Grace souffla sur son thé et ramena la tasse à ses lèvres. Elle constata que ses mains tremblaient toujours, les événements de la veille l'avaient complètement chamboulée.
Et Savana n'arrangeait rien.
— Tu sais pour le tableau, ce n'est pas si grave qu'il soit coupé. Lança-t-elle en agitant le torchon au-dessus de la poêle.
Grace se leva pour sauver leur petite cuisine avant qu'elle n'y mette le feu.
— Donne-moi ça Savana avant que le détecteur s'allume et que l'on soit obligé d'évacuer l'immeuble.
Elle plissa son nez en souriant et lui donna la spatule.
Grace jeta les pains de cakes brûlés pour en refaire d'autre.
— Pardon d'avoir pris cette photo pitoyable, mais je tremblais tellement par peur de me faire prendre.
Elle fit un mouvement circulaire du poignet pour former la pâte dans la poêle et reprit.
— Et j'ai bien failli, tu sais !
Elle retourna les pains de cakes et se retourna vers Savana.
— Tu as interviewé Monsieur Graïyos tu te rends compte ?
Le sourire rêveur de Savana la fit rougir.
— Ce n'était pas une véritable interview Savana c'était une catastrophe, je me suis ridiculisée.
— Mais on s'en moque de ça ! Dit-elle d'un ton râleur.
— Pas moi ! C'était horrible, il a même finit par faire les questions et les réponses !
Savana se pencha sur le petit plan de travail.
— Les pains de cakes brûlent Grace. Chuchota-t-elle.
Grace se retourna et coupa le feu avec un petit hoquet.
— Tu trouves ça drôle ? Bon sang Savana tu te rends compte dans quel pétrin je me suis mise pour toi !
Elle souffla.
— Je sais, mais avoue quand même que c'est....whoua....
Grace leva les yeux au ciel.
— Comment il est ? Demanda-t-elle en posant ses coudes sur la table, mains sur ses joues.
Grace lécha sa cuillère et tenta de réprimer des rougeurs.
— Il est...extrêmement imposant, il sait ce qu'il veut et c'est très troublant.
Elle déposa les pains de cakes sur la table.
— Et physiquement ? Il est comme sur les magazines ou pas ?
Le milliardaire le monta de nouveau à l'esprit, son visage, sa carrure, ses épaules larges et imposantes...
— Il est....c...c'est un très bel homme. Bégaya-t-elle.
Savana poussa une exclamation amusée.
— Et bien je vois ça !
Grace prit une bouchée de son pancakes en la fusillant du regard.
— Si tu avais été à ma place crois-moi, tu...
— Si j'avais été à ta place je l'aurais supplié pour qu'il me fasse...
— Stop ! Ça suffit oh seigneur Savana !
Son amie avait gardé les yeux en l'air, rêveuse, s'imaginant sûrement son fantasme en mâchant lentement son morceau de pancakes.
Grace exprima son dégoût dans un souffle et la laissa dans ses rêveries pour aller se préparer. Elle s'enferma dans la salle de bains et retira ses vêtements. Revoir ses yeux étranges l'aidait à lui remonter le moral. Si particuliers ils étaient, Grace avait l'impression de par leur couleur, être camouflée ou du moins elle tentait de s'en persuader.
Elle enfila un vieux pantalon et une blouse en jean assez grande pour contenir une deuxième personne.
Quand elle sortit de la salle de bains, Grace s'attendait déjà à subir les critiques de Savana qui visiblement était sortie de sa torpeur.
— Ne dis rien s'il te plaît je dois repeindre un étalage aujourd'hui.
Elle leva les mains en l'air mine de rien.
Grace attrapa son sac.
— Bien, alors à tout à l'heure. Soupira-t-elle en lui envoyant un baiser.
— À tout à l'heure !
Grace prit la route de son travail sans avoir le moral au beau fixe, les mains dans les poches le regard fixé sur ses chaussures, elle fut pensive tout le long du trajet avant que sa patronne ne la ramena à la réalité.
— Oh seigneur mademoiselle Lynnshe que vous est-il arrivé ?
Grace dévisagea sa patronne qui prenait son air supérieur comme à sa grande habitude.
— Je viens repeindre l'étagère comme il était convenu.
Elle la jaugea avec un sourire crispé qui se transforma bien vite en une grimace.
— Dans cette tenue ?
Grace avala sa salive, serra les dents sans ciller.
— Je ne vais tout de même pas peindre avec un tailleur. Répliqua-t-elle en baissant les yeux sur sa tenue.La femme aux allures debonne bourgeoise crispa sa bouche.
— Bien ! Alors vas-y qu'est-ce que tu attends ?
Grace bifurqua sur sa gauche vers les étagères tout en poussant deux, troisjurons.
Des jobs pour combler les fins de mois, elle en avait eu des tonnes, maiscelui-ci était de loin lui plus pénible.
Les regards hautains ne cessèrent de remplir le magasin chic, homme et femmearrivant de la banlieue chic de Manhattan. Grace devait chaque jourapprendre à vivre avec leurs regards posés sur elle.
Et ses yeux n'arrangeaient rien.
Grace appliqua le vernis sur le bois à l'abri des clients.
Ses mouvements devinrent presque machinaux, les yeux rivés sur son pinceauelle baissa la tête jusqu'à devenir transparente. La porte du grandmagasin n'avait de cesse de s'ouvrir et de se refermer.
Grace n'y faisait guère attention, elle retroussa ses manches et posal'étagère sur les tréteaux pour qu'elle sèche.
Elle essuya le pinceau et passa dans l'arrière-boutique pour se nettoyerles mains, elle jeta un coup d'œil à la pendule.
Il lui restait plus qu'une heure avant de partir, Grace comptait lesminutes, impatiente de quitter la boutique.
Elle repassa dans la boutique et replaça les vêtements laissés à l'abandon dansles cabines.
Mais quand elle se retourna, une étrange silhouette noire l'obligea à releverla tête.
Grace hoqueta violemment et s'arrêta.
Sans cœur cessa de battre.
Son ventre se noua.
Le milliardaire qu'elle avait dupé il y a à peine vingt-quatre heures se tenaiten face d'elle. Son regard impassible se transforma en une expression desurprise, quand il fit un pas vers elle, Grace recula farouchement.
C'était ses yeux qu'il regardait avec insistance. Mais curieusement cen'était pas de la curiosité qui se reflétait, mais de l'admiration.
Puis ses sourcils se crispèrent, les commissures de ses lèvres prirent un plidangereux. Vêtu d'un élégant manteau noir, il devint subitementl'homme qu'il fallait fuir à tout prix.
— Bonjour mademoiselle Marshall...ou devrais-je diremademoiselle Lynnshe ? Déclara-t-il en sonnant le glas de sadernière heure.
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Un troublant milliardaire
RomancePénétrer dans l'une des plus grande entreprise de New-York pour photographier un tableau ? Grace accepte pour sauver son amie, mais l'angoisse la submerge peu à peu quand elle se retrouve nez à nez avec le grand patron Roderik Graïyos...un puissant...