Il fait nuit lorsque mon avion se pose. Je tremble comme une feuille, mon cœur bat à cent à l'heure, ma respiration est haletante et ma voix essoufflée ; je suis dans un état entre la surexcitation et la folie. Je rejoins la file d'attente de la douane en essayant de reprendre le contrôle de mon souffle. J'arrive au guichet et tend ma pièce d'identité au quinquagénaire qui me la demande. En lisant mon nom, il relève la tête pour me dévisager. Je fais mine de ne rien remarquer et patiente. Quand finalement il me rend ma carte, il marmonne assez fort pour que j'entende :
- Ça allume tout le monde puis sa part en courant à l'autre bout du pays, et quand ça revient faudrait enfermer tout le monde. Ah mon Dieu, je vous jure !
Je feins d'ignorer sa remarque, même si elle me touche en pleine poitrine, et je fuis jusqu'à la salle des bagages. Je sens plusieurs regards tournés vers moi mais j'avance tête baissée. J'attrape ma petite valise et me dirige vers la sortie, les policiers m'ont bien expliqués que je serais livrée à moi-même une fois en ville, mon agresseur potentiel étant en garde à vu jusqu'à samedi. Je n'ai pas d'argent alors je traîne ma valise et mon corps fatigué à travers les rues sombres de la ville.
Vers dix-neuf heures, je retrouve enfin le quartier calme et rassurant de mon enfance. J'arpente les allées plus sereinement jusqu'à atteindre la propriété des Lewis. Cette fois encore, mon cœur bat la chamade, mais ce n'est plus par peur mais par excitation. Je sais qu'ils ne sont pas là, il n'y a que lui, Sarah m'a expliqué qu'ils s'offraient quelques jours en Martinique rien que tous les deux. Quand à elle, elle profite de squatter chez "une amie" qui en réalité à quelque chose de pas très féminin entre les jambes et dort dans l'annexe de son jardin. Quel beau concours de circonstances !
Je suis sortie de mes pensées par Jenifer qui a, semble-t-il, reconnu mon odeur puisqu'elle s'agite de l'autre côté du portail.
- Chut !, murmuré-je, Tu vas me faire repérer !
Je glisse ma main entre les barreaux pour attraper la poignée et en quelques secondes je rejoins ma plus fidèle confidente. Elle me saute au cou sans faire trop bruit, me lèche les joues à n'en plus finir et cherche à m'entraîner vers le jardin. Je referme le portail derrière moi et la suit de loin :
- Non Jen, pas maintenant ! On jouera demain, il est tard et je veux me coucher.
Elle émet un couinement si adorable que je succomberais presque mais la lumière qui rayonne depuis le salon m'attire bien plus. Je m'approche silencieusement de la maison pour espionner à travers la fenêtre. Il est confortablement installé dans son canapé, devant Walking Dead, une boîte de pizza et une bière à la main. Je me décide à faire mon entrée, la nuit est fraîche et je n'ai rien avalé depuis ce midi. Comme d'habitude, la porte est restée ouverte alors je ne peine pas à rentrer au chaud. Je dépose doucement mes affaires dans le hall puis m'appuis dans l'encadrement de la porte qui donne sur le salon. Je toque trois coups sur la porte et attends qu'il se retourne. Il lâche sa bière qui se brise sur le parquet lorsqu'il s'aperçoit de ma présence.
On reste là un moment à se dévisager. Il est toujours aussi beau. Etant seul, il s'est mis à son aise en simple jogging me laissant admirer son magnifique torse bien musclé. J'adore sentir son regard bienveillant se poser sur moi et me dévorer encore et encore. Sa simple présence me rend toute chose et ce silence ne fait qu'accentuer mon état entre gène et désir.
- Isadora, souffle-t-il, qu'est-ce que...?
- Ils sont venus me chercher après les cours, le coupé-je, puis ils m'ont mise dans un avion. Je passe devant la cours samedi matin à dix heures.
Il se recule pour me laisser un peu de place sur le canapé. Je le rejoins sans jamais le quitter des yeux et m'assieds tout près de lui. Je pose innocemment ma tête contre son torse chaud et il ramène son bras autour de mes hanches.
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Le secret d'Isadora
Teen FictionElle, Isadora Thompson, 16 ans, petite blonde discrète sans histoire, habite un petit village de région parisienne. Lui, Noah Lewis, 19 ans, grand brun ténébreux, attend de connaître la sentence qui annoncera s'il peut enfin quitter Bordeaux. Tous d...