Chapitre 12

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La police avait dû emmener Anette à l'hôpital Saint-Luc à Bouge, près de Namur. Ses proches avaient aussitôt été mis au courant de la situation.

- Je veux voir ma fille ! hurlait la mère.

- Madame, a répondu l'inspecteur Bonk, vous ne pouvez pas encore la voir. Votre fille est en état de choc, elle ne doit voir personne pour le moment. Il faut attendre qu'elle se remette de ses émotions.

Adrien Williams venait d'arriver. Il était essoufflé et abasourdi par les événements.

- Que s'est-il passé ? a-t-il demandé, inquiet.

- John Bright nous a demandé de lui accorder 20 minutes, seul, avec Anette, a répondu Bonk. Il devait se rendre au bout de cette limite et la laisser s'en aller, la libérer. Mais au lieu de ça... il s'est suicidé, sous les yeux d'Anette. Elle est en état de choc.

Adrien a été soulagé d'apprendre que la jeune fille soit toujours en vie, mais ce n'était pas chouette de savoir qu'un homme se soit tué devant elle.

Le lendemain, Anette se sentait mieux. Elle a pu revoir ses amis, sa famille, et surtout, Adrien... Lorsque son petit ami, Benjamin, est entré dans la chambre de l'hôpital, il a vu Adrien la serrer de tout son amour. Et Anette pleurait de joie tellement elle était heureuse de le voir. C'est alors qu'il a compris qu'elle aimait toujours Adrien. Et puis, il ne s'était pas fort impliqué lui-même dans cette enquête.

L'inspecteur Bonk est aussi venu rencontrer la jeune fille à l'hôpital.

- Bonjour Anette, je suis Caroline Bonk, j'étais chargée de l'affaire. J'ai traqué John Bright pendant des années ! Pourrais-je te poser quelques questions ?

- Bien sûr, a répondu Anette.

- Est-ce que tu connaissais les intentions de Birght à propos d'hier ?

- Pas du tout. Si j'avais su, je l'en aurais empêché. Il m'a dit que ce serait la fin mais je ne comprenais pas. Puis les flics sont arrivés et j'ai cru comprendre... mais non...

- Ces 3 mois chez lui, comment se sont-ils passés ?

- John faisait toujours tout pour que rien ne dégénère. Il voulait que tout se passe bien entre lui et moi. J'ai adopté un caractère qui ne me ressemble pas, je l'ai agacé parce que j'avais tout compris de lui alors qu'il n'arrivait pas à me percevoir mais jamais il n'a perdu son calme. il ne m'a jamais mal traitée, si vous voulez savoir. Il cherchait à me connaître, du coup on regardait des films, on jouait à la Playstation, etc. Une complicité est née entre nous. Il m'a fait tenir un journal et je sais qu'il l'a lu. Ca le rendait fou de ne pas vouloir accepter qu'il savait tout de moi. Et à la fin... je me suis attachée à lui.

- Que s'est-il passé durant ces 20 minutes ?

- John et moi nous sommes confiés certaines choses sur ces mois passés ensemble. Il m'a dit qu'il n'avait jamais aimé l'homme qu'il était devenu mais qu'il était incapable de s'arrêter...

- Nous avons trouvé ça sur la table du salon, a dit Bonk en lui tendant une feuille pliée en quatre. Tu sais ce que c'est ?

- Oui, John me l'a donnée avant...

Elle sentait les larmes lui monter aux yeux mais elle s'est retenue de pleurer.

- Il a dit que ça m'expliquerait tout. Mais je ne l'ai pas encore lue.

- Tu m'excuseras mais je l'ai lue... Tu as eu beaucoup de chance, Anette. Aujourd'hui, tout est fini. Tourne la page aussi vite que tu le pourras et profite à fond de la vie.

L'inspecteur s'apprêtait à quitter la pièce mais Anette l'a retenue.

- Merci beaucoup, inspecteur... John m'a dit qu'il vous avait espionnée. Il savait que vous le connaissiez par coeur, que vous ne doutiez pas de sa stabilité mentale. C'est grâce à vous si je suis en vie. J'étais persuadée qu'il me tuerait... Vous avez bien fait avancer l'enquête et déjà quand je vous regardais à la télé je vous appréciais beaucoup. Durant ces 3 mois, j'ai voulu penser comme vous, faire ce que vous auriez fait à ma place. Alors, merci.

- De rien, a répondu Bonk en souriant, émue, avant de partir.

Anette n'a pas lu tout de suite la lettre que John Bright lui avait écrite. Le souvenir de sa mort était bien trop douloureux. Ce n'est que quelques mois plus tard, alors qu'elle avançait dans sa vie en se rendant compte qu'elle n'avait toujours pas tourné la page, qu'elle s'est décidée à la lire.

Chère Anette,

Tu as raison, j'ai tout lu. Mais seulement parce que tout se terminera demain. Sinon, je n'avais jamais touché ton journal auparavant.

Et c'est vrai, je savais déjà tout de toi, mais je n'ai jamais voulu me l'avouer. Pourquoi ? Parce que je n'ai jamais voulu te tuer. J'ai été perturbé par un regard inexpressif, rien de plus. Tu es une fille bien, tu n'as rien de mauvais en toi, tu n'as aucune raison de mourir maintenant.

Tu as adopté un caractère qui m'a fort amusé durant ces 3 mois ! Tu répondais avec ironie et je savais que malgré tout tu restais toi-même. Tu cachais ta peur.

Ma vie n'est plus depuis que j'ai 20 ans. Durant ces 3 mois, tu m'as fait revivre. Ta vie commence seulement, Anette.

Je sais qu'en restant ainsi enfermée, loin de tes proches, tu as réalisé des choses. Je ne serai plus là pour le dire mais je te souhaite plein de bonheur avec Adrien. Je viendrai le hanter quand il t'aura fait du mal !

Tu m'as réveillé, Anette. Et je t'en serai éternellement reconnaissant.

Profite bien de la vie,

John Bright

Anette en a eu les larmes aux yeux. Elle a hésité à jeter cette lettre à la poubelle. Après réflexion, elle l'a gardée. Et elle a enfin pu tourner la page.

John BrightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant