Chapitre deux.

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Ian dort.

Ou était en train de dormir, jusqu'à ce qu'une ambulance, passant au loin, ne le réveille. Ian n'a d'ordinaire pas le sommeil léger (difficile de l'avoir dans une maison de six et un quartier où les tirs d'armes et le déclenchement d'alarmes de voitures sont monnaie courante) mais les sirènes l'ont toujours rendu nerveux.

Mickey ne fait aucun bruit, ce qui indique immédiatement à Ian qu'il ne dort pas non plus. Il essaie de faire comme s'il était en train, pourtant, ce qui est... bizarre. Ian l'écoute prendre des respirations profondes et égales, contrôlées avec soin.

D'habitude, il ronfle. Pas bruyamment – Ian n'a pas besoin de porter des bouchons ou quoi que ce soit – mais de temps en temps, un petit sifflement s'échappe de ses narines, et il renifle dans ce dans quoi il repose sa tête, que ce soit le coussin d'un canapé ou ses bras pliés ou le sol.

Là, ils sont tous deux allongés sur leurs côtés, têtes sur différents oreillers et corps séparés par une trentaine de centimètres. Ils ont décidé de dormir chez Ian après une nuit de grosse beuverie dans une soirée organisée par un ami de Lip. Ian a invité Mickey en promettant que de l'alcool gratuit serait de la partie, et c'est tout ce qu'il avait eu besoin de dire pour le convaincre de venir. Vers la fin de la nuit, ils pouvaient à peine tenir debout et il se sont endormis aussitôt après avoir trébuché jusqu'en haut des escaliers.

Ian peut sentir un vague élancement dans ses tempes et une douleur au niveau du bas de son crâne, signe qu'une gueule de bois est sur le point de se déclencher, sans avoir encore frappé. Il devrait probablement aller leur chercher une carafe d'eau et de l'ibuprofen histoire qu'ils n'aient pas trop mal au réveil, mais il est trop fatigué pour se lever. Sa montre, qui a pour option de s'allumer dans le noir (dont Mickey s'est moqué la première fois qu'il l'a vue, et qui lui a valu d'être traité de « putain de loser ») lui indique qu'il n'est que trois heures du matin.

Ian cligne des yeux, sa vision trouble, en étouffant un bâillement. Il ne veut pas se rendormir, pas tout de suite, mais garder les yeux ouverts devient difficile. Il envisage de murmurer quelque chose dans le noir, de rompre le silence pour gagner l'attention de Mickey, mais il est trop curieux de savoir la raison derrière sa ruse, et ne veut pas faire peur à Mickey au point de le faire se lever d'un bond et de le laisser. Un Mickey bourré est beaucoup plus facilement amené à s'endormir à côté de lui qu'un Mickey sobre, après tout.

Et puis une chose se produit, qui fait disparaître d'Ian toute idée de sommeil, comme s'il avait tout simplement zappé. Il observe avec de grands yeux, qui vont en s'agrandissant, Mickey qui commence à se rapprocher lentement, en arrière, sur le matelas. Vers lui. Mickey s'immobilise quand le châlit craque, retenant sa respiration, et quand il jette un coup d'œil par dessus son épaule, Ian ferme rapidement les yeux. Il ouvre la bouche, détend sa mâchoire et se met à respirer par la bouche, et ressent plutôt qu'il n'entend Mickey soupirer de soulagement.

Il faut encore quarante-cinq secondes, que Ian compte dans sa tête, avant que les draps ne se mettent à bruisser à nouveau. Mickey continue à se rapprocher de plus en plus jusqu'à ce que, finalement, il arrête de bouger. Ian ouvre les yeux. Il remercie le ciel d'être encore à moitié soûl et assez calme pour empêcher son pouls de battre comme un tambour fou, autrement il est certain que Mickey s'en rendrait compte et comprendrait qu'il est réveillé.

Maintenant, ils se touchent presque, des hanches jusqu'aux épaules, à peine un centimètre entre eux. Ian comprend ce que Mickey est en train de faire, et s'il n'était pas aux premières loges pour en témoigner, il n'y croirait probablement pas.

Mickey essaie de se blottir contre lui. Mickey essaie de lui faire un câlin. Il veut qu'Ian le serre dans ses bras.

L'expression d'Ian s'adoucit. Timidement, mais pas trop timidement, Ian lève son bras et l'amène autour de Mickey, il le tire contre sa poitrine, sa paume trouvant sa place sur ses côtes. Une de ses jambes se plie et bouge pour se faufiler entre celles de Mickey, comme s'il s'étirait pour être mieux installé, et il laisse échapper un petit gargouillement endormi contre le duvet doux des cheveux de Mickey, au niveau de sa nuque.

La réaction de Mickey est tout bonnement incroyable. Il soupire à nouveau, toute la tension quittant son corps d'une façon qui laisserait penser qu'il a en quelque sorte perdu ses os, que Ian ne lui a jamais vue. Ian observe le côté de son visage, voit sa joue se gonfler un peu, et sait qu'il est en train de sourire. Ian sourit aussi, emplissant ses poumons de son odeur.

Son cœur s'emballe quand Mickey attrape son avant-bras, comme s'il voulait s'assurer qu'Ian n'allait pas essayer de se dépêtrer de lui.

Avec Mickey ainsi, vulnérable dans ses bras, Ian est envahit d'une envie de le protéger et se dit que non, je ne vais pas te laisser partir.

Celui de droite est suspicieux et celui de gauche veut mon amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant