Chapitre 5

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Grace devint écarlate, seule petite musique tamisé pouvait s'entendre. Elle était démasquée, pourtant, elle avait prié pour que ce moment n'arrive jamais. Sa gorge se serra, ses mains se crispèrent sur les cintres.
Au moment où l'imposant milliardaire fit un pas vers elle, sa patronne le stoppa à son arrivée.
— Monsieur Graïyos c'est un honneur de vous avoir ici, que puis-je faire pour vous ?
Grace détourna le regard vers elle, mais sentit le regard insistant de l'homme sur elle.
Était-ce le moment de s'enfuir ?
Elle n'allait pas tarder à le savoir....elle se glissa vers sa patronne, la contourna les yeux baissés.
Une main aussi ferme que du béton encercla son bras.
Forcée de se rendre à l'évidence, elle releva pour croiser ceux de l'homme.
Son expression se changea de nouveau.
Elle espérait que ses yeux vairons l'aident, car il les observait avec tant d'insistance qu'elle les soupçonnait d'avoir changé de couleur.
Son œil vert émeraude et son œil noisette étaient peut-être sa seule chance de l'attendrir.
— Je souhaiterais acheter un costume et j'aimerais que cette demoiselle m'aide.
Ignorant les battements de son cœur, Grace devait se ressaisir au plus vite.
— Je ne peux pas j'ai du travail...
Peine perdue, il lui adressa l'un de ses regards qui confirma la redoutable dangerosité de l'homme et tourna la tête vers sa patronne.
— Qui consiste à servir les clients, au travail mademoiselle Lynnshe. Déclara-t-elle en s'éclipsant.
Une fois seule avec lui, Grace devait s'en remettre maintenant au destin.
Il relâcha son bras.
— Je veux une chemise noire, une cravate noire.
Le pourpre lui monta aux joues.
— Toute suite monsieur.
Grace pivota en manquant de vaciller.
Elle se fondit dans la masse de costume en prenant le temps de chercher. Ce qui lui permettait de trouver une bonne explication pour hier.
Mais sa présence était là juste derrière elle, sa main passa juste à côté de son bras.
— Celle-ci, s'exclama l'homme en attrapant une chemise.
Ses doigts se resserrèrent sur son bras. Étourdie, elle se laissa transporter vers les cabines.
— Trouvez-moi une cravate mademoiselle Lynnshe. Il avait disparu dans la cabine, Grace était sûre qu'il n'avait pas besoin de chemise. Il était là pour exiger des réponses.
La tentation de s'enfuir était trop forte, Grace réprima l'envie de courir quand elle vit le rideau bouger.
Un sentiment d'ambiguïté la submergea, Grace avait le regard fixé sur la cabine, tenant une cravate noire entre ses mains moites.
D'un mouvement, il en sortit en boutonnant les manches de la chemise.
Ce bref instant aurait pu lui servir s'il n'était pas sorti en plantant son regard dans le siens.
— Alors mademoiselle Lynnshe, commença-t-il d'une voix profonde et très grave, allez-vous me dire ce que vous faisiez dans mon bureau ou je dois le deviner tout seul ?
Grace tortilla la cravate entre ses doigts.
— J'étais perdue.
Il haussa un sourcil.
— Ah vous étiez perdue ? Vraiment ?
Son ton était faussement surprit.
Il se rapprocha d'elle, l'obligeant à se reculer.
Elle entra en contact avec le mur.
— Ou..oui mais il y a bien pire. Avoua Grace.
Il posa sa main au-dessus de sa tête, elle leva la tête pour planter son regard dans le siens.
- Ah ? Qu'est-ce qu'il y a de pire que de pénétrer dans un bureau en prétextant être une journaliste ?
Elle déglutit.
- Photographier un tableau en tout illégalité. Dit-elle en s'étranglant.
Il fronça des sourcils.
— Je vous demande pardon ?
— Mo..mon amie passe un examen des plus importants et...elle m'a demandé de prendre en photo le tableau qui se trouve à l'accueil.
Voilà, c'était dit....elle ne pouvait plus rien faire que d'attendre la sanction du propriétaire de ce tableau.
Son expression demeura impassible, ce qui l'empêcha de savoir quel sentiment était en train de le traverser.
— Vous savez que c'est illégal n'est-ce pas ?
— Oui bien sûr et je ne voulais pas le faire c'est...
— Mais vous l'avez fait quand même. Rétorqua-t-il avec un calme extrêmement troublant.
Elle respira, pour reprendre son souffle emportant avec elle l'odeur de ce dernier.
— Je suis désolé monsieur Graïyos.
Il l'observa en silence.
La musique d'ambiance qui avait des allures d'opéra l'empêcha de s'évanouir.
— Vos yeux ? Ils étaient marrons ?
Grace battit des cils et posa le bout de ses doigts sur sa tempe.
— Savana a jugé bon de les cacher pour ne pas attirer l'attention.
— Et bien votre amie avait visiblement tout prévu. Fit-il remarquer en se pinçant les lèvres.
Grace baissa sa main et jugea bon de rester silencieuse pour ne pas attiser sa colère.
— Les photos ? Vous les avez ?
— Dans mon sac juste là. Dit-elle en le désignant d'une main.
Avec aisance il se redressa pour aller le chercher.
— Mais..mais vous allez sûrement rire je. Bégaya-t-elle en se décollant du mur.
Il fouilla dans son sac, les prit et détailla son travail lamentable.
Il releva la tête, impassible, ses traits furent immobiles et inquiétants.
— Comme vous pouvez le voir mademoiselle Lynnshe j'ai bien ri...
Rouge comme une pivoine, elle replaça des mèches rebelles tombées le long de sa joue.
— Vous êtes photographe ?
— Non c'est juste une passion et ma main à trembler c'est pour ça qu'elles sont coupées.
Il s'avança en agitant les photos.
— Vous avez fait tout ça pour rien alors mademoiselle Lynnshe.
Son cœur se mit à ralentir, les photos lamentables allaient peut-être lui sauver la vie.
— En effet c'est ça.
Il plaça les photos dans la poche arrière de son pantalon.
— Ce tableau vaut deux millions de dollars mademoiselle Lynnshe vous avez pris un gros risque.
Elle écarquilla les yeux.
Les mots lui manquaient.
— Allons venez me mettre la cravate. Ordonna-t-il en montant sur l'estrade au tissu de velours bordeaux.
Son exigence la troubla, ses jambes tremblaient, son cœur reprit un rythme effréné.
Son regard était sévère...une sévérité constante.
Était-il né avec ?
Au bout de ses réflexions absurdes, Grace avança en trainant des pieds.
Elle leva son pied et glissa pour s'étaler sur l'estrade.
Une poigne lui avait saisi les épaules et la releva en la soulevant déterminé à la placer au bon endroit.
Elle aurait préféré rester par terre la tête baissée sur le velours.
— Vous êtes blessée ? Demanda-t-il inquiet.
Elle secoua de la tête frénétiquement tout en essayant de faire disparaître sa honte visible sur sa peau diaphane.
Roderik examina la jeune femme alors qu'elle regardait autour d'elle hagard.
Ses yeux l'avaient violemment troublé, quand elle releva son œil vert émeraude il passa à une couleur noisette, puis retrouva sa couleur. Il serra la mâchoire pour la sentir s'engourdir sous la pression.
Elle descendit de l'estrade avec une maladresse presque insoutenable pour se saisir d'une petite marche.
Elle la position devant ses pieds et remonta pour y poser ses pieds.
Il abaissa sa tête pour qu'elle puisse passer la cravate.
Il croyait en son histoire de tableau, même s'il avait émis quelques doutes avant qu'elle lui avoue avec franchise déconcertante.
Il resta silencieux, tête droite, mais les yeux baissés sur elle.
Il pouvait sentir sa nervosité au bout de ses doigts. Sa bouche refusait de s'ouvrir, pourtant Roderik était pris d'une violente envie de l'embrasser jusqu'à ce qu'elle le supplie d'arrêter. Il écarta cette image salace de son esprit et prit une profonde inspiration.
— Voilà j'ai terminé.
— Je la prends. Dit-il subitement.
Elle esquissa un faible sourire.
Roderik la laissa sur l'estrade pour rentrer dans la cabine il retira la chemise et la cravate en laissant le rideau entre ouvert.
Il distingua sa silhouette descendre et encore une fois, elle regardait autour d'elle complètement perdue.
— Bon sang. Jura Roderik à voix basse.
Il remit sa veste sans la quitter du regard en s'assurant qu'elle ne bouge pas.
— Je vais prendre les deux.
— Très bien monsieur Graïyos. Murmura-t-elle.
Sa voix mélodieuse lui arracha un juron inaudible.
Elle était habillée avec des vêtements amples, impossible de distinguer ses formes. Quand elle passa derrière le comptoir, il pouvait voir clairement dans ses yeux vairons l'impatience d'en finir avec lui.
Ce qui lui arracha un faible sourire machiavélique.
— Venez demain à mon bureau je vous laisserais photographier le tableau.
Elle releva les yeux, surprise.
Elle retira les antivols d'un geste lent.
— Vraiment ? Alors..vous n'allez pas me mettre en prison ?
Roderik réprima son incrédulité en restant neutre.
Cette petite chose timide en prison ? Il n'y avait pas pensé une seule fois.
— Non soyez sans crainte, alors vous viendrez ?
Elle hésita, il crispa ses doigts sur son portefeuille à deux doigts de transformer sa proposition en un ordre.
— Oui d'accord, je viendrais.
Toujours neutre il lui tendit sa carte.
Elle lui glissa quelques regards à la dérober en mordant la lèvre.
Roderik récupéra ses paquets et se dirigea vers la sortie.
— Bien alors à demain mademoiselle Lynnshe.
Il quitta les lieux sans lui laisser le temps de répondre alors que son prénom " Grace " lui avait brûlé les lèvres.

Un troublant milliardaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant