Chapitre 14

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Grace fut forcée de constater qu'elle était mécontente d'être partie de la tour en cristal aussi vite. Il lui avait expliqué l'importance des rendez-vous qu'il l'attendait, elle avait même pu voir un éclat de regrets dans ses yeux.
Mais il avait tout de même soumis son souhait d'avoir les photos dès ce soir...c'est bien pour ça qu'elle était dans la chambre noire de Grégoire, un ami de longue date, qui lui aussi était un passionné de photo.
— Grace ces tableaux valent une fortune colossale.
Elle se sentait affreusement naïve, mais accusa le coup. Après tout elle n'était pas une spécialiste, elle aimait seulement les étudier.
— L'homme qui m'a demandé de les photographier veut les vendre.
Grégoire prit une expression de stupéfaction.
— Mon dieu cet homme va devenir riche !
Grace épingla la photo.
— Il est déjà riche Grégoire.
Grégoire semblait dépassé et l'observa d'un air dubitatif.
— Vraiment ? Parce que là, il y en a au moins pour dix-huit millions de dollars. Dit-il en désignant les photos.
Grace manqua de reverser le liquide où baignait la dernière photo. Elle glissa un regard sur les photos et sur lui.
— Dix-huit millions de dollars ? Répéta Grace sans parvenir à y croire.
— Oui tu as bien entendu dix-huit millions et encore je pèse mes mots.
Elle se sentit soudainement mal, s'imaginant le pire. Et si quelqu'un tentait de lui voler ces photos pour se faire de l'argent.
Elle se précipita pour retirer la dernière photo et se mit à la secouer pour qu'elle sèche rapidement.
— Grace ? Est-ce que tu vas bien ?
— Ou...oui c'est juste que j'aie oublié que j'avais un truc important à faire.
Grace rangea les photos dans son sac et lui fit un signe avant de sortir de la chambre à toute vitesse, son sac précieusement collé contre sa poitrine.
La paranoïa la guettait, Grace se mit à regarder autour d'elle anxieuse.
Elle n'avait pas pris de taxi, elle était tombée durant sa course et s'était retrouvée honteusement piégée dans un feuillage.
Le chauffeur de l'homme à l'origine de ses frayeur accourut quand il la vit sortir de nulle part les pieds nus.
— Mademoiselle ! On vous a agressé ?
Grace cracha la feuille collée sur ses lèvres.
— Non ! Emmenez-moi voir monsieur Graïyos.

Hélios l'aida à monter dans la voiture, Grace relâcha toute son aire.
Elle se sentait presque en sécurité, peut-être qu'elle en faisait un peu de trop, mais se trimballer avec des photos dont le contenu était rare était dangereux.
N'avait-elle pas lu dans le journal il y a peu qu'un homme avait écopé de trois ans de prison pour avoir photographié des pièces uniques dans le but de se faire de l'argent ?
Son cœur se mit à palpiter alors qu'Hélios avait fermé la vitre qui les séparait.
Son genou la brûlait.
Mais le principal était d'avoir les photos saines et sauves.
La voiture s'engagea dans de beaux quartiers avant que plus rien ne soit visible, quand Helios tourna dans un chemin qui montait et s'arrêta devant un portail cerné par les arbres, dont l'un était un magnifique saule pleureur.
De hauts murs d'enceintes munit d'une caméra de surveillance s'allongeaient sur une distance sans fin.
Grace en resta bouche bée et oublia son périple pendant un instant.
Le portail s'ouvrit électriquement, le maître incontesté des lieux se glissa entre les deux battants à peine ouvert et se précipita vers sa portière.
Signe qu'il était au courant de son mélodrame ridicule.
Ses mains se crispèrent sur ses épaules pour l'aider à sortir, Grace tenait toujours son sac bien fermement contre elle.
— Que s'est-il passé ? Qui vous a fait ça ? Demanda-t-il d'un ton cinglant en écartant ses cheveux de son visage.
La sensation, de son pouce pressé sur sa pommette lui fit fermer les yeux.
— Mon même...j'ai...
Elle vacilla.
Quand elle rouvrit les yeux, elle le vit tête baissée sur ses pieds. Une expression d'horreur passa sur son visage.
— Venez !
Grace lui suivit tandis qu'il l'avait pressé contre lui, tout en avançant.
Il se mit à échanger quelques mots avec Helios sans s'arrêter de marcher.
Elle trouva la force d'oublier sa main sur sa taille et regarda avec stupéfaction la grande et magnifique villa de l'homme, perchée en hauteur.
Quand ils montèrent les marches en pierre, son étreinte fut presque étouffante, il la serrait si fort que même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas pu s'enfuir.
La grande porte n'était plus qu'à quelques mètres, quand il l'ouvrit, Grace manqua de souffle. Le hall représentait déjà la perfection. Une légère odeur de bois enivrait ses narines. C'était silencieux, le même bruit d'église se fit entendre quand il claqua la porte.
Grace leva la tête vers l'immense escalier en bois, cette couleur acajou était aussi présente que dans son bureau, signe que cette couleur était l'une des préférées de l'homme. Elle continua de promener son regard sur l'immense villa au dédale de couloirs. Elle perçut toute suite que l'intérieur avait un petit côté avant garde, moderne, tout en gardant un aspect ancien.
Ce qui lui coupa de nouveau le souffle.
— Maintenant que vous êtes à l'abri, je peux savoir ce qu'il vous est arrivé ? Demanda-t-il avec une petite pointe d'impatience dans la voix.
Il l'emporta avec lui vers une pièce jouxtant le hall et l'obligea à s'asseoir sur un canapé en L nappé d'un cuir tout aussi semblable que celui des fauteuils de son bureau.
— Et bien, j'étais en train de m'occuper de vos photos lorsque mon ami Grégoire m'a dit que les tableaux que vous m'avez demandé de photographier valaient une fortune.
Grace marqua une pause quand il prit place sur le rebord de la table en verre, pour se pencher en avant.
— J'ai été prise de paranoïa, j'ai cru que... qu'on allait me piquer les photos alors j'ai couru et je suis lamentablement tombé.
On ne pouvait pas faire mieux. Pensa Grace en attendant qu'il réagisse.
Il baissa les yeux vers son genou, puis se leva en direction de la sortie d'un pas bourru.
Grace en profita pour se maudire en silence, d'avoir était aussi stupide, elle perdait tous ses moyens et n'arrivait plus à réfléchir en sa présence.
Il revint à elle, la mine dure, il reprit sa place et prit entre ses mains son genou écorché.
— Laissez-moi faire ne bouger pas.
Grace serra les dents, quand son pouce frôla sa blessure. Avec un petit coton il lui appliqua quelque chose de froid, il resta concentré dessus.
— Ce qu'il s'est passé et entièrement de ma faute, commença-t-il sans quitter son genou des yeux, je n'ai pas pris conscience du danger, car vous avez raison, si quelqu'un avait tendu l'oreille ou bien jeté un œil sur les photos, vous auriez pu être agressée.
Une expression d'horreur se peignit sur son visage.
Donc elle n'était pas totalement folle, il l'avait mise en danger sans s'en rendre compte.
— Heureusement je me suis montrée très discrète. Assura Grace avec de tiquer.
— Sauf quand je suis tombée, là c'est vrai que l'attention était portée sur moi, mais heureusement, j'ai serré mon sac aussi fort que je le pouvais !
L'enthousiasme à le dire, arracha un sourire à l'homme. Ses doigts continuaient de frôler sa peau, sa grande main lui entourait presque son mollet, Grace faisait en sorte qu'il ne voit pas ce qu'il était en train de le prodiguer comme sensation. Mais il fallait qu'il s'arrête avec qu'elle ne fasse une crise épidermique.
— Une seule photo de l'un de mes tableaux, doit valoir vingt mille dollars. Expliqua-t-il en relâcha son mollet.
— J'ai eu tort de vous avoir laissé partir, c'est la première fois que cela m'arrive, je déteste ça ! Dit-il entre ses dents.
Grace se mordit la lèvre et récupéra son genou.
— Je vais bien, je n'ai rien. Assura-t-elle en sortant les photos de son sac.
Il lui arracha des mains pour les balancer sur le fauteuil à sa gauche. Il leva son regard sur elle, impassible.
— N'essayez pas de me trouver des excuses Grace, je n'aime pas ça.
Elle serra les lèvres face à son ton presque méprisant. De toute évidence, il n'était pas content de lui, il ne cherchait même pas à le cacher. Grace se leva sur ses jambes cotonneuses, il leva la tête puis se leva, laissant sa hauteur la dominer.
— Que faites-vous Grace ?
— Je m'en vais, mon travail est fini maintenant.
Il secoua négativement de la tête.
- Vous n'allez pas partir, vous allez rester là pour la nuit, il se fait tard, il commence à pleuvoir et j'ai renvoyé Helios chez lui.



Un troublant milliardaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant