Assieds-toi là, si tu oses bouger ou parler avant que je quitte les lieux je te défonce la gueule.
Sur ces belles paroles, l'homme qui m'accompagnait depuis le début de la journée me retire le bandeau qui m'aveuglait et part en me laissant dans une salle inconnue, toujours menotté.
Je prends alors le temps d'analyser ce nouveau lieu, et cela se fait rapidement : 4 murs, un toit, des toilettes dans un coin avec un lavabo à côté. Partout où je jette mon regard, la couleur blanche est la seule que je perçois. Je me contemple dans le miroir au dessus de l'évier : j'essaie de remettre de l'ordre dans mes cheveux bruns en pétard, difficile à faire quand nos poignets sont encore enchaînés. Mes yeux verts ont perdu de leur éclat à cause des hématomes dont ils souffrent, causés par mes affrontements de la semaine dernière. Si vous pensez que j'ai pris cher, c'est que vous n'avez pas vu la face de mon adversaire.
Je n'ai jamais réellement chercher les complications étant enfant, mais désormais, du haut de mes 22 ans avec 6 ans de prison dont deux ans en détention juvénile, j'ai appris à me battre pour trouver ma place dans cette hiérarchie pénitentiaire loin d'être juste. Ici, c'est la loi du plus fort qui règne. Si tu veux être respecté, il faut le mériter, te mesurer aux autres, écraser les plus faibles pour te rendre plus fort ou du moins pour paraître plus fort. Et contre toute attente... Ça me réussit plutôt bien je trouve.
J'ai été condamné à 7 ans de détention par le tribunal correctionnel de Bordeaux. Et pourtant, je ne vis pas ces années comme une sentence. Non. Je refuse de penser de cette façon. Ce n'est que l'une des nombreuses épreuves que la vie me prépare. Et celle-ci comme toutes les autres me rendra plus fort. La prison a eu pour effet un développement de tous les muscles de mon corps, qui renforcent mon allure de taulard à ne pas approcher de trop près au risque de s'attirer des ennuis.Ces ennuis m'ont valu 3 transferts depuis le début de ma peine. Alors ce matin, lorsque que je me suis fait escorté de force, je pensais partir pour une nouvelle prison, une nouvelle fois. Peut-être à Biarritz, à Toulouse ou Marseille...
Malgré les nombreux voyages que m'ont offert le système judiciaire, jamais je ne me suis retrouvé dans une telle pièce... Même lorsque le transfert prenait plus de temps que prévu ! J'ai donc un mauvais pressentiment cette fois, et je commence à m'imaginer les pires scénarios : suis-je au Tribunal Suprême pour être jugé à nouveau ? Ou alors peut-être que je vais être torturé pour punir mes altercations brutales en prison récemment ?
Les questions tournent dans ma tête et je n'ai aucun moyen d'y répondre.Je suis fatigué, je n'arrive pas à estimer le temps qu'a duré le voyage. De plus, je ne peux me situer dans le temps car je suis dans une pièce éclairée artificiellement et continuellement, sans fenêtre ni horloge. Je suis fatigué, je décide donc de me poser dans un coin afin de reprendre des forces mais aussi pour faire passer plus rapidement le temps à attendre avant que l'on revienne me chercher.
Si jamais on revient me chercher...Je me réveille j'ai l'impression d'avoir dormi un bon bout de temps, mais je ne peux que constater que je suis toujours seul. Seul dans cette cellule blanche. Pour combien de temps encore ? Et combien de temps s'est-il déjà écoulé ?
Je décide d'agir : je commence à frapper sur la porte de toutes mes forces et à gueuler....
Aucun retour.
Est-ce qu'on m'a oublié ? Ou c'est peut-être une nouvelle torture mentale pour punir les prisonniers ? Dans les deux cas, je vais devoir me résoudre à cette isolation contrainte et forcée. Mais pendant combien de temps encore ?
Je commence à avoir faim, depuis mon réveil précipité ce matin je n'ai rien pu grignotter. Je cogne contre la porte de toutes mes forces, à m'en saigner les doigts. Du rouge. Alors que je ne vois depuis que je suis ici que du blanc. Je nettoie mes mains grâce au lavabo puis me desaltère en espérant que l'eau soit potable.
Je décide de retourner me reposer mais la lumière diffusée m'empêche de rejoindre Morphée dans ses bras. Alors je décide de rester assis sur le sol, dos à un mur, en essayant d'imaginer à quoi rime tout cela. Ma vision commence à se floutter. Je pense que je suis enfin en train de m'endormir.J'attends...
Encore pour longtemps ?
Je ne sais même pas si je suis ici depuis 3 heures, 3 jours ou 3 semaines.
Mon ventre me fait souffrir de plus en plus, mon corps est faible.
Je n'ai même plus la force de frapper sur les murs pour signifier mon impatience à sortir d'ici.
Quand je regarde mon reflet, je vois que mes yeux retrouvent progressivement leur état naturel. Le temps passe, c'est sûr mais à quelle vitesse ? C'est vraiment étrange de ne pas le savoir. J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle. Je n'arrive plus à réfléchir correctement. Je ne parle plus, je ne sais même plus comme faire pour prendre la parole. A quoi bon parler si personne n'écoute.Je déprime, je suffoque. Je veux sortir d'ici. Je ne peux malheureusement pas. Je prends le temps de m'allonger, de fermer les yeux une dernière fois. J'ai tellement faim.
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Un garde ouvre la porte. Il était en uniforme militaire au motif camouflage typique. Il me jette une chemise blanche et un pantalon noir au sol et me lance :
Je viens te chercher dans 10 minutes, habille toi avec ça.

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Golden Jail
General FictionTous les ans, 20 prisonniers choisis au hasard sont placés de force dans la Golden Jail, une télé-réalité dans laquelle les gagnants obtiendront la liberté en plus d'une grosse somme d'argent. Chaque semaine, un candidat se retrouve éliminé et doit...