Just promise that you won't forget we had it all.

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- 22 Décembre 2013

Rien n'avait changé. De la plage de sable au charme de la ville, tout était resté aussi identique que dans mes souvenirs, aussi magiques. Eclairée par des décorations lumineuses aux motifs festifs et très « noëlesque », Waterford avait une nouvelle atmosphère merveilleuse qui me donnait envie de me ruer dans le premier bar du coin pour me payer un verre de vin chaud et m'emmitoufler dans un gros pull. Mais j'étais bien ici, assis sur le sol du phare, à regarder les vagues se briser contre les pierres et lécher le sable avec paresse. Le vent était glacial, pour un mois de décembre, rien de très anormal. Dans à peine deux jours, je devrais retourner à Mullingar pour fêter Noël avec ma famille recomposée et il n'était simplement pas question que je reparte sans elle.

Je ne savais même pas si elle allait se pointer mais j'y croyais, dur comme fer. Peut-être qu'elle n'aurait pas eu mon message, peut-être qu'elle se fichait bien de me revoir, peut-être qu'elle n'en avait pas envie mais moi, ce pourrait être le plus beau cadeau de Noël de ma vie. J'avais vingt ans et tout ce que je voulais, c'était revoir mon amoureuse de vacances, la prendre dans mes bras, voir comme elle aussi avait grandie et faire ce que j'aurais dû faire il y a sept ans : ne pas la quitter. L'hypothèse qu'elle ait un petit-ami m'effleura l'esprit au dernier moment. Je me sentis si bête que j'en jurais bruyamment en resserrant les pans de mon manteau contre moi. C'était certain qu'un autre type avait pris ma place, autrement, je ne pouvais plus rien faire de la gente masculine. Passer à côté d'une fille extraordinaire comme elle, ce serait franchement débile et être aveugle.

Mes doigts étaient totalement engourdis et je les portai à ma bouche en tremblant pour souffler dessus avant de me résoudre à sortir mes mitaines pour les enfiler. J'avais voulu jouer les gars forts et pas impressionné par un petit -2°C, mais finalement, je n'en pouvais plus. Je remontais mon cache-nez sur mon menton ainsi que le col de mon manteau noir avant de croiser les bras pour le tenir fermé. Je n'en pouvais plus, mon nez devait être rouge sang à force de geler et mes oreilles me piquaient comme si on y passait un glaçon en continu. Je sortis rapidement de mon autre poche mon bonnet et l'enfiler avec rage sur mon crâne. J'étais déjà là depuis une heure et demie, l'heure était dépassée depuis une demi-heure et je sentais tout mon courage et mon espoir s'échapper de mon corps pour s'évanouir dans l'air froid de Waterford. Autour de moi, tout virait au rouge, au doré, au vert, à l'image des petites loupiotes qui formaient les décors lumineux accrochés entre deux poteaux de chaque côté des rues. La musique qu'ils passaient dans les rues m'arrivait dans un murmure lointain, interrompu par le cri des mouettes et la délicieuse mélodie des vagues qui s'abattaient contre les falaises. Je vis un vieux monsieur, traîner un caddie de course derrière lui. Sa casquette sur la tête, il bravait la quasi-tempête pour rentrer chez lui. Un petit garçon sur son vélo roulait à toute vitesse dans la rue, juste sous mes pieds, du pain sous le bras. Le monde continuait de tourner, même si le mien semblait marcher au ralenti. Les gens vivaient leurs vies comme bon leur semblait, gardaient leurs habitudes, leur routine. Je me surpris à presque vouloir avoir mes propres habitudes, ma propre routine. Je faisais une ville par jour, parfois quatre pays en une semaine. Tout cela était excitant, mais épuisant et je ne pouvais me poser nulle part, à part chez moi, à Mullingar ou bien à Londres, quand on nous accordait trop peu de temps off pour rentrer chez nous.

Le vent venait me caresser le visage, s'engouffrant dans le phare par les nombreuses failles dans les murs. Je l'entendais, énervé, se glisser contre la paroi circulaire, dans les escaliers. Ma guitare glissait de temps en temps, portée par la forte houle et je me précipitai toujours pour la rattraper avant que l'étui ne touche le sol. Je grattais le sol, je tournais en rond, je sautillais pour me réchauffer mais tout me rappelait la chose la plus importante : son absence. Elle n'était pas là. Elle ne viendrait pas.

You Are My Snowflake.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant