Chapitre 2

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Je rejoins mon arrêt de bus, comme chaque soir, et j'attends, entourée des mioches du collège qui m'explosent les tympans. Le bus arrive enfin et je me précipite à l'intérieur pour trouver une place assise. Je m'installe près de la vitre et laisse la place de gauche disponible puis, je regarde le paysage défiler sous mes yeux, perdue dans mes pensées. 

N-O-A-H, quatre lettres qui ont profondément changées ma vie. Et automatiquement je revois l'autre, l'innommable, le terrible, l'ordure, le salop, celui qui a traumatisé mon enfance. Bientôt, me rassure ma conscience, bientôt le procès aura lieu et vous serez de nouveau réunis. Je lui fais confiance et souris. Bientôt, c'est long, mais à la fois si court ; vivement bientôt que mon cœur se réveille.

Quelqu'un s'assoies à côté de moi mais je n'y prête pas attention. Je suis trop perdue dans mes souvenirs pour m'intéresser au présent et ce qui s'y passe. Je repenses à ces vacances, son visage, son sourire, nos sorties au D'3 chaque soirs, nos danses effrénées et nos fou-rires. Elle m'avait tant manquée. Ça me fait mal de mentir à Bianca, mais elle ne connait pas cette partie de ma vie. J'ai sauté le passage sentimental de Bordeaux, j'ai évité toutes ses questions sur mes amis et ma vie amoureuse là-bas. Je ne dois pas en parler, je ne veux pas en parler, pas tant qu'il est toujours en liberté, toujours à ma recherche. J'ai peur...

- De quoi ? De moi ? Elle est mignonne, je ne vais pas te manger tu sais. T'es pas mon genre de toute façon.

Je me retourne brusquement et remarque alors la dernière personne que je m'attendais à trouver assise à côté de moi : Florentin. Il rit innocemment et me regarde droit dans les yeux d'un regard qui me déstabilise. Je tourne mes yeux vers le paysage et me contente de répondre :

- J'ai pensé tout fort. Désolé pour ton ego, bichette.

Il rit de plus belle, ce qui a tendance à irriter ma fierté. Qu'est-ce qu'il me veut celui-là ? Jamais il ne me parle, on se déteste trop pour ça. Lui, c'est le bad-boy populaire, le plan cul officiel d'Astrid, et moi je suis la prétendue sainte-ni-touche, intello, qu'il ne faut surtout pas énerver parce que, sous ses airs de petit ange, c'est un vrai pitbull.

- C'est qu'elle a de la réparti la petite, s'exclame-t-il, ça te rend presque aussi sexy que de te dandiner sur la piste.

Quoi ? Mais de quoi parle-t-il ? Je lui offre toute mon attention et me tourne face à lui. Il a ce petit sourire en coin qui me rend folle et je lui lance mon regard le plus noir. 

- Le D'3, samedi soir, m'explique-t-il, Armel a bien bandé en vous voyant ta copine et toi. C'est que t'es sacrement sexy quand tu te frottes comme ça, je t'aurais bien baisé, là, comme ça, si t'avais pas été...

- Si j'avais pas été quoi ?, m'énervé-je.

- Bah tu sais, toi... moi... enfin tu vois, quoi !

- Oui, je vois très bien, répliqué-je de mon ton le plus calme avec mon sourire le plus faux, moi, la gentille et intelligente Isadora qui va réussir sa carrière d'ingénieure, et toi, Florentin Coleman, le connard par excellence. Oui, je vois très bien la scène, tu serais venu, je t'aurais refait le portrait et tu serais retourné pleuré dans les jupons de maman. Maintenant, pardon, je descends, c'est mon arrêt. 

- À demain princesse, me susurre-t-il lorsque je passe devant lui pour atteindre les portes.

Je rougis et évite son regard, hors de question de lui montré l'effet qu'il me fait. Sérieusement, il devrait y avoir une loi contre ce genre d'énergumènes. On ne devrait pas avoir le droit d'être beau, séduisant et irrésistible si l'on est con, macho et insupportable. Je devrais faire part de cette idée d'amende au président... ah pardon, je ne connais pas le président. Tant pis !

Le secret d'IsadoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant