Chapitre 5

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Après la pause, on a eu un cour de philo avec une prof complètement folle. Elle nous a présenté le programme comme si elle lisait un discours politique. Oui je fais de la philosophie en seconde, tout simplement parce que notre lycée en propose l'option que j'ai tout de suite pris, comme la plupart des élève : on a le bac de français l'année pochaine. Mais moi, j'ai pris l'option car je rêve de faire de la philo depuis très longtemps. C'est le premier cour de l'année, et Mme Deroyan nous a déjà donné du travail à faire. On doit écrire minimum quatre pages sur: " Comment l'homme a-t-il "dominé" le monde?". J'ai déjà mon avis sur la question, mais ça ne m'empêche pas de protester avec les autres. Nous donner ça le premier jour pour dans trois semaines, c'est un peu abusé.
À la fin de l'heure, tout le monde s'est jeté sur la porte et à couru au bâtiment C pour aller manger. On s'est précipité dans la fille du self qui était déjà bien longue.
Après dix minutes d'attente, je tend enfin ma carte à la concierge, qui me laisse passer. Je prends un plateau, et attrape tout ce qui passe à ma portée. J'avais oublié à quel point j'avais faim. Je remplis généreusement mon assiette
d' haricots vert et de poisson. J'avance jusqu'à la fin du self et arrive dans le réfectoire. Je choisis une table de six, m'assois, et attends les filles. Je vois Suzanne et lui fait signe.  Elle s'installe en face de moi.
"Vous vous connaissez depuis longtemps avec Nora et
Elia ? "Je lui demande pour passer le temps.
"Je suis dans la même école qu'Elia depuis la primaire. Et Nora faisait de la natation avec moi l'année dernière. Et toi tu connais Nora depuis quand ?
- Depuis ce matin seulement. On s'est rencontrées dans le couloir pour aller en maths. Et on a croisé Luc. Il a l'air de bien aimer Elia... "je dis avec avec sourire.
" Tous les garçons l'aime, Elia. Tout le monde la regarde. Mais pourtant, elle est sortie qu'avec un mec dans sa vie."
Elle dit ça d'un air désinvolte mais je perçois une pointe de jalousie dans le ton de sa voix. Je n'aurais jamais pensé que Suzanne envierai sa meilleur amie.
"Ah bon ?! Je croyais la liste un peu plus longue... j'imagine que tu savais qui c'était ?
- Oui, il est dans notre classe, c'est Maël. Ils sont sortis ensemble pendant le début de l'année dernière. "
J'ouvre la bouche pour répondre, mais Nora et Elia arrive au même moment. Elia pose son plateau sur la table et se laisse tomber sur la chaise à côté de Suzanne. Nora s'assoit à côté de moi.
"Vous en avez mis du temps ! "Dis Suzanne avec un air
de reproche dans la voix.
"Bah oui, Nora a tapé la causette avec Luc. "
Elle a dis ça avec le sourire, mais je ne peux pas m'empêcher de remarquer des signes contradictoires avec son ton détaché : les muscles de sa mâchoire se crispent et ses sourcils se froncent légèrement. Tout cela ne dure qu'une fraction de seconde, mais ça ne m'as pas échappé. Je suis une experte pour détecter les micro-expression. Ce sont les réflexe de notre visage quasi impossible à empêcher et à détecter. Il apparaissent pendant très peu de temps et c'est comme ça qu'on peut voir si une personne a peur, s'il elle est heureuse ou encore si elle ressent du mépris ou de la colère. Elia attrape sa fourchette et commence à manger ses carottes rappées.
"Et sinon, vous habitez où ? "je demande pour changer de sujet.
"J'habite à Mérignac, près de la salle de sport Jules Ferry, répond Suzanne.
Pareil, à Mérignac, fait Elia.
- Moi j'habite près de Pessac. Et toi ? Me dit Nora.
- À Bassens, de l'autre côté. C'est près de la Garonne.
- Ouais, je vois."
On recommence à manger, il y a un gros silence. Puis :
"Salut ! On peut s'asseoir ? C'est Luc. Et Maël."
Suzanne acquiesce en silence. Les deux gars s'installent l'un en face de l'autre, Maël à ma gauche. Il a les yeux rieur, ce qui m'énerve d'autant plus quand je vois la tête que fait Elia :  elle essaye tant bien que mal de contenir ses émotions. Elle ne lève pas les yeux et lâche brusquement sa fourchette.
"Ça se passe bien cette première journée ?" demande Luc.
Personne ne répond. Je sens une tension si dense qu'elle est presque palpable.
"Pour moi ça va, mais toi Elia, ça n'a pas l'air d'aller fort, je me trompe ? " répond Maël.
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elia se lève en renversant violemment sa chaise, prend son plateau et s'éloigne à grands pas. Suzanne la suit presque en courant. Je regarde Nora, ne sachant pas quoi faire. Elle me fait un signe de tête et on se lève à notre tour.
« Vous partez déjà ? »
Je hausse les épaules et me dirige vers la sortie, Nora sur mes talons. Je dépose mon plateau et marche jusqu'à Suzanne et Elia assises sur les marche qui descendent vers la cour. Suzanne à le bras sur l'épaule d'Elia qui a enfoui son visage dans ses mains. Je m'assoit à côté d'elle et Nora fait de même.
Elia relève la tête. Elle a les yeux rouges et son mascara a un peu coulé.
« Quel con. Il l'a fait exprès. »

Le chapitre 6 arrive bientôt!

La fille aux carnetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant