- 17 Juillet 2006
La journée n'avait pas commencée comme je l'aurais aimé. Mon frère m'avait vanné pendant des heures parce que j'étais rentré en plein milieu de la nuit et en essayant de ne pas faire de bruit, je m'étais étalé comme un crétin dans ma chambre, me prenant les pieds dans le bord de la porte-fenêtre. Le boucan a été du diable et tout le monde a fini par se réveiller. Woopsie.
J'aurais dû me douter que lorsque je dirais « Je dois être à la plage à quinze heures », ils ne me lâcheraient pas. Ils ne m'ont pas lâché. Après avoir subi un interrogatoire digne d'un officier de police, ils finirent par me laisser tranquille, bien que je sache pertinemment qu'ils étaient en train de se foutre royalement de ma gueule. Un peu vexé par leur moqueries, je pris mes cliques et mes claques à midi et demi et annonçai que je mangeai dehors puisqu'ils me soulaient. Ils n'ont pas fait d'objection, mon père m'a glissé un billet de vingt euros en me disant qu'ils me retrouveraient à vingt heures au restaurant de la veille pour qu'on sorte manger tous ensemble. J'hochai la tête, étonnamment content de cette perspective pour la soirée et m'enfuis le plus rapidement possible avant que Greg ne me rattrape. Je passai par une crêperie dans le centre-ville et j'ai acheté de quoi déjeuner tranquillement. Je me suis installé sur le muret au-dessus de la plage et j'ai regardé l'écume lécher le sable pendant une bonne heure avant de retourner dans le centre-ville pour me promener. Il me restait une bonne heure à tuer avant de rejoindre la plage de nouveau pour retrouver ma ... Ma quoi déjà ? Je ne pouvais même pas l'appeler « mon amie », je ne connaissais rien d'elle, à part qu'elle avait de très jolis yeux et cheveux bruns (dans le noir du moins) et un golden retriever doré. Oh ! et elle avait un beau sourire, aussi. Alors qu'était-elle pour moi ? Une connaissance ? Une mystérieuse inconnue ? J'aimais bien ce terme. « Une mystérieuse inconnue ». J'allais retrouver ma ... mystérieuse inconnue. Ça ressemblait à ce qu'aurait pu dire un héros de film, c'était chouette. La station balnéaire de Waterford était assez grande, de quoi me perdre, du moins. Beaucoup plus grande que Mullingar, en tout cas. Je repassai plusieurs fois au même endroit mais j'en profitai pour observer l'architecture générale de la station, appréciant ce que je découvrais au fil de ma balade. J'entrai dans un magasin de souvenirs un peu au hasard et en ressortit avec un paquet de bonbons que je fourrais dans mon sac à dos. Un coup d'œil à mon portable m'informa qu'il était quatorze heures trente et je m'élançai vers la plage, terriblement anxieux mais aussi excité. J'avais vraiment hâte de la revoir mais en même temps, j'avais peur qu'elle m'ait collé un lapin et que je me retrouve comme un crétin, tout seul sur la plage.
J'étais pile à l'heure, au même endroit que la veille. Elle n'était pas encore là mais je déposai ma serviette de plage sur le sable et m'assis pour l'attendre. Les minutes passaient et je commençais à désespérer de la voir arriver. Je me rongeais les ongles tout en fourrageant dans mon sac pour retrouver mes lunettes de soleil. Je ne les trouvais pas, j'avais beau retourner mon sac dans tous les sens, impossible de mettre la main dessus. Au moment où je voulus plonger la main plus profondément dans la toile, une ombre vint me cacher la vue et je levai la tête, portant ma main en visière pour apercevoir ce qui me privait des rayons du soleil et mon cœur s'arrêta de battre durant quelques secondes.
Elle était là. Son chien aussi, d'ailleurs, qui avait un bandana rouge accroché autour du cou.
- Salut ! lançai-je en me levant précipitamment.
Elle me sourit, de son grand sourire qui m'avait hanté toute la nuit. Elle agita sa main pour me dire bonjour et déposa son sac à bandoulière à côté de ma serviette. Son chien se posta à mes pieds et attendit patiemment que mon regard quitte ses beaux yeux pour que je m'intéresse à lui. Je m'agenouillai face au chien et lui grattai amicalement la tête et les oreilles. Visiblement, je faisais cela bien puisqu'il me tendit sa patte comme un ami l'aurait fait pour me dire bonjour.