IV - Au Milieu

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Rafael osa enfin entrer dans la chambre de sa sœur. Cela faisait trois jours qu'elle n'en était pas sortie. Il était inquiet.

« Lola, le déjeuner est prêt.

— Je n'ai pas faim ! » répondit la voix derrière la porte.

Il n'insista pas et rejoignit sa famille dans la cuisine où le repas était servi.

« Alors ? » demanda sa mère

Il secoua la tête avant de s'asseoir. Maria soupira.

« Elle travaille beaucoup trop et ne se nourrit pas assez, dit-elle, inquiète.

— Et c'est encore pire depuis que je l'ai récupérée de la tour Hauptmann. Je me demande bien ce qu'il s'y est passé, enchérit Rafael. Elle avait l'air encore plus en colère que d'habitude.

— Elle a toujours eu de grosses lubies, dit le père en avalant goulûment la soupe de sa femme. Ce n'est qu'une passade. Mais au moins, elle nous rapporte de quoi vivre en travaillant autant. »

Le père jeta un coup d'œil à son fils au chômage qui baissa la tête, rempli de honte. Immédiatement après, Lola apparut aux yeux de tous, des cernes sous les yeux et la mine plus pâle qu'un fantôme.

« Par Dieu, Lola, tu es blême.

— Je... Je dois aller au travail. Rafael, tu peux m'accompagner ? »

Le père s'arrêta alors de manger et se leva.

« Pas question. Il doit passer un entretien dans deux heures. Il n'est pas question qu'il le loupe. Je vais t'accompagner. »

Vexé, Rafael sortit de table à son tour et alla s'enfermer dans sa chambre. Il en avait assez que son propre père le prenne pour un raté. Il savait qu'il en était un, ce n'était pas la peine de le lui rappeler tous les jours depuis qu'il avait été viré pour avoir frappé son patron à la figure, juste parce qu'il n'aimait pas sa manière de travailler.

Lola ignora la scène qui s'était passée devant ses yeux, retourna dans sa chambre et rangea rapidement les papiers de son dossier Gold si précieux avant de s'habiller à la hâte. Trois jours entiers s'étaient écoulés sans qu'elle y trouve la moindre faille. Il fallait pourtant qu'elle passe à la vitesse supérieure si elle ne voulait pas perdre. Malheureusement, en se précipitant, elle oublia une seule feuille qui tomba derrière son petit bureau usé et de mauvaise fabrication.


Après son entretien raté, Rafael revint chez lui la tête basse. Il n'était clairement pas fait pour la manutention des produits pharmaceutiques dans des flacons de verre. Il était bien trop maladroit pour cela et de toute manière, il n'était pas bon pour les entretiens d'embauche non plus. On ne lui avait même pas donné sa chance.

Voyant que cela ne s'était pas bien passé, Maria, sa mère, décida de ne pas lui en parler tout de suite et il retourna dans sa chambre.

Passant devant celle de sa sœur et poussé par sa curiosité et la jalousie, Rafael se mit à fouiller de fond en comble afin de découvrir ce qu'elle fabriquait depuis trois jours. On disait de lui qu'il n'était pas un bon travailleur, mais au moins, il ne cachait pas les choses comme Lola. Elle avait un secret, il le savait et cela le rendait fou de ne pas le connaître. Peut-être qu'elle n'était pas aussi parfaite que ce que sa famille croyait. Peut-être même faisait-elle des choses illégales et que c'était pour cela qu'elle ne leur racontait rien.

Toute sa vie, il l'avait passé à être comparé à Lola. Elle était celle qui avait réussi, il était celui à qui rien n'était promis. Mais ce sixième entretien qui ne lui avait pas donné raison avait fait monter sa jalousie d'un cran. Il était en colère contre elle.

Il n'y aura pas de RévolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant