Moi : C'est parfait ...
On a commencé à manger, on parlait de tout et de rien. C'est comme si on se connaissait depuis toujours. Finalement je n'ai même pas eu honte de manger devant lui, j'étais bien, je me sentais à ma place. On rigolait, on parlait de sujets peu intéressants (études, loisirs...). Puis on a abordé le sujet de la famille.
Je n'en avais jamais parlé à personne, de ce mal être, de cette souffrance. De ce sentiment de n'être pas née au bon endroit, de n'être pas de la même famille de ceux qui ont le même sang que moi. Mais avec lui je sentais que je pouvais me livrer, lui il m'écoutait, il ne m'a pas interrompu une seule fois, il me regardait, je savais qu'il m'écoutait. Alors j'ai vidé mon sac. Je lui ai raconté comment j'avais vécu mon enfance ; enfant gâtée ne manquant rien, du moins en théorie. Parce qu'à vrai dire j'ai manqué cruellement d'affection. Mon père bien trop souvent absent et généralement épuisé quand il était là, ma grande soeur qui ne supportait pas ma présence et ma maman qui faisait tout pour que l'on soit bien mais qui malheureusement, sans doute contre son grès, n'a pas cessé de faire des préférences pour ma grande soeur.
Puis je lui ai raconté la souffrance du divorce de mes parents, de la séparation qui m'a détruite, qui m'a changé. Moi, cette petite fille pétillante, toujours souriante, je m'étais transformée en une enfant insipide, qui ne cesse de pleurer et de trouver des prétextes pour quitter l'école et rester à la maison.
Il m'a écouté pendant tout ce temps, au moins 20 minutes, sans me couper une seule fois et sans jamais me donner l'impression que je l'ennuyais. Au contraire, il semblait fasciné par ce que je lui disais, et il semblait me comprendre.
J'ai fini en lui disant que depuis tout ce temps j'ai ce sentiment d'abandon, ce qui m'empêche de faire confiance, de m'attacher entièrement aux gens. J'avais la tête baissée, mais il m'a soulevé le menton avec sa main et a tourné ma tête vers lui. Il m'a murmuré : "Moi, je ne t'abandonnerai pas". Puis, il a déposé un baiser sur mes lèvres.
Ce baiser me brûlait les lèvres, c'était mon premier. Et je ne regrettais pas que ça soit lui mais j'ai quand même reculé ma tête. Il a du se sentir gêné car il a aussitôt tourner sa tête et il s'est ré installé dans son siège les yeux dans le vide.
Je ne sais pas pourquoi j'ai agis comme ça, je suis comme ça c'est tout. C'est au dessus de mes forces de me donner à un homme, même si un baiser ça n'engage rien. Je sais qu'à notre époque c'est courant, c'est normal. Peut être me trouve-t-il anormale ? Et si j'avais tout gâché ? Et si je l'avais blessé ? Ce n'est pas ce que je voulais, et bien sur que j'aurai aimé l'embrasser jusqu'à ne plus avoir de souffle mais j'avais des valeurs et je voulais m'y tenir. Et si il ne me comprend pas, tant pis !
Il redémarre la voiture et je comprends que la petite bulle dans laquelle nous étions depuis des heures venait d'éclater. Nous nous sommes pas échangé un mot jusqu'à ce qu'on arrive en bas de chez moi. Il éteint le moteur et me regarde.
Moi : Merci, c'était sympa cette soirée avec toi, j'ai bien mangé en plus (en souriant)
Mohamed (l'air déçu) : Moi aussi j'ai bien aimé cette soirée
Moi : Bon bah (en ouvrant la portière), à la prochaine ?
Mohamed : Oui c'est ça, à la prochaine...
Je suis descendu le coeur lourd, ces heures passées avec lui ne me suffisait pas. J'en voulais plus, j'aurai voulu passer ma nuit dans cette voiture, près de ce lac à lui raconter ma vie et à écouter la sienne. Mais peut être que j'avais juste tout gâché. Peut-être que cette soirée était la dernière, peut-être sonnait-elle le début de la souffrance.
Je suis allée me coucher la tête rempli de milles choses, mon nez était encore plein de son parfum...
Les journées sont passées jusqu'à ce que je parte en vacances sans nouvelles de lui. Ni sms, ni appels, ni notifications Facebook, ni rien du tout. Le néant. Moi d'habitude si enjouée de partir dans le sud là je me sentais triste, seule, abandonnée.
J'ai pris le train, et j'ai passé toutes les heures du voyage avec la musique à fond dans les oreilles, des musiques toutes plus déprimantes les unes que les autres. En quittant ma ville j'avais l'impression que je m'éloignais de lui, comme si il y avait un lien entre nous que l'on était en train d'arracher. Mais après tout, quel lien ? Je n'avais pas de nouvelles de lui, rien, pas un signe de vie. Peut-être que cette histoire avait prit fin, aussi vite qu'elle n'avait commencé.
Deux, trois jours après mon arrivée en vacances, je tentais de me changer les esprits. Je profitais avec ma cousine, je rigolais, et j'essayais surtout de l'oublier. Ma cousine est plus âgée que moi, de 3 ans; c'est le genre de fille qui sort beaucoup, et qui fréquente beaucoup d'hommes. L'opposée de moi. Mais on s'aime, c'est comme ça. Un soir, nous étions posées dans sa chambre à rigoler quand elle me sort :
Laurie : On va en boite ?
Moi : Quoi ? maintenant ? Mais j'ai même pas l'âge
Laurie : T'inquiètes, arrêtes de flipper, je connais les videurs d'une boite, on peut y entrer sans problèmes !
Moi : Mais ma mère va jamais vouloir
Laurie : T'inquiètes je te dis, on lui dit qu'on va dormir chez une amie à moi, elle y verra que du feu
Moi : Mouais je sais pas, j'aime pas trop lui mentir
Laurie : Tu veux t'éclater ou pas ? On est jeunes, c'est le moment de profiter, sortir, rigoler, danser... Tu n'es pas obligée de boire si t'en as pas envie
Moi : Bon ok, allons en boite...
Ma cousine est partie prévenir nos parents, qui n'ont pas cherché à comprendre et ont dit oui. On a fourré des affaires dans nos sacs, et on est sorties. On s'est habillées dans la voiture, d'après elle je ne rentrerai jamais en jean en boite, j'ai donc du mettre une robe, avec des collants bien sur. Elle a mit la musique à fond, et j'avoue que je me suis prise au jeu. Je voulais l'oublier, je voulais qu'il sorte de mes pensées.
Nous sommes arrivées en boite : le bruit, les gens, l'alcool, les hommes... Tout ce que je déteste. Pourquoi est-ce que j'avais accepté de venir ici ? Ma cousine a passé sa soirée à danser sur la piste, avec des gens qu'elle ne connaissait même pas. Moi j'ai passé ma soirée dans le carré fumeur, avec mon téléphone. Il était 2h du matin quand je reçois un message...
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Des ténèbres à la lumière, de l'amour à la haine...
RomanceAssalamu 'alaykoum. Je vous raconte l'histoire de Mélanie, jeune fille qui tombe amoureuse d'un homme, Mohamed, qui va bouleverser sa vie. Entre amour et déception, leur histoire va connaître des hauts mais surtout de nombreux bas. Jusqu'au jour où...