- 21 Juillet 2006
Il ne nous restait plus que trois jours. Trois petits jours de vacances, d'elle et moi, de Shadow, de cette ville fantastique, de la plage, des vacances en famille, entre mecs. Il ne nous restait plus que trois jours et mon cœur en prenait un coup à chaque fois que j'y pensais. J'essayai d'oublier, de ne pas y penser, de ne pas réfléchir et de profiter de chaque minute qui me restait avec elle mais la perspective de devoir la quitter dans si peu de temps me déchirait le cœur. Dès le moment où on s'est rencontrés, j'ai senti que ce serait très dur de devoir lui dire au revoir à la fin de la semaine. Je ne voulais plus la lâcher et je me surpris à préférer encore rentrer ici plutôt que de rentrer à la maison. Les gars ne m'avaient pas manqué avec elle, elle me suffisait amplement. Greg me chambrait quotidiennement à me dire que j'étais amoureux mais je ne voulais pas le croire. Je répondais simplement qu'elle était mon amie, que j'étais heureux et qu'il ferait mieux de me laisser tranquille. Il repartait avec ce stupide rictus qui me disait clairement qu'il ne me croyait pas et qui me donnait envie de le frapper.
A J-3, nous sommes retournés à la plage. On a joué avec Shadow, je lui ai offert une glace à la fraise et elle m'a embrassé sur la joue, comme toujours. Elle m'a appris de nouveaux mots en langage des signes et je m'évertuais à les répéter avec elle, qui finissait toujours dans un fou-rire sans son, ces fous-rires magiques où elle se tordait dans tous les sens et frappait dans ses mains, seul bruit qu'elle pouvait produire à cause de son silence permanent. Elle courrait dans tous les sens, me lançant un frisbee au visage que je rattrapais toujours et elle avait fini par se lasser et s'asseoir, esso0ufflée, sur le sable chaud. J'avais fini par la rejoindre après avoir couru après Shadow en riant et elle m'avait souri gentiment avant d'attraper son bloc-notes dans son sac à dos.
Il fait trop chaud !
- Je suis d'accord. T'es toute rouge, on dirait que tu vas tomber dans les pommes, m'inquiétai-je.
Je me sens pas très bien ...
Je déposai rapidement ma main sur son front et constatai qu'elle était brulante. Sans réfléchir, j'attrapai ma casquette sur ma tête et la posai sur son crâne avant de tirer une bouteille d'eau de mon sac et de lui tendre. Elle l'accepta un peu tremblante et la vida de moitié. Je fouillai dans son sac à la recherche de son flacon de crème solaire et n'attendis pas sa permission pour vaporiser le produit sur ses épaules et son dos. Je l'étalai un peu mal à l'aise mais elle soupira d'aise quand mes mains plus froides rencontrèrent sa peau. Elle me remercia en posant sa main sur son menton pour la redescendre vers son cou, comme elle m'avait appris à le faire. Je lui souris et m'approchai de son visage pour étaler un peu de crème sur le bout de son nez. Ses yeux se plissèrent comme quand elle riait et un beau sourire étira ses lèvres. Mon cœur en prit un coup de la voir si jolie mais je ne dis rien, essayant de faire taire ces battements incontrôlables qui me tordait la poitrine. J'avais mal, mais je ne voulais pas l'inquiéter.
- Ça va mieux ?
Elle hocha la tête et réitéra son geste pour me dire merci. Je lui assurai que ce n'était rien et on resta un petit quart d'heure assis sur le sable, pour se reposer. Sa petite main dessinait des ronds sur le sable, à côté de la mienne et je la fixai intéressé par ces petits traits qu'elle aimait tant faire. Sans prévenir, elle s'arrêta et glissa ses doigts entre les miens puis posa sa tête sur mon épaule.
Mon cœur s'arrêta de battre, tout simplement. Je n'osai même pas tourner la tête pour l'observer mais un soupir s'échappa de ses lèvres et je la sentis se détendre. La perspective de devoir la quitter était tout simplement une torture, je n'arriverais pas à m'y faire, je n'arriverais jamais à me dire que dans trois jours, je serais sur la route pour rejoindre Mullingar, c'était inimaginable. Je voulais tellement rester avec elle, ou bien la caler entre deux bermudas dans ma valise ... Elle était tellement petite et fine qu'elle passerait sans doute sans aucun problème ! Je secouai la tête, dépité. Non, il n'y avait aucun moyen de la ramener avec moi à Mullingar. Aucun. J'avais tout simplement envie de pleurer.