III - Très En Dessous

4.7K 260 59
                                    

À celles qui pensent que les viols sont commis sans violences, lisez bien ce à quoi Lola ressemblait après son agression : la totalité de son corps était recouverte de bleus, de coupures et de morsures, des pieds à la tête ; elle avait un traumatisme crânien méritant plusieurs jours de repos total, un poignet cassé qui ne tenait que par la peau et qui nécessita deux broches, des boursouflures sur la mâchoire, trois côtes fêlées et, surtout, un vagin déchiré de part en part qui dut être suturé par vingt-huit points, au même titre que l'arrière de son crâne.

La famille fut prévenue le lendemain de son arrivée aux urgences, le temps que l'administration fasse son travail. Elle n'avait ni carte d'identité, ni porte-feuille, juste un chemisier déchiré, une jupe qui ne valait guère mieux et un collant filé, pas même une paire de chaussures. Les médecins n'avaient pourtant pas tardé lorsque le corps inanimé de cette inconnue était arrivé devant les portes de l'hôpital. On s'occupa d'elle, on la soigna et le fichier des empreintes digitales leur donna son identité : Doloresse Lindeberg, résidant au bâtiment 7 de la rue Danke dans le quartier de Gold.

La pluie acide faisait toujours rage dehors, mais Alim fut le premier à arriver, suivi de près par le frère de Lola, Rafael.

Ce dernier ne put s'empêcher de fondre à larme à la vue du corps meurtri de sa jeune sœur sur ce lit d'hôpital morose. On lui dit qu'elle avait été violée et battue, qu'elle était maintenue dans un coma artificiel. Rafael, trop perturbé par l'annonce de la première nouvelle, n'écouta pas les explications du médecin ensuite.

Enfin, les parents le rejoignirent et ce fut la même scène de pleurs et de tristesse, décuplé par le fait que leur propre chair venait de subir les pires tortures et qu'on ne savait absolument ni par qui, ni pourquoi — s'il y avait un pourquoi.

Après deux jours, on leva le coma, mais elle ne se réveilla pas tout de suite. Quand elle ouvrit enfin les yeux, une dame, la bonne trentaine, cheveux blonds et courts, coiffés en brosse et portant une paire de boucles d'oreille originales et très grosses en forme de chat, se tenait devant elle. Elle était habillée de façon très formelle, comme un uniforme de travail, avec une chemise bien repassée, rentrée dans son pantalon, moulant ses seins fermes, mais peu opulents, et un jean noir serré à la taille par une ceinture stricte sur lequel était accroché un insigne doré et rouge. Elle n'en vit pas beaucoup plus et referma les yeux, encore fatiguée.

« Mademoiselle Lindeberg ? fit la femme d'une voix douce. Je suis l'inspecteur Claus, du département de police criminelle des tours est. »

Elle sortit une photo tandis que Lola rouvrit les yeux.

« Dites-moi, connaissez-vous cette personne ? »

C'était un portrait d'un homme blond, très beau. Bien entendu, Lola le connaissait : Eli Harmon, son ancien patron. Difficilement, Lola hocha donc la tête et commença à pleurer, son cœur s'accéléra, provoquant un bip inquiétant sur l'électrocardiogramme à gauche de son lit.

« Bien, se dépêcha de dire la policière. Et est-ce la personne qui vous a fait du mal ? »

Pour toute réponse, la jeune femme fit à nouveau oui de la tête et ferma les yeux pour que ses larmes, qui lui obstruaient la vue, s'en aillent. L'inspecteur se tourna alors vers une autre personne qu'elle n'avait pas vue tout de suite.

« C'est bon Nana, on le tient.

— Pas encore », répondit l'autre inconnue.

Ladite Nana à la crinière rousse s'approcha de Lola qui ne reconnut pas tout de suite sa collègue et amie, Anna.

Il n'y aura pas de RévolutionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant