Je me mis à courir sans savoir où j'allais, mais loin d'ici.
***
15 minutes ; 15 minutes au moins que je courais inlassablement. Je ne savais pas vraiment ce que je fuyais. Avais-je peur que l'auteur de mon pseudo-enlèvement soit, au final, derrière moi, en train de me suivre, où voulais-je juste fuir, fuir le plus loin possible de cette misère qui me collait à la peau depuis des mois?
Je m'arrêtai, essoufflée, épuisée, m'appuyant lourdement contre mes genoux, cherchant désespérément ma respiration. Je fus surprise de me rendre compte que les larmes n'avaient cessé de couler durant ma course et de constater que mes joues étaient trempées. Prenant de grandes inspirations, je décidais de me calmer, fermant les yeux quelques secondes.
Je me redressai enfin, plus détendue, mais toujours aussi méfiante. Et pour la première fois depuis que j'étais sorti du hangar, je fis attention à ce qui m'entourait.
Et je reconnus ; je reconnus tout.
Comment était-ce possible? Comment avait-il pu savoir ça?
* point de vue Louis *
Je conduisais avec force, les mains serrées sur le volant à tel point que le bout de mes doigts devenaient rouge. Les larmes coulaient le long de mes joues, ma mâchoire était crispée, mon pied était appuyé sur l'accélérateur.
Si seulement je savais quoi faire? Si seulement j'avais eu rien qu'un seul indice, rien qu'un.
Mais je n'avais rien, et Hayden était quelque part, sûrement en danger, et je ne pouvais rien faire, et je crois bien que c'est ça qui m'énervait le plus.
Je m'arrêtai d'un coup sec, faisant grincer les pneus de ma voiture, manquant de renverser un jeune garçon qui traversait tranquillement. Il partit en courant après m'avoir fixer avec des yeux hébétés. Je murmurais un «désolé» pour moi-même, sans vraiment le penser. Je tenais tout le monde responsable ; responsable de ce qui arrivait à Hayden.
Je laissai tomber ma tête sur le volant, relâchant mes mains, suffoquant sous les sanglots qui commençaient à monter.
Un bruit sourd me réveilla de ma torpeur. Un klaxon.
L'homme derrière moi s'impatientait que je redémarre, après avoir bloqué toute la voie.
Et il continua de s'énerver, ne s'arrêtant pas de klaxonner, de crier à travers sa fenêtre.
Quand ma mâchoire se contracta et que mes poings se serrèrent, je fis tout pour penser à autre chose, à me calmer. Mais ma vraie nature avait pris le dessus.
«Tu es tombé sur le mauvais gars, au mauvais moment. J'en suis désolée pour toi. En fait non, va en enfer.»
* point de vue de Liam *
Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais assis, regardant le sol, avec comme bruit de fond les cris de Zayn. C'était parfois des «je vais le tuer!» ou des «si ma Jeep à une seule égratignure, je l'envoie à la morgue!». Je me demandais bien quand il allait s'arrêter et s'il allait attendre bien sagement le retour de Louis. Un retour qui mettait beaucoup de temps à revenir d'ailleurs.
Je regardai ma montre, longuement, comme pour vérifier que je lisais bien la bonne heure. Au moins trois quarts d'heure, voire même une heure qu'il était parti ; et pas un appel, aucunes nouvelles, que ce soit de lui ou d'Hayden.
Moi: Zayn?
Il ne m'écouta pas, trop occupé à recharger ses armes et à affuter ses couteaux.
