John Bright

Chapitre 8

Cher John Bright,

Cela fait maintenant 3 semaines que vous m'avez enlevée. Trois semaines que vous m'avez offert ce "journal intime". Trois semaines que je vérifie s'il est toujours dans la table de nuit. C'est aujourd'hui que je me décide à vous faire confiance. Même si je sais qu'un jour ou l'autre, vous finirez par lire ceci. C'est pourquoi je vous dédie ce cahier.

On se marre bien, tous les deux. Juste avant de vous écrire, on a fait une course de voitures à la Playstation en prenant des voitures qui roulent super lentement.

Le fait de ne pas oser être moi-même me dérange beaucoup, je ne sais pas de quoi vous avez besoin pour enfin vous décider à me tuer. Mais vous n'êtes pas le seul à profiler. Je vous analyse, John. Je ne lis que de l'inquiétude dans vos yeux depuis que je vous ai annoncé que quelqu'un avait sonné chez vous. La police, sûrement. Ils ne vont pas tarder à revenir, je suppose. Vous êtes perdu, ça se voit. Vous ne vous comprenez plus, vous ne savez plus vraiment comment vous comporter avec moi. Cette histoire va vous rendre dingue, John. Et ça me fait peur.

Je n'en ai pas l'air mais j'ai peur. Vous êtes trop simple, trop gentil. Toutes filles enlevées auraient déjà tenter de s'enfuir, au risque de se faire tuer. Au moins, auraient-elle essayé. Allez savoir pourquoi je n'en ai pas le cran. Alors que je suis à quelques mètres de mon école primaire et à même pas 3 kilomètres de chez moi !

Mes proches me manquent comme jamais ! Surtout Adrien... Vous devriez savoir qui c'est. Le gars aux yeux bleus qui étudie les lettres avec moi. Adrien... On est sortis ensemble 5 mois, l'année passée. Mais on s'est perdus en chemin. On ne s'est pas parlé pendant plusieurs mois. Ca m'avait tellement fait mal, si vous saviez... Ensuite, j'ai rencontré Benjamin. Ca fait 3 mois qu'on est ensemble... mais c'est le roi des cons ! On dit toujours que l'on trouve mieux que son ex, eh bien figurez-vous qu'Adrien a toujours la palme d'or ! On avait recommencé à se parler à la rentrée des facultés... comme si jamais rien ne s'était passé. Je ne sais pas ce qui me retient auprès de Benjamin. En étant enlevée, j'ai pu réaliser qu'il ne m'attire plus tant que ça et que l'homme dont j'ai le plus besoin, c'est Adrien. Parce que le problème a toujours été que mon coeur n'appartiendra qu'à lui jusqu'à la fin. Je ne sais pas dans combien de temps vous me tuerez, John, mais la seule chose que je pourrais regretter, c'est de ne jamais avoir pu dire à Adrien ce que je viens de vous écrire.

Je pleure souvent avant de m'endormir. J'ai toujours pensé que je n'avais pas peur de la mort. Mais j'arrête pas de me demander comment les gens vont vivre quand je ne serai plus là. Je ne verrai plus mes cousins et ma soeur grandir, je ne pourrai plus les épauler... 

J'ai 20 ans et je ne m'y fais pas. C'est une claque en pleine gueule à chaque fois que j'y pense. Mais vous savez, John, vous les avez eu avant moi. C'est même à cet âge-là que tout a commencé ! Peut-être avez-vous de la sympathie pour moi grâce à (ou à cause, allons savoir) de cela ?

Enfin soit, je vais dormir, il est tard.

Anette