Prologue

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C'est le printemps. Il y a cette odeur de fleurs dans l'air, celle qui nous chatouille le nez, celle qui nous fait éternuer. Il y a cette odeur de fleurs dans l'air, celle qui nous met du baume au cœur.

Et puis, il y a Thomas.

« - Élise, réveille-toi ! Réveille-toi Élise ! Viens on va jouer ! »

Thomas c'était le garçon d'à côté. C'était le gamin du quartier. C'était celui qui méritait mon poing dans le nez parce que je détestais qu'il me secoue pour me réveiller.

« - Allez dépêche-toi ! Sinon tout le monde va partir sans nous !
- Attends... Je me lève. »

Mais Thomas ne m'attend pas. Il se précipite dans les escaliers, passe la porte telle une fusée et disparaît déjà dans l'allée. Thomas a toujours été comme ça. Plein de vie. Enjoué. Heureux. Prêt à faire les quatre cents coups. Au fond, Thomas, je l'ai toujours admiré.

« - Eh bien ma chérie ? Tu ne rejoins pas Thomas dehors ? »

Ma mère dans son immense bonté complotait déjà avec les vieilles du marché sur un possible avenir entre Thomas et moi. Mais pour nous, les choses étaient différentes. Bien différentes. On était bizarres à notre façon et ça, personne ne le comprenait. Personne ne l'a jamais compris d'ailleurs. Thomas c'était le blagueur et moi, j'étais celle qui riait de ses blagues. Non pas qu'elles étaient drôles. Non pas que c'était amusant. Mais son rire... Son rire était particulier. Le rire de Thomas était bien plus drôle que ses blagues. Le rire de Thomas était ce qui faisait de ma journée, une « bonne » journée. Le rire de Thomas était ce à quoi je me suis toujours raccrochée même quand tout allait mal.

Et tout allait devenir « mal », non pas que cela se dise. Mais tout devint malheureux. Triste. Noir.

Je m'en souviens encore. Je me souviens du jour, de l'heure et même du temps. Je me souviens quand Thomas est parti et du trou dans nos vies. Je me souviens quand il est parti, passant la porte de sa maison dans cet uniforme dégoûtant. Oh oui, je détestais l'armée. Je détestais notre pays. Je détestais bien des choses, mais à cause d'eux... Thomas est parti.

A cause de la guerre Thomas est parti.

Alors aujourd'hui, je raconte l'histoire d'un homme qui tombe dans l'oubli. L'histoire d'un homme profondément idiot, enfantin, rêveur, aventurier. Je raconte ses rêves et ses espoirs. Je raconte à chaque fois la même histoire parce que c'est son histoire.

L'histoire d'un homme qui s'appelait Thomas.

Cher ThomasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant