Amère victoire

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Les rayons du soleil traversaient la fenêtre et venaient caresser mon visage lorsque je me réveillai.  J'étais désorientée, sans repère, dans cette immense chambre blanche avec pour seuls meubles un lit, une commode et un miroir. Où étais-je ? Soudain, une pensée traversa mon esprit : Keir. Je me levai d'un bond et réalisai qu'il y avait un problème,  je le sentais mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. J'arrivai jusqu'au miroir et les souvenirs des jours précédents me sautèrent au visage : la mort de Keir, le bain de sang, la Corne, Gabriele, le couteau, son dernière souffre, le sang, mon œil gauche.

D'ailleurs, je n'avais plus d'œil. Ma paupière semblait collait et j'étais incapable d'ouvrir mon œil, mais lorsque je passai ma main dessus, je ne sentais que le vide dans l'orbite. Par dessus, la peau était tapissée de fines cicatrices blanches partant en éclat. Enfin, une autre cicatrice traversait mon œil et se terminait en haut de la joue. Je ressemblais à un vétéran de guerre mais en y réfléchissant bien, quelques part, j'avais fait la guerre.

Soudain, un autre détail me revint en mémoire : l'absence de douleur. La paniqua monta, était-ce toujours le cas ? Je sortis de ma chambre en courant. Il s'agissait du même genre d'appartement dans lequel nous étions Keir et moi juste avant que les Hunger Games commencent. Seulement, il était vide cette fois.  Je fonçais vers la cuisine et pris un couteau dans un des tiroirs. Ma main était tremblante. Est-ce que je ressentais de nouveau la douleur ? Je devais en avoir la certitude, alors doucement, je pris le couteau et effleurer le bout de mon index. Une goutte de sang se forma et grossit avant de tomber sur le plan de travail immaculé. Cependant, je n'avais rien ressentit. Alors avec la lame, je dessinai une ligne sur un de mes doigts mais toujours rien. Je continuai de tailladai ma main gauche à présente couverte de sang. Et moins je sentais la douleur, plus les taillades étaient profondes. Même mon droit à la souffrance avait disparut.


Tout à coup, j'entendis la porte d'entrée  s'ouvrir. D'un pas lent, je sortis du couloir et tomba nez à nez avec Vickey et mon styliste Luka. Je ne sais pas de quoi ils étaient en train de parler, mais les mots restèrent en suspend lorsqu'ils m'aperçurent. Vickey blêmit et Luka se précipita vers moi.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? s'exclama-t-il, affolé.

Il me prit la main ensanglantée mais la relâcha aussi à la vue du couteau.

- M-M-Maka, bégaya Vickey. Re-relâche tout de suite ce couteau !

La peur se lisait dans ses yeux et pour la première fois de ma vie, je me délectai de cette peur. Toujours masqué d'un visage sans émotion, je m'approchai d'elle. Insinctivememnt, elle fit un pas en arrière avant de se ressaisir.

- Maka, ça suffit.

- Pourquoi je ne ressens rien ? demandai-je gravement.

- Le produit que tu t'es injectée, intervint Luka. Il... commença-t-il, mais il semblait hésitant.

- Il est irréversible, finit la responsable du dixième district. Pour l'instant, crût-elle bon d'ajouter. Nos chercheurs travaillent dessus. D'ailleurs nos chirurgiens n'ont même pas pu sauver ton œil, mais avant de le faire remplacer nous voulions savoir : tu le veux de quelle couleur ? me demanda-t-elle, de nous prise par son rôle.

Je ne répondis pas tout de suite mais souris face à l'absurdité de la question. Je ne me demandais même pas si elle était sérieuse, car pour elle, je savais que c'était une question légitime. J'avais tout perdu, ma vie, mon frère, mon premier amour, et elle voulait connaître la couleur de mon nouvel œil ?

- Je n'en veux pas, grondai-je.

- Comment ? s'exclama-t-elle.

- Je m'en contrefiche de votre œil, je n'aurais d'ailleurs jamais dû survivre ! explosai-je.

Le boucher des 67ème Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant