perit dans un accident de voiture. Ça ne me dérange pas d'en parler, je n'avais que 2 ans, à l'époque. C'était mon père, qui conduisait. Il emmenait ma mère et ma sœur à l'hôpital, car cette dernière était malade. Un camion leur est rentré dedans. Mes parents sont morts. Ma sœur était gravement blessée, mais s'en est sortie.

Elle a 17 ans, maintenant. Un an de plus que moi. L'année dernière, elle m'avait promis de me prendre en charge dès sa majorité, mais c'était avant qu'elle ne rentre dans cette académie de danse, à Paris. En d'autres termes, je suis coincé avec cet alcoolique durant encore 2 longues années.

Je regardai mon dessin. Éli. J'avais représenté Éli. Je ne sais jamais à quoi ressemblerait mon dessin avant de l'avoir totalement terminé. C'est étrange,non? Tout comme cette fille. Étrange.

Lorsqu'elle parlait, elle employait un thon froid, glacial même. Cependant, ses yeux ne manifestait rien de tel. Seulement une émotion qui ressemblait à du..Désespoir.
Et plus je pensais à cela, plus ça m'intéressait.

-Sam! Descend! J'ai une surprise pour toi. S'exclama la voix encore endormie de Bart.

Je sursautai.

-Oncle Bart, il est or de questions que je retourne t'acheter de la bière. Je n'ai que que 16 ans, et la dernière fo...

-Salut frérot! Quoi de neuf? Me coupa ma sœur en montant les escaliers pour me rejoindre.

-Bree! M'écriai-je en lui sautant dans les bras. Qu'est-ce que tu fabriques ici?

-Eh bien... En fait, l'école s'est un peu écroulée à cause d'un feu, donc, je dois rester ici.
Elle avait dit cela en mordant sa lèvres inférieur et en regardant par terre, comme quand elle mentait.

-Bree, tu as séché? Questionnai-je.

-Pas exactement. J'ai plutôt été rnvyi.

-Quoi?

-J'ai été renvoyé. Reprit-elle.

Je sais, normalement, je devrais être furieux, déçu, ou encore plein d'autres trucs dans le genre,mais je suis simplement trop heureux de revoir ma grande sœur.

Nous montâmes dans ma chambre, asphyxiés par l'odeur désagréable d'alcool qui régnait dans le rez de chaussée de la maison.

Ma sœur admirait les croquis accrochés aux murs gris de ma piaule, quand elle se tourna vivement vers moi, les yeux brillants.

-Alors? Commença-t-elle. Rien de croustillant au niveau du bahut?

Bree avait la fâcheuse habitude de comparer notre vie à des Chips.

-Le Crazy a décidé de placer une fille avec moi, dans le casier.

Le "Crazy" est le directeur du lycée depuis déjà une vingtaine d'années. Il faut dire, aussi, que dans une petite ville comme la notre, les directeurs d'écoles, ça ne couraient pas les rues. Il y en a toujours eu trois:Un pour le primaire, un pour le collège et un pour le lycée. Aucune Université à moins de 400km/h.

-C'est vrai? Et...elle est mignonne, la fille? S'informa Bree.

-Bof, pas vraiment. Répondis-je en haussant les épaules.

Ma frangine fit le tour du lit et vint se poser en face de moi, sur un tabouret. Elle me fixa de ses yeux gris, en attachant ses cheveux blonds. Elle faisait ce geste à chaque fois qu'elle pensait que je ne disais pas la vérité. Voyant que je ne cédait pas, elle lâcha l'affaire et se releva pour finalement venir se coucher sur le lit, à côté de moi.

Je n'avais pas menti. Éli n'était ni mignonne, ni jolie. Elle était belle. D'une beauté naturelle. Sans tout ce maquillage. Elle avait un visage d'ange, blanc comme neige. Elle avait des yeux couleur eau d'océan. Elle avait les lèvres aussi roses que la fleur.

Elle était belle et mystérieuse.

Comme un ange.



-Sam Carter

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