Chapitre 5.

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Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au dessus de votre vie.

Marcel Proust ; Du côté de chez Swann (1913)

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Severus s'aperçut très vite que danser avec mister Potter revenais plus ou moins à éteindre un rosier.
Un rosier bien pourvu en épines, soigneusement cachées derrière sa beauté.
Si seulement il n'avait pas été aussi beau ! Là résidait le véritable problème. Le costume fluide et léger de mister Potter - un invraisemblable drapé de soie qui mettait en valeur chacune de ses courbes et lui donnait l'allure d'une des trois Grâces - aurait suffi à rendre n'importe quel homme fou de désir.
Ironie du sort, ce costume était rouge ! Il réprima un frisson.
Chaque fois qu'il essayait de se figurer mister Sand, à présent c'était cet homme envoûtant qui s'imposait à lui.
Pire, ils étaient maintenant encerclés par la foule danse qui tournoyait autour d'eux. Même la vieille tante de Lucius, lady McGonagall, s'était fait entraîner sur la piste par un vieux galant.
Severus n'avait donc d'autre choix que de danser avec ce jeune homme extrêmement désirable mais qui, quand les musiciens auraient fait retentir la dernière note, allait vraisemblablement le planter là, barre d'épines et sanglant.
Pour parer à l'expression qu'il affichait, il tenta alors de sourire.


- Inutile de feindre une affection que vous n'éprouvez pas, lord Severus. Ne vous donnez pas cette peine pour moi, lui lança le petit chenapan.

Tout ses espoirs de le voir rentrer ses griffes s'évanouirent d'un coup.


- "Affection" n'est pas le terme que j'emploierais, lui répondit-il.
Il se fichait d'être impoli.
- Dans ce cas, puis-je être franc ? Demanda-t-il.

Avait-il besoin de sa permission pour cela ? Il se contente d'acquiescer en trouvant la question ridicule.


- Lord Severus, vous savez qui je suis, et je sais ce que vous êtes ...

Ce qu'il était ? Quelle grossièreté, quelle présomption !

- Oui, reprit-il, je ne me fais pas d'illusions sur votre compte : en tant que Snape, vous ne pouvez pas vous empêcher de verser dans le vice et la débauche...

Lui ? Il était le Snape le plus raisonnable qui ait jamais vu le jour ! Et pourtant, à présent qu'il avait cet impossible jeune homme dans ses bras, ce garçon doté de plus de charmes que n'en méritait un homme, il éprouvait l'envie fort déraisonnable d'endosser la veste de libertin dont s'était récemment débarrassé Tom et de donner raison à mister Potter.
   De lui prouver qu'il était bel et bien un Snape. Un don juan de premier ordre. Il allait le faire rentrer en courant à Kennels... Non, Kempling... Peu importe : il allait retourner dare -dare dans son village de vieux garçons, où il le renverrait avec sa bénédiction.
 Peut-être allait-il proposer au Parlement de faire construire un mur autour de ce bourg pour empêcher les personnes qui le peuplaient de mettre les pieds à Londres.
- ... alors faisons contre mauvaise fortune bon cœur et, à la fin de cette soirée, nous irons chacun notre chemin, dit Harry avec l'air d'un diplomate en mission.
    

Comme si il était le symbole de la vertu, et lui, le diable incarné. Pour ne rien arranger, il perçut à cet instant comme un frisson léger qui agitait le corps du jeune homme. Mais pourquoi diable aurait-il frissonné ? Piqué par ses sous-entendus, il se redressa de toute sa hauteur. Toute sa vie, il avait souffert d'être marqué du sceau des Snape et de passer pour un don juan ayant penchant naturel pour le vice. Mais, jusque-là, il pensait avoir surmonté ces accusations.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 08, 2019 ⏰

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