Chapitre 35 - Banalités

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Janvier 1942,

Élise, ma tendre et douce Élise

Dis-moi, as-tu entendu les nouvelles ? Le sais-tu ? Je pense que oui. Tout le monde doit être au courant à présent. Élise, pour la première fois de ma vie, j'ai de l'espoir. Je pensais l'avoir perdu depuis longtemps, trop longtemps même, mais depuis cette attaque à Hawaï, j'ai de nouveau de l'espoir.

Ils vont venir.

Ils arrivent même.

J'aurai aimé commencer cette lettre en m'excusant pour les nouvelles tardives, mais je suis bien trop excité pour organiser le fond de ma pensée, alors pardonne mon courrier désorganisé.

Tu sais bien comment je suis, je n'ai pas changé sur ça.

Peut-être te reverrais-je plus tôt. Peut-être que la guerre s'arrêtera bientôt. Ô Élise comme j'ai hâte si tu savais.

Et toi, dis-moi tout, comment tu vas ? Que fais-tu ? Aides-tu toujours à la ferme ?

Je dois t'avouer que ta dernière lettre m'a fendu le cœur et je ne sais comment te répondre. Toi, non plus, tu te dois te douter que mes mots ne sauront te réconforter pleinement. Nous ressentons exactement la même chose, sauf que les jours passent mille fois plus vite pour moi.

Il y a toujours des combats à affronter et des ennemis à défaire.

Alors, pour te soulager, nous ne parlerons ni de ce que nous ressentons, ni de nos atroces journées, éloignés l'un de l'autre, nous allons parler du quotidien.

As-tu eu des nouvelles d'Antoine ? Ca m'écorche la main d'écrire son nom, mais je dois reconnaître que je lui dois beaucoup. Dont toi.

J'ai envoyé ton adresse à Georges, peut-être auras-tu sa visite prochainement. Tiens-moi au courant et raconte-moi tout. J'ai hâte de savoir comment il va. Je sais que la mort de sa mère lui a été très difficile à surmonter, mais c'est Georges, c'est un grand garçon et je sais qu'il a réussi à s'en sortir. Loin de tout. Loin de nous. Dans ma tête, je ne peux m'empêcher de visualiser le petit garçon pleurnicheur du village. Je n'arriverais sans doute jamais à me débarrasser de cette image.

Pauvre Georges. S'il voyait cette lettre et ce que je dis de lui. Surtout ne la lui fait pas lire Élise ! Tu m'entends ? Garde ces quelques mots pour toi.

Malheureusement, je dois te quitter, on m'appelle. J'espère que cette lettre t'arrivera au plus vite.

Je t'embrasse.

Thomas qui t'aime.

Cher ThomasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant