Chapitre 2

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Se rendant compte qu'elle avait dû louper la sonnerie de son réveil, à moins qu'il n'ait pas sonné, et donc qu'elle était encore en retard dans son planning, Anette a ouvert les yeux. Un choc l'a surprise lorsqu'elle s'est rendu compte qu'elle n'était pas dans sa chambre.

Réfléchis, Anette, qu'as-tu fait hier ? Tu es allée voir "Hunger Games" au cinéma avec tes amis. Ta chère Blondasse t'a fait croire que Josh Hutcherson allait mourir alors qu'il est l'un des deux survivants. M'enfin c'est elle la perdante dans l'histoire, vu que son cher Alexander Ludwig meurt ! La séance s'est terminée vers 16h30 et vous êtes allés boire un verre avant de retourner en train, en bus ou en voiture. Trou noir après être descendue du bus... Ah oui ! Ca te revient ! Un homme a surgi derrière toi, tu as voulu te débattre mais il était beaucoup plus grand et plus fort que toi. Le mouchoir qu'il s'entêtait à te coller au nez avait une sale odeur et t'as dû t'endormir à cause d'un anesthésiant... oui, parce que c'était forcément ça la sale odeur.

Mystère résolu. Enelvée. Elle s'est assise sur son lit et a allumé la lampe de chevet située à sa droite, sur la table de nuit. Son lit n'était pas collé au mur, elle aurait pu tomber d'un côté ou de l'autre si elle était du genre à trop bouger durant son sommeil. A gauche, il y avait une minuscule fenêtre. Anette s'est levée et est allée voir où elle donnait. Un jardin. Rien que ça. Mais en regardant mieux, le reste du décors lui paraissait familier. En face du lit, il y avait un bureau mais il n'y avait rien dessus. Et de l'autre côté du lit se trouvait une armoire. Elle l'a ouvert : il y avait quelques vêtements.

Soudain, Anette a entendu du bruit. Cela devait être la télé. Elle s'est dirigée vers le bruit et a découvert une poignée. Etrange, il ne paraissait pas y avoir de porte dans cette... oserait-elle penser chambre ? Quoiqu'il en soit, elle a manœuvré la poignée, a ouvert la porte et a découvert une autre pièce. Un salon. En face d'elle se trouvait un fauteuil en velours couleur saumon et elle y a découvert un crâne brun.

Anette s'est aventurée dans  cette nouvelle pièce, aussi discrètement que possible. La télé était allumée, le fameux crâne brun regardait les informations. On y annonçait l'enlèvement d'une jeune fille. En se reconnaissant, Anette n'a eu aucun besoin de rien de plus pour deviner qui en était l'auteur. L'homme ricanait. Elle n'a pu s'empêcher d'esquisser un sourire tout en croisant les bras :

- John Bright ! s'est-elle exclamée.

L'homme a été surpris et s'est retourné pour la regarder et a éteint la télévision.

- Ah ! Anette, a-t-il dit. Enfin réveillée !

Il s'est levé et est parti dans la cuisine. Il lui parlait tout en chipotant mais Anette était incapable de dire ce qu'il faisait exactement.

- Ne t'en fais pas pour ta chambre. Si elle ne te plait pas, on arrangera ça. Je me doute bien que sans poster, sans photo, c'est une pièce bien morne. Mais il faut dire que tu en es la première occupante !

- Quel privilège ! a-t-elle répliqué ironiquement.

John s'est arrêté dans ses mouvements. Il ne devait pas d'attendre à une réplique pareille. Il est revenu quelques secondes plus tard avec un plateau.

C'était la première fois qu'Anette voyait son visage. "Alors c'est à ça que ressemble ce fameux John Bright !" a-t-elle pensé.

Il était grand. Environ 1m90. Cheveux bruns, les yeux verts... des yeux auxquels on ne peut détourner le regard. Hypnotisant. Il arborait un grand sourire.

- Viens, a-t-il dit en désignant le fauteuil. Comme c'est ton premier jour ici, on va la jouer cool Raoul. Donc tu peux manger devant la télé.

Anette s'est assise près de lui, tout en répliquant :

- Sympa ke kidnappeur.

- Je ne sais pas ce que tu déjeunes habituellement, a-t-il répondu en ignorant sa remarque. Je t'ai donc apporté du pain avec de la charcuterie ainsi u'un bol de Smacks.

- Des céréales, c'est parfait. Merci.

- Quelle chaîne voudrais-tu regarder ?

Anette a failli éclater de rire mais n'a rien voulu laisser paraître. Elle s'est tournée vers lui et lui a dit, avec un sourire aussi grand que le sien, histoire de se prêter au jeu :

- Voyons, John Bright ! C'est mon premier jour ici. Je ne vais pas faire mon impolie en prenant mes aises dès le début. Parlons plutôt.

John a semblé surpris. Malgré cela, son sourire n'a pas disparu.

- Etrange, a-t-il fini par dire après une minute ou deux de silence. J'avais imaginé que les jeunes victimes d'enlèvement étaient effrayées. Ou du moins, qu'elles soient plus silencieuses.

- Les silences peuvent en dire long, a répliqué sèchement Anette.

Elle avait raison, en effet. D'ailleurs, elle n'avait pas encore réfléchi aux raisons de son enlèvement. Une fois cette question en tête, elle n'a pu s'empêcher de lui demander, intriguée :

- Pourquoi m'avoir enlevée ? Ce n'est pas dans vos habitudes.

John Bright semblait embarrassé. Elle attendait une réponse de sa part mais elle se doutait qu'il ne dirait rien.

- J'ai compris, a-t-elle fini par dire. Vous ne m'avez pas cernée, ça vous a rendu dingue. C'est fou comme un tout petit truc peut vous faire changer votre mode opératoire ! Mais je me demande vraiment ce qui vous pousse à profiler des jeunes filles pour en arriver à les tuer.

Elle a remarqué qu'il essayait de se contrôler. Mais c'est dans sa voix qu'il s'est trahi, il avait perdu son self-control.

- Ca ne te regarde pas !

Il n'y avait pas que de la colère dans cette phrase. Non, il y avait aussi de la tristesse...

- Ma théorie reste le fait qu'une histoire amoureuse vous a fortement déçu. Elle a dû vous faire beaucoup de mal. Tellement mal que vous avez fini par la tuer... et c'est comme ça que tout a commencé.

En voyant l'état coléreux de John, Anette n'a pu s'empêcher de devancer ses propos comme s'il s'agissait de son père :

- Ne me dites rien ! Je file dans ma chambre.

Elle a pris son bol de céréales et a rejoint sa chambre. John est resté assis. Il voulait juste que cette rencontre se passe bien, qu'il n'y ait aucun froid dès le début. Au fond de lui-même, il était consterné. Elle savait déjà tout de lui. Sans le savoir, elle avait mis le doigt sur toute l'histoire. Alors que lui n'arrivait même pas cerner cette jeune fille. Comment cela était-il possible ?

John, ouvre les yeux ! Cette première rencontre peut déjà te faire conclure une chose : le fait qu'elle soit retournée dans sa chambre n'est pas un signe d'énervement ou de non volonté quant à une bonne relation entre coupable et victime. Non. Cela montre qu'elle a peur. Comme si tu étais le genre de fou à y'occuper d'une personne pour, la seconde d'après, la torturer. Tu peux donc en déduire qu'elle regarde des séries du genre "Esprits criminels" et qu'elle doit lire des livres du même genre. Ca t'avance déjà un peu, non ?

John BrightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant