Mourir et fuir ou Vivre et tuer ?

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Je me redressais doucement, levant les mains en l'air. Je ne voulais pas d'autre effusion de sang. Je reculais doucement, remettant mes bouteilles dans le sac, tandis que la jeune fille à l'arc et moi, nous nous regardions en chiens de faïence. Soudain, une branche craqua sous mes pas. Dans la panique, elle laissa partir sa flèche qui me frôla le flanc droit, laissant derrière une petite trace de sang.

En une fraction de seconde, je me retournai et partis à toute allure vers ce que j'espérais être la Corne d'abondance. J'entendis des pas de courses derrière moi. Elle avait donc décidé de me prendre en chasse. Et je ne pus m'empêcher de penser qu'elle avait surement raison selon elle. Elle pouvait m'attaquer à distance alors qu'il fallait que je devais m'approcher au plus près d'elle.

Au moment où je reportais mon attention sur le chemin devant moi après avoir jeter un coup d'œil derrière, j'aperçus un mouvement. Je fus obligé de m'arrêter lorsqu'un autre tribut féminin sortit de derrière un arbre, une lance à la main.

- Bien joué Mag, dit-elle à la fille qui me poursuivait avant de reporter son attention sur moi. Alors Bouchère, on est sorti de derrière son comptoir ?

Celle à l'arc acquiesça timidement et moi je ne cillai pas.

-  Écarte toi, dis-je d'un ton glacial.

- Si tu crois me faire peur ! Tu n'as aucune chance contre nous deux !

Alors que sa phrase se finissait à peine, elle bondit tel un félin sur moi. En un geste, je me décalai sur ma droite, montant mon genou jusqu'à son ventre. Elle s'écroula au sol, mais je grimaçai également de douleur car au même moment, l'archère avait prévu mon mouvement et une flèche s'était planté dans mon mollet. Je me baissai aussi rapide que possible, arrachant la flèche et récupérant mes deux couteaux au passage. J'en lançai une à l'archère, qui au son, me fit comprendre que j'avais fait mouche. La main de la lancière attrapa ma cheville et me fit basculer au sol. Elle se mit par-dessus moi, m'étranglant avec sa lance. Mon couteau m'avait échappé, il trainait là, à quelques centimètres. Alors que le sang me montait à la tête, que l'air commençait à me manquer, je tendais mon bras blessé, les larmes me montaient aux yeux à cause de la douleur.

Je voyais ma main qui essayait d'atteindre la lame devenir de plus en plus flou. J'allais perdre connaissance, je le savais. Soudain, une pensée traversa mon esprit : et si je laissais tombé ? Et si je la laissais me tuer ? Plus de problème, plus de cauchemars, plus de manque, plus de haine, plus rien ; enfin la paix. Cependant, j'entendis comme une voix au loin. Je ne comprenais pas au début, puis la voix se fit de plus en plus distinct. « Vis », voilà ce qu'elle disais, tout simplement «  vis ». Je cru reconnaître la voix de mon frère, ou celle de Gabriele. Je ne savais pas. Mais finalement, ma haine sourde se ralluma dans mon regard et suivit l'ordre de cette voix.

Je vis ma main se refermer sur le couteau. Puis tout se passa rapidement, je ressentis comme une décharge d'adrénaline. Je plantai la lame dans sa gorge, le sang me gicla au visage, et un coup de canon retentit. Je balançais un coup de pied, et le cadavre roula sur le côté. Je me releva et m'approcha de l'archère, qui se tenait le ventre d'où sortait l'autre couteau. Le sang coulait à flot, elle me regarda, la terreur se lisait sur son visage.

- Non, je ne veux pas mourir, non, non, non, je t'en pris, je ne veux pas mourir, sanglota-t-elle.

J'aurais du avoir pitié, de l'empathie. Mais rien, je ne ressentais rien. Je m'approchai d'elle, et arracha la lame en même temps qu'un crie de douleur.

- C'est trop tard, avec l'hémorragie tu en as pour de longues minutes de souffrances, dis-je d'un ton calme et froid, sur un ton de constat.

Je m'agenouillai devant elle, et la regardai comme si c'était un être étrange que je n'avais jamais vu avant. Puis, dans un dernier élan d'espoir ou de folie, elle attrapa une flèche tombé de son carquois et tenta de me la planter dans la tempe, mais je la parai aisément. Je lui attrapai le poignet, le tordit jusqu'à ce qu'elle soit obligée de le lâcher. Elle me regarda, avec ses immenses yeux bleus, remplis de terreur et de larmes.

Le boucher des 67ème Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant