Cadus se réveilla avec un mal de crâne phénoménal ; bien pire que lorsque qu'il se réveillait le lendemain d'une grosse beuverie.Pourtant, non, il n'avait pas bu, enfin un tout petit peu, comme chaque jour finalement. Ce devait être un rêve, autrement il serait mort. Il ne comprenait plus rien : mais pourquoi suis-je là ? Et Hadrien ? Et les bières ? Et.... Sa tête le faisait souffrir. Il s'assit et essaya de rassembler ses souvenirs. Sans succès.
Il eut un haut le cœur soudain et vomit tout ce qu'il avait ingurgité. Il se leva en chancelant et fit la seule chose qui savait faire mieux que personne : il se mit à crier ; des mots incompréhensibles ; parfois on pouvait entendre des phases, mais tout ce qu'il criait n'avait aucun sens. Au bout d'une heure à s'énerver contre sa vie, il s'assit et somnola jusqu'à s'endormir totalement.
Cadus se réveilla doucement deux heures plus tard, et au moment où il ouvrit les yeux ils se souvint de tout. Des larmes montèrent jusqu'à ses joues, des vraies, pas celles qu'il donnait pour qu'on le prenne en pitié ou quand il se montrait en spectacle. Non, des vrais larmes. La dernière fois qu'il avait réellement pleuré, c'était le jour où il avait vu Hadrien seul, dans un linge, sur son paillasson. Quinze ans qu'il n'avait pas pleuré. Quinze ans...
Ce jour là il s'était fait un serment : pourrir la vie du gamin autant qu'il venait de pourrir la sienne. Mais il y avait gagné quoi au final ? Rien. Il n'avait fait que remonter son fils contre lui et pire : son fils s'était senti mal. À un tel point qu'il s'était suicidé.
Cadus se leva. Il était chancelant , il fulminait et son regard lançait des défis.
Personne ne le vit rentrer au village, il était comme une ombre qui vous fait froid dans le dos pour une raison inexpliquée, sensation qui n'est que passagère mais pas moins désagréable. Les gens fuyaient là où il passait. C'était comme une aura malsaine, triste et à la fois déterminée que laissait Cadus sur son passage. Pourtant personne ne le remarquait, alors qu'avant c'était des regards de mépris, de pitié et d'énervement, et parfois même, il avait le droit à des regards tristes.
Mais aujourd'hui ce n'était plus pareil, il le sentait et le faisait ressentir. Quand il arriva chez lui il était sept heures du soir. Il n'avait pas envie de dormir et sentait une adrénaline qui se propageait et déferlait en lui.
La porte d'entrée menait à un couloir ; et un escalier au fond montait au grenier où était la chambre d'Hadrien, à la droite de ce couloir ; deux portes : une minuscule salle de bain avec des WC dans un état de décomposition avancée, et la cuisine : dans l'évier résidait des vieilles canettes de bières avec des assiettes sales, la table était tachée, abimée, trouée tandis que dans une armoire se trouvait la seule nourriture de la maison : une boite de raviolis. Hadrien avait était chargé de tout ranger, de tout nettoyer mais mission impossible car l'eau passait mal, les éponges avaient une dizaine d'année et le balai n'avait plus de manche. De ce fait, une couche de poussière recouvrait la table, l'armoire et le plan de travail : la cuisine était tout simplement immonde.
Du couloir gauche, deux portes aussi : la chambre de Cadus, propre, rangée était un contraste saisissant avec le reste de la maison. Hadrien avait pour ordre de ranger la pièce, la nettoyer. Cadus ne le laissait sortir qu'une fois que tout était propre. La dernière pièce contenait de quoi faire la lessive et aussi toute la cave de Cadus. Cette pièce était sombre, mal aérée mais surtout recouverte d'immondice. À chaque pas fait se soulevait divers déchets.
Quand Cadus entra, il ouvrit cette dernière pièce, alla vers ses bouteilles, en prit, le plus possible, monta au grenier et par la fenêtre, vérifia qu'il n'y avait personne. Puis de toute ses forces il les lança le plus loin possible. Il refit l'aller retour, reprit des bouteilles, les relança. Ce manège se finit quand la cave fut vide. Ensuite Cadus, épuisé alla directement dans son lit et dormit de suite.
"Demain, je continuerais, je dois bien ça à Hadrien."
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Au bord de la falaise
AdventureDeux personnes au fond du gouffre, deux personnes devant la falaise, deux personnes mais un seul destin, exceptionnel.