Lourd, gros, froid, il marche. Un pull gris, en laine, recouvre sa peau glacée. Si vous le voyiez, vous verriez un enfant pieds nu, portant des guêtres qui s'arrêtent à ses genoux. Lorsque vous cherchez ce qui le fait survivre à la chaleur... D'abord, vous voyez une pièce de cuir qui le culotte... Ensuite, vous voyez que l'accoutrement improbable ne protège que des apparences. De l'apparence de la pierre. C'est une statue qui marche, et marche encore. L'enfant est en grès, en marbre, en calcaire, en tourbe ; l'argile et le diamant se mêlent dans son regard et ses articulations semblent comme peintes d'une peinture à l'huile, la caillasse colorée éparse sur les joues et genoux, impressionniste, trace des motifs abstraits dans sa peau... Cette chose bouge sous le blizzard, protégeant d'un bras son visage que ses cheveux de glace viennent frapper avec la violence de deux épéistes.
La tempête a cessé. Il est à l'orée de la forêt. Sa peau minérale tombe ou coule, progressivement. Il est à l'arrêt, debout. Son pull a glissé le long de son nouvellement maigre corps, pour finir à ses pieds. L'enfant est nu. Et maigre ! Il a l'air désarmé et fragile... Ses cheveux sont tombés, le gel les a tué. L'enfant s'accroupit. Il souffle sur quelques cheveux pour réchauffer ces stalactites et en faire des filaments. Il recoud ses guêtres trop larges aussi, les lace avec de la ficelle capillaire et obtient son vêtement habituel, en mille et unes pièces qui recouvrent ingénieusement sa peau. Le cuir devient une poche qu'il accroche à sa droite. Il y passe du temps.
Du temps est passé. La température est agréable. L'air est humide et la forêt semble accueillante. Il devrait y entrer maintenant. Il y entre. Les sentiers se voient à peine. Il connaît son chemin. Son armure de tissu agrippe quelques plantes qui se laissent étonnamment faire et le voilà habillé de laine, d'écorce, de ronces, de feuilles, fleurs et de cheveux. Il arrive devant un lac boueux. Ses mains y trempent et reviennent, gantées d'un nouvel argile, prêt à résister à de nouveaux grands froids. Il en enduit la surface encore visible de son corps. L'enfant attrape un caillou. Une pierre blanche est recouverte d'épaisseurs d'argile. Le bloc formé va dans sa poche. Il ne lui reste plus qu'à manger et il pourra repartir.
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Les Marcheurs
FantasyCeci est écrit totalement... « au feeling », je préviens ! L'histoire d'un enfant qui... on verra.