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Quand je me réveille, j’ai un léger mal de tête. Je pose la main là où je ressens une douleur et constate que j’ai une bosse. J’ai dû me cogner la tête très fort pour m’évanouir. Je me lève et constate qu’il y a comme un léger un poids dans ma poche. J’y mets donc la main pour savoir qu’est-ce que c’est. Et quand je sens le métal froid de la machine, je comprends que je n’ai pas rêvé. Cela veut dire que je suis réellement revenu dans le passé… et que j’ai rendez-vous avec A aujourd’hui! Depuis combien de temps suis-je inconscient? Je me précipite vers la fenêtre. Heureusement, le soleil s’est levé il y a peu. Je vais aller au point de rendez-vous et  raconter à A ce qui s’est passé. Il ne me croira pas. Sans réfléchir, je me précipite dehors et me mets à marcher, le plus vite possible. Je suis excité ! J’ai hâte de tout lui dire.
Pendant le trajet, je repense en boucle à ce que j’ai fait hier, de mon évanouissement, mon stress, mes impressions.… j’ai le sourire jusqu’aux oreilles. Je suis bien trop préoccupé par ma grande aventure. Une fois arrivé au bout d’une la ruelle sombre, je grimpe le mur de la maison à ma gauche.
J’ai tellement l’habitude de monter en haut de ce bâtiment que j’y arrive en moins de deux secondes. Sur le toit, il y a bel et bien A qui m’attend.
Il est assis au bord avec les pieds qu’il balance dans le vide. Pensif, il regarde en bas comme si quelque chose n’allait pas. Je m’avance dans sa direction, et quand il m’entend arriver, il tourne la tête vers moi et se lève. Son visage montre une expression désolée. Cela me suffit pour me faire perdre mon sourire. Lui qui l’a toujours, cette fois-ci, il ne l’a pas. Cela arrive très rarement. Quand il y a des événements  très graves…
« Il se passe quelque chose ?
-Je… sa voix est hésitante, comme s’il ne voulait pas cracher le morceau.
-Je suis le traître dont parle D. Je ne suis que l’espion de X. C’est moi qui… ai tué T par exemple.
-Ce n’était qu’un accident ! Son chariot est rentré dans un autre chariot qui venait de la gauche et ils sont tombés dans l’eau tous les deux et se sont noyés, arrêtes de raconter des bêtises !
-C’était moi. C’était moi qui étais dans le deuxième chariot. Je l’ai percuté volontairement. Je sais nager. Il avait pour mission d’éliminer X.
Surpris, je me remémore cette personne.
-Oui c’est vrai, je lui ai parlé avant qu’il parte en mission.
-Tous les autres morts sont aussi de ma faute. Ils avaient tous pour mission d’éliminer X.
-Même F ?
-Même F.
J’étais bouleversé par ce que je venais d’apprendre. A avait toujours été le traître qui a causé la mort de tant de mes amis. Mais je n’arrivais pas à croire ce qu’il racontait.
« Pourquoi dis-tu tout ça, quel est l’intérêt, c’est une blague ?
Mais il ne répond pas, il se contente seulement de me tourner le dos.
-On a reçu la mission d’éliminer X. Tu vas me tuer j’imagine, dis-je fièrement.
-Oui.
Ce « oui » était sec et rapide, mais aussi timide. Il ne voulait pas prononcer ce mot. Ce mot qui désignait la fin, la fin brutale et rapide de notre longue amitié éternelle, mais surtout ma fin. Ma vie allait se terminer ainsi ? Tué par mon ami ? Par celui qu’on a protégé aussi longtemps ? La vie est tellement remplie de surprises, que personne ne peut vivre assez longtemps pour toutes les découvrir.
Mon histoire s’arrête donc là. Il va me tuer. Il se retourne très rapidement et m’envoie de sa main droite la dague qu’il a reçue hier. La dague vole quelques mètres, parallèle au sol, sans bouger. Un lancé parfait. Nous nous sommes souvent entrainé à envoyer notre arme de cette manière pour mieux blesser notre cible. Mais je ne l’ai jamais vu faire un lancé aussi percutant que celui-là. Je la reçus dans la poitrine côté gauche. Celle-ci, comme prévu, se plante tellement bien qu’elle ressort presque de l’autre côté. Sur le coup, je m’écroule par terre, pas seulement à cause de la douleur, mais aussi parce que mon souffle est coupé et que chaque respiration est une brûlure. Effondré sur le sol, je sens toute ma faiblesse. Ma vie est désormais liée à sa volonté. Je lui hurle :
« Vas y ! Tue-moi ! »
Mais à ma grande surprise, il tourne la tête dans l’autre direction, comme s’il ne pouvait pas affronter sa terrible œuvre, et s’enfuit en courant.

La Machine de ChryziliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant