C'est un vendredi après-midi et ils sont dans le bus. Ils sont serrés comme dans une boîte à sardines, des corps enserrant Ian et Mickey de toutes parts. Tous les sièges étant pris, ils sont obligés de rester debout, essayant de ne pas donner des coups de coudes aux gens dans le même temps. Ce qui arrive quand même quelque fois, et Ian sourit pour s'excuser quand il le peut. Il ne se sent pas aussi désolé qu'il le paraît, surtout quand il se prend un doigt d'honneur pour son dérangement, mais contrairement à certains, il sait faire bon usage de ses bonnes manières.
Mickey est en face de lui, cramponné au dossier d'un des sièges, une mine renfrognée bien en place sur son visage, sa bouche tirée vers le bas d'un air maussade. Ian veut se moquer Mickey parce qu'il boude, mais se faire cogner ne semble pas très amusant dans les circonstances actuelles.
Malheureusement, ça finit par être trop mignon pour ne pas en rire, et un petit gloussement s'échappe de lui avant qu'il ne puisse s'en empêcher.
« Quoi ? » grogne Mickey, ses sourcils bondissant vers le haut de son front. Déjà sur la défensive. Caractéristique.
Ian secoue la tête et joint ses lèvres, retenant un sourire. « Rien, » dit-il. « Quelques arrêts avant le nôtre. »
Mickey plisse les yeux suspicieusement à son attention pendant un moment, avant de regarder autre part, irritable. « Ouais, encore heureux. J'ai besoin d'une clope. »
« Mmm, » Ian acquiesce. Une taffe ou deux serait sympa. Son paquet est vide, mais il tirera sur celle de Mickey.
Partager une cigarette, la faire passer de l'un à l'autre, est la chose la plus proche d'un baiser à laquelle il aura droit en public. Non pas qu'il lui en tienne spécialement rigueur. Pouvoir observer les lèvres de Mickey s'envelopper autour du filtre sur lequel sa bouche a été, encore un peu humide de sa salive, remue toujours un sentiment ardent et possessif dans le creux de son estomac.
Étant seulement à quelques centimètres l'un de l'autre, Ian doit incliner sa tête vers l'avant pour regarder Mickey dans les yeux, se balançant légèrement à cause du mouvement du bus alors qu'il accélère, et ajustant sa prise autour de la poignée qui pend du plafond. Ian se rappelle de l'époque où Mickey et lui étaient presque de la même taille, et il avoue plutôt apprécier la façon dont il le dépasse un peu maintenant. Ça lui donne une plus grande marge de manœuvre pour le bousculer un peu quand ils baisent, aussi.
Mickey ne fait plus attention à lui, il fixe le sol à la place et cogne sa botte contre la barre en métal à leurs pieds, donc Ian décide de faire usage du temps où Mickey est distrait pour faire le plein – pour juste le regarder, sans interruption pour une fois. Depuis ses phalanges tatouées jusqu'à ses bras, jusqu'à sa clavicule qui dépasse du col de son sweat marron, jusqu'à la colonne de son cou et la courbe de sa mâchoire. Ses lèvres. La légère courbure penchée de son nez, provenant sans doute d'une précédente cassure. Ses yeux bleus, si bleus, cachés derrière ses cils. Ses cils déployés le long de ses joues pâles.
Quand il cligne les yeux, ils font penser à Ian aux ailes d'un colibri. Ils sont son trait le plus délicat – non pas que Mickey apprécierait qu'Ian fasse référence à quoi que ce soit de lui comme étant délicat, mais Mickey ne peut pas lire ses pensées – et de couleur claire, curieusement, ils attrapent le soleil depuis la fenêtre et reflètent un brun doré, presque blond.
C'est rare qu'il puisse voir Mickey d'aussi près, face à face, et là, Mickey ne peut pas s'enfuir ou lui tourner le dos, même s'il le voulait. Ils sont tous deux piégés, mais Ian est bien là où il veut être.
Le regard d'Ian se pose sur les sourcils de Mickey, la paire la plus expressive qu'il ait jamais rencontrée, quand le bus ralentit par à-coups à un arrêt. Plus de gens s'empilent à l'intérieur qu'il n'y en a qui sortent dehors, au plus grand désarroi de tous, et dans un effort pour faire de la place, Mickey se retrouve éjecté en avant par la foule. Personne n'entend son bruyant « putain ! » dans le bruit et Ian reçoit soudain un Mickey extrêmement grincheux de son côté.
Ils en sont presque à se serrer dans les bras, Mickey les jetant autour d'Ian quand il trébuche, ses doigts s'agrippant à sa veste pour se rattraper. Ian rit de l'expression sur son visage, lequel devient rouge et nerveux sous une couche d'énervement, et ça lui vaut un coup de pied de Mickey dans le tibia.
« Aïe, » se plaint Ian en grimaçant.
« Ouais, bien mérité, abruti, » grommelle Mickey.
Mickey ne le lâche pas – il ne peut pas vraiment, ils sont sérieusement pris en sandwich – et quand Ian amène sa main libre dans le creux du dos de Mickey, Mickey, résigné, cale sa tête sous le menton d'Ian et ajoute, « C'est vraiment trop stupide. Je prends plus jamais le bus avec toi, Gallagher. »
Ses paroles sont étouffées, et malgré leur contenu, il n'a pas l'air moitié aussi grincheux qu'avant.
C'est fou, mais Ian a même l'impression que Mickey presse un sourire contre son cou.
Il doit être en train d'imaginer.
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Celui de droite est suspicieux et celui de gauche veut mon amour
FanficMickey est affectueusement furtif A translation of the right one's suspicious and the left one wants my love by soldmyscars. Traduite par @peijou L'histoire ne m'appartient pas.