Pantin [BoyxBoy] ✔

VI

Ellen verrouilla la porte, juste après notre passage avant de repasser la chaine autour de son cou.

Il se tourna ensuite vers moi, son regard s'accrochant de nouveau au mien.

- Wynaël ?

- J...Je..

- Ne crains rien. Je sais que la situation est tout ce qu'il y a de plus étrange mais nous ne te voulons aucun mal tu sais..Je ne te veux aucun mal..

Mon corps trembla d'étonnement à ses mots alors que je tentais de garder mon regard fixé sur Ellen.

J'étais étonné qu'il me parle autant.

Mais ce qui me troubla le plus, fut, tous les sentiments qui semblaient déborder de ses yeux.

Ses yeux me suppliaient de le suivre et de ne pas le laisser seul.

Voyant que je ne répondais rien, il se contenta de tourner la tête vers les escaliers avant de les descendre lentement, sa main gauche posée contre le mur.

Je lui emboitais bien vite le pas, ne voulant pas me retrouver seul dans la pénombre.

Je glissais à mon tour ma main gauche sur le mur, pour prévenir une éventuelle chute et ce, même si au fond de moi, je savais pertinemment que ça ne servait à rien.

Le mur était dépourvu de prise à laquelle me raccrocher.

S'il était écrit que je devais tomber, je tomberais.

La peur m'avait déserté depuis un bout de temps maintenant mais je ne pouvais m'empêcher de cogiter.

Et si ?

Et si, une fois arrivés en bas, Ellen remontait et m'enfermait dans le noir ?

Toutes les possibilités brouillaient mon esprit mais la confiance persistait.

J'avais confiance en lui, une confiance aveugle.

Sans raison.

Le grincement de la dernière marche en bois, me fis reprendre conscience tout en faisant remonter un soupçon d'angoisse dans tous mes membres.

La pièce était petite, poussiéreuse et seulement pourvue d'une toute petite ouverture, qui éclairait faiblement le petit espace.

Un frisson hystérique brûla mon épiderme alors que je serrais la mâchoire.

Je devenais claustrophobe, je le sentais.

Bon sang.

Pourquoi ?

Ce n'était pas le moment.

Je devais m'inquiéter de ce qui allait m'arriver, pas de ce que me faisait ressentir la pièce !

Mon regard se balada fébrilement autour de moi, mes yeux se plissant pour essayer de distinguer ce qui m'entourait.

Je sursautais, un petit cri étouffé s'échappa de mes lèvres lorsque qu'un élément froid, frôla ma main.

- Ce n'est que moi.

Suite à ces mots, la main d'Ellen se faufila dans la mienne, entremêlant ses doigts aux miens.

L'instant d'après, je fermais violemment les yeux pour me protéger de la soudainement luminosité.

Je mis ma main libre en visière devant mes yeux avant de les rouvrir tout en douceur, essayant de m'habituer à cette nouvelle clarté.

La pièce ne ressemblait aucunement à une cave, les murs étaient tapissés d'affiches de groupes de musique ainsi que d'extraits de journaux.

Ce lieu me fit rapidement l'impression de ces petites salles de concerts populaires, que l'on pouvait parfois trouver au fond d'un bar.

Elle était parfaite.

Apaisante.

Tout ce dont j'avais besoin.

Je refermais les yeux, apaisé avant d'humer l'air.

L'odeur était la même que celle de ma chambre, lorsque je ne l'ouvrais pas durant un temps.

Une odeur de renfermé et de vieux livres.

Tout ce qui me plaisais et me rassurais.

- Ton sourire est magnifique Wynaël.

Je rouvrais rapidement, portant ma main libre à mes lèvres pour effleurer ce sourire du bout des doigts.

- Pourquoi tu pleures ? C'est mal d'exprimer ce que je pense ?

Je pleurais ?

Oui, je pleurais.

Une larme dévala ma joue, venant se loger au coin de mes lèvres.

Salée.

Je laissais ma langue quitter mon sourire, récupérant la larme du bout de celle-ci.

C'était la première fois depuis longtemps que je souriais aussi naturellement.

Et, après réflexion, c'était la première fois que quelqu'un semblait porter une attention particulièrement à quelque chose venant de moi.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. Murmurais-je pour me rassurer, autant que j'essayais de le rassurer.

- Si tu le dis..

Je sursautais violemment et tombais à genoux lorsqu'un bruit lourd retentit à l'étage, faisant vibrer les murs de la petite pièce.

Quelque chose venait de tomber brutalement sur le parquet, juste au dessus de nous, si bien qu'un peu de plâtre tombait du plafond.

La lumière vacilla légèrement, tandis que je me relevais avec l'aide d'Ellen.

- N..Noooon ! Lâche moi !

Mon souffle se coupa à ce cri.

Il ébranla tous les murs, décrochant un regard interloqué à Ellen.