Chapitre 18

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Grace s'était enfermée dans la salle de bains et refusait d'en sortir. Son cœur s'emballa toutes les cinq minutes et bien plus encore quand des coups avaient retenti à la porte d'entrée.
Le souffle court elle tendit l'oreille contre la porte de la salle de bains.
— Bonsoir mademoiselle James, Grace n'est pas ici ?
Sa voix était tendue.
— Si elle est ici, enfermée dans la salle de bains, elle refuse d'en sortir et j'ai tout essayé.
Aussitôt Savana eut fini de parler que des coups doux et presque silencieux avaient cette fois-ci retentis contre son oreille.
— Grace ? Ouvrez-moi. Ordonna-t-il sans élever la voix.
Elle jaugea la porte, le visage tordu par l'anxiété qui la gagnait depuis qu'elle avait enfilé cette robe hors de prix.
Mais un magnétisme la poussa à déverrouiller la porte.
La porte s'ouvrit.
Il passa sa tête puis pénétra à l'intérieur, en prenant le soin de refermer derrière lui.
Sa mâchoire se contracta, son regard se posa sur elle, c'était brûlant, sa respiration devint un moment brutal. — Vous êtes à couper le souffle.
Il était vêtu d'un élégant costume trois pièces, il dégageait un charme terrifiant.
— Pourquoi refuser de sortir ? Demanda-t-il tout en laissant ses yeux vagabonder sur elle encore et toujours.
— Je me sens nerveuse.
— Vous n'avez pas à l'être, vous êtes magnifique Grace.
Roderik était complètement chamboulé, ses grands yeux vairons éclairés par l'éclat d'un léger fard à paupières étaient impossible à décrire.
Ses lèvres charnues peintes de rouge donnaient envie de les embrasser. Ses longs cheveux ornés d'un feuillage semblable aux dessins cousus sur la robe, étaient brillants et magnifiques. Il dut combattre son intérieur et le désir qui sifflait violemment en lui pour se retenir de l'embrasser dans cette salle de bains si étroite que l'odeur de rose et de jasmins qu'elle dégageait enivrait son esprit.
— Donnez-moi la main...
Docile, avec un léger tremblement elle la glissa dans la sienne.
Il rouvrit la porte sous le regard curieux de son amie. Il lui lança un sourire courtois.
Après tout...sans elle, jamais il n'aurait rencontré le petit bout de femme accrochée à sa main comme si sa vie en dépendait.
— Il est temps d'y aller maintenant. Déclara-t-il en invitant Grace à sortir.
— Oh mademoiselle James ?
Grace se retourna, l'homme irréel qui avait jeté son dévolu sur elle se retourna vers Savana et sortir une enveloppe de sa poche intérieure.
— C'est pour vous, félicitation pour votre examen.
Hein ? Mais comment il le savait ?
— Mais il ne fallait pas ! Qu'est-ce que sait ?
— Une semaine à Paris pour deux, tout frais comprit et vous séjournerez à l'hôtel Ambassador Paris Opéra.
Grace écarquilla les yeux en même temps que Savana. C'était beaucoup trop !
— Oh mon dieu c'est trop monsieur !
— Ça me fait plaisir, au revoir mademoiselle James.
La main de l'homme se pressa contre la sienne, elle n'eut que le temps de jeter un coup d'œil à son amie qui silencieusement fit exploser sa joie.
Ils descendirent les marches avec précaution, il l'aida à soulever la cape et lui adressa un sourire qui l'enveloppa entièrement.
— C'est beaucoup trop, Savana ne va pas s'en remettre, vous savez ? Dit-elle enfin quand ils furent dans la voiture.
— Sans elle, je ne vous aurai jamais rencontré.
Il marqua une pause.
— Si elle n'avait pas voulu la photo de ce tableau jamais vous n'auriez atterri dans mon bureau.
Il marquait un point.
Le trajet continua dans un silence très adouci par le clair de lune.
Grace avait peu à peu repris son souffle, l'espoir de passer une soirée agréable l'avait détendu.
— Vous êtes magnifique Grace j'en perds mes mots.
Elle avait décelé dans sa voix une pointe de colère.
— Alors pourquoi vous semblez en colère ?
Il quitta la route pour planter son regard dans le siens.
— Parce que je vais devoir vous garder à l'œil ainsi que tous les hommes présents à cette soirée.
Grace rougit et se sentit pour la première fois en sécurité. Elle posa ses mains jointes sur ses cuisses et observa la route songeuse.
Monsieur Graïyos semblait avoir des secrets et des failles, cela la rendait davantage prudente quant au risque de tomber amoureuse. Mais il ne lui rendait pas la tâche facile.
Ses mains, son regard perçant, son visage peint d'un sombre reflet. Tout en lui, la poussait à faire durer le rêve au risque d'en souffrir.
Ils descendirent de la voiture ce qui coupa court à ses pensées. Elle inspira profondément et entoura son bras autour du siens.
— Respirez tout va bien se passer. Murmura-t-il à son oreille.
Grace aurait bien voulu le croire si tous les regards n'étaient pas braqués sur eux.
— Tout le monde me regarde....
— Je sais...Dit-il en glissant ses doigts dans le sien.
Cette affirmation n'était pas ce qu'elle espérait entendre. Quand elle releva le regard, il avait le regard sérieux, balayant la salle des yeux. Il l'entraîna avec elle, Grace observa les personnes agglutinées près du buffet. Le milliardaire, ni fit guère attention et continua son chemin. Elle le suivit, sans un mot, il tira une chaise pour qu'elle y prenne place. Tel un gentleman, il repoussa sa chaise.
Grace était tendue, et visiblement monsieur Graïyos n'était pas mieux non plus. Pour détendre l'atmosphère, Grace lui décrocha un sourire. Il lui en donna un aussi crispé que l'était son visage.
— Alors comment ça se passe après ?
Il se pencha vers elle.
— Plusieurs œuvres d'arts vont être mises aux enchères puis les miens passeront sans doute en dernières.
Grace observa l'estrade vêtue de rouge et vit quelques tableaux disposés de part et d'autre le long d'un mur habillé d'un rideau blanc.
— Et nous allons manger ici ?
— Evidemment, même si ce genre de soirée ne m'enchante guère, je suis obligé de rester dîner.
Il ne semblait pas heureux, puis sa main se glissa sur sa cuisse.
— Mais avec vous cela m'est déjà agréable. Murmura-t-il.
Le bout de ses doigts se serra contre le tissu de sa robe, sans la quitter des yeux.
Grace passa sa langue sur ses lèvres.
— Est-ce que...où sont les toilettes ?
Il se leva.
— Oh non ne vous donnez pas cette peine ! Dites-moi juste où elles se trouvent ?
Insatisfait, il abdiqua quand même et lui désigna les toilettes de la main.
Grace suivit le chemin qu'il lui avait tracé de la main et fit une rotation de la tête pour le découvrir toujours debout, la fixant, alors qu'un homme lui tendait la main.

Un troublant milliardaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant