-Hum... Euh... Salut.
La jeune fille qui venait de prononcer ces mots était complètement perdue.
-Salut, répondis-je en malaxant de mes dents les Nesquik qui me servaient de déjeuner.
-Je... Je... Je m'appelle Ricky.
-Éli.
Je lui serrai la main.-Tu es le nouveau plan cul d'Ethan, c'est ça?
Elle sourit en plissant légèrement le nez, et se pressa d'empoigner les vêtements qui jonchaient le sol du salon/salle à manger. Cachée jusqu'à mi-cuisse par le long T-shirt blanc de mon frère, Ricky enfila son pentalon, sa veste, puis ses bottines.
Elle ouvrit la porte d'entrée et avant de s'engouffrer dans le monde froid et couvert de slush du Canada, elle lança:
-À plus, Éli. Au plaisir de te revoir!-Moui...
À peine fut-elle partie que mon frère pointa ses yeux noisettes et ses longs cheveux bruns en constante guerre.
-Elle est partie? Demanda-t-il en chuchotant, le visage à moitié couvert par le mur gris.
-Qui ça?
-Bah la fille, là, Rock-truc.
-Ricky.(Il approuva en hochant la tête.) Tu devrais vraiment arrêter les plans d'un soir, le grondai-je.
Il s'arma d'une cuillère et commença à s'attaquer à mes délicieuses céréales saveur chocolat. Au bout d'un moment de torture ethanienne, les soldats Nesquiks commençait à manquer.
-Je suis amoureux, fit mon frère entre deux bouchées.
-Des céréales? Suggérai-je.
-D'elle.
-Elle, qui?
-Ricky.
J'éclatai d'un rire sarcastique. Je riai tellement fort que même la Sorcière de l'Ouest dans le magicien d'Oz en serait vexé.
Ethan était comme ça. Il décidait qu'il était amoureux tous les 15 jours, si ce n'était 10. Il décidait, hein, il ne l'était pas vraiment.
-Hey, arrête de rire! M'ordonna-t-il.
-Hihi... Oui,oui... Hihihi...
Tout en continuant mes exclamations moqueuses, je finis mes céréales et plantai un baiser sur la joue de mon frère. Avant de sortir de la maison, j'attrapai son doigt et l'enfonçai dans sa fossette droite.
-T'as des trous dans les joues!
Il me tira la langue et me mit dehors.
Devant la porte, je jetai un coup d'œil vers ma montre.
C'est bon, j'ai le temps.
Je réajustai ma veste militaire et entrepris ma marche en direction de l'arrêt de bus.
BIP! BIP!
-Monte!
Je tournai la tête pour découvrir une jolie Honda grise à l'apparence toute neuve. J'ouvrai la portière et balançai mon sac sur les genoux de la blondinette qui me servait de sœur de cœur.
-Je commence à croire que tout le monde à l'école a une voiture sauf moi, me lamantai-je péniblement.
-Mais non, voyons! Il y a les premières années et les gosses de riches... C'est vrai, eux, c'est plutôt une limousine, qu'ils ont!
-Pfff!
********************
-Éli?
-Oui?
Je levai la tête pour croiser le regard d'un beau métis à l'air perdu.
-Tu peux m'aider, s'il te plaît?
-Matt, ça ne m'aide pas beaucoup, vois-tu?
-Eva, souria-t-il.
-Ah, je comprend mieux.
Depuis ma rencontre quelque peu... Étrange avec Sam, Eva et Matthew s'était énormément approchés, et quand je disais "énormément", je voulais dire "ÉNORMÉMENT". Tellement qu'à un moment, leur relation s'est transformée en une sorte d'amitié amoureuse ambiguë.
-Tu vas lui avouer tes sentiments? Demandai-je à Matt.
Je ne croyais pas en l'amour, ça, c'était sur et certain. Mais si le fait d'avoir un petit-copain rendait heureuse Eva, pourquoi pas!
-Quels sentiments!? S'exclama BasketBoy (NDA: Vous vous souvenez, parce qu'il fait partie de l'équipe de Basket du lycée).
Je lui lançai un regard septique. Vous saviez, le genre de regard que vous lançait votre mère quand vous lui disiez que ce n'était pas vous qui avait mangé le dernier cookie alors qu'en fait, c'était bien vous?
-Ok, peut-être qu'il se pourrait sûrement que je l'aime bien. Mais j'ai dit "peut-être" et "il se pourrait" et "sûrement", aussi!
Je décidai de sourire.
-À plus, Matty!
-Je m'appelle pas comme ça! Cria-t-il.
Je secouai la tête avant de planter mes écouteurs dans mes oreilles et de la baisser pour choisir une musique pas trop nulle.
J'étais tranquillement en train de marcher au rythme de ma chanson quand quelqu'un prit la décision de foncer sur moi par derrière. Par réflexe - et aussi parce que l'idée de finir le nez écrasé contre le sol ne me plaisait pas beaucoup - ,je glissai mes bras entre mon corps et le plancher. Je finis donc en position push-up, les écouteurs arrachés, le téléphone craquelé et avec un type ayant la brillante idée de rouler sur lui-même à mes côtés.
-Éli? Oh, merde, je suis désolé!
Je dirigeai les yeux vers son visage.
Oh, il fallait que ce soit lui!
-Hum, c'est pas grave, affirmai-je en me relevant et en récupérant mes affaires qui jonchaient sur le "par terre" du couloir.
-Non, attend, s'il te plaît. On a pas eu l'occasion de parler de... De ce qui s'est passé là... Là-bas, bégaya-t-il.
-Écoute, j'ai vraiment pas envie de parler de ça. Il est 8h du matin, les cours commencent dans 15 minutes, c'est pas du tout le temps.
J'allais partir, mais il me rattrapa.
-Arrête, il faut qu'on parle, c'est important, retenta-t-il, cette fois plus confiant.
-Sam, tu le sais aussi bien que moi: je n'aurais jamais dû te raconter et te montrer tout ça. C'est une partie de ma vie que j'essaie d'oublier et de toute façon, nous n'étions pas assez proches. C'était une erreur, tout simplement.
Il lâcha mon bras droit qu'il avait empoigné pour me retourner vers lui et me jeta un amer regard qui se voulait blessé.
Le malaise qui s'était installé entre nous était assez normal, compte tenu des circonstances. Sam n'était pas le genre de gars qui savait ce qu'était un lourd secret. Tout était blanc comme un draps dans sa vie. Il était en quelque sorte pur et c'était pour ça que je m'en voulais tant de lui avoir tout dévoilé. Ce n'était pas que j'avais l'impression de lui avoir gâché son enfance ou truc du genre, seulement, j'ai la sensation que quelque chose s'était... Comment dire... Que quelque chose s'était cassé en lui.
Et je n'aime pas ça. Je n'aime pas ça du tout.
-Éli Sanders
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Change
Teen FictionParce que des fois, il ne faut pas une éternité pour que quelqu'un change, mais seulement 3 mois.