American Gothic : c'est ça, la vie de couple

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" - Arrête de faire la gueule Simone et regarde l'objectif.

- Ta gueule vieux con." 


La vie à deux, c'est pas ce qu'il y a de mieux. C'est ce que semble nous indiquer Grant Wood avec cette fameuse toile de 1930, American Gothic, l'œuvre dont les parodies sont plus connues que l'originale. Alors que les Etats-Unis s'enfoncent dans un enfer économique et une crise sans précédent, l'artiste décide de peindre des ruraux en train de tirer la gueule. Sérieusement, Grant, tu crois vraiment que c'est le bon moment ?

Dans ce double portrait, nous pouvons voir un couple en train de poser devant une imposante maison de style néogothique, les visages froids et les regards austères. Tout cela est née d'une obsession d'artiste : Wood a croisé une baraque à l'aspect étrange et YOLO, il imaginé les personnes vivant dedans, prenant sa sœur et son dentiste comme modèle (qui, manifestement, étaient heureux de poser pour lui). La maison est sobre, la femme semble totalement absente, et l'homme empoigne une fourche comme s'il était prêt à vous pourchasser. La vie à la campagne est-elle si sauvage que cela ? Attendent-il l'arrivée des mexicains ?

En vérité, oui et non. Wood fait partie des peintres « régionalistes ». Tel un Arnaud Montebourg américain, il porte le terroir dans son cœur et se plait à idéaliser l'Amérique profonde dans ses œuvres, notamment le Middle-West. Pourtant, il porte ici un regard très réaliste sur ce monde qui l'entourait durant son enfance : la fourche, les tenues, l'architecture de la demeure évoquent le monde rural sans aucun embellissement, aucun parti pris. Les traits sont sévères, les regards francs. Alors qu'on lui reprocha d'avoir fait des caricatures de la population paysanne, Wood se défendit en soutenant n'avoir peint que la réalité. Mais cette dernière s'érige presque en modèle, les personnages droits se dévoilent être des piliers de vertus qu'il nous faudrait suivre : ils tiennent debout alors que l'Amérique entière vacille.

Et pour nous exposer la recette du bonheur (n'ont-ils pas l'air heureux ?), Wood nous pond une toile qui base toute la société sur le couple. L'homme est le mur porteur de la famille : il est en premier plan et regarde le spectateur dans les yeux, en toute franchise, prêt à lui lancer un défi (êtes-vous bon au lancé de fourche ?). Il est ridé, dégarni, a des lunettes, affichant ainsi tous les attributs de la sagesse nécessaire à une vie bien menée. D'ailleurs, l'image de la fourche, symbole du dur labeur, est reprise dans toute la toile : dans la salopette de l'homme, dans les traits de son visage, dans la fenêtre dominatrice de la maison. Ainsi, l'homme est partout, il régit la société. Et puis, il y a sa bonne femme. Bien habillée, bonne ménagère, elle est bien pratique quand monsieur est en train de travailler (ses tâches domestiques sont d'ailleurs symbolisés par les plantes au-dessus de son épaule droite). Elle reste en retrait, ne regarde rien ni personne, les yeux dans le vide. Et pourtant, Wood a pris la décision de lui faire un cou effroyablement grand : cette femme serait-elle une reptilienne, ou bien l'artiste a-t-il voulu la représenter à la hauteur de ses responsabilités sociales ?

Ceci est un chef-d'oeuvre (mais vous ne le savez pas encore)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant