4/De Retour

4 2 0
                                    


Je m’approche de X. Il est très énervé. Il tourne en rond nerveusement en fixant le sol et en se mordant la lèvre.
« C’est une catastrophe ! Il s’est enfui avec la machine ! Ah, vous voilà. Vous avez pu voir qu’ils sont retournés dans le temps. Et A a l’intention de vous tuer. Votre analeim, pour être précis.
-Mon anala… anei…anamein ?
-Votre a-na-leim. Si vous préférez, c’est votre vous du passé. Et si A élimine votre analeim justement, il élimine aussi par conséquent le vous du présent. Celui qui est juste devant moi en ce moment.
-Mais à quoi cela lui sert-il ? Quoi qu’il arrive, il… son ana…leim va s’enfuir avec X ... ?
-Oui mais je sais que c’est lui le traître. S’il tue votre analeim, vous n’allez pas pouvoir… il cherche ses mots, puis il continue.
-…pas pouvoir se mettre en travers son chemin. Ses mots ont été très clairs ! Il veut votre mort.
-Et… il y a un moyen d’éviter cela ?
-Oui. Revenir dans le passé pour éviter cette tragédie. »
Sans réfléchir, je sors de ma poche la machine de Cryzilite et la règle vers midi moins le quart. Avant d’appuyer, D m’arrête avec sa main. Il regarde quelque chose qui se situe derrière moi, sourit, puis me souhaite une bonne chance. Il recule de trois pas pour me fait signe de la tête d’y aller. Alors sans hésiter, j’appuie.

Je me retrouve sur le toit d’une maison, de l’autre côté de la place. La foule est revenue, la place est remplie. Entre les passants, je devine certains assassins. Ils sont très bien cachés. Je comprends pourquoi je ne les ai pas remarqués la première fois. Au loin, je vois A se faire poursuivre par mon analeim. Mais je vois surtout que dans la maison en ruine, il y a le A du présent, caché derrière un mur au premier étage. Il attend que mon analeim passe en dessous pour lui sauter dessus et le tuer. Il faut que j’empêche cela.

Alors discrètement, je m’élance dans ma course en direction de A.
Quand j’arrive au niveau de la maison, nos analeims sont encore loin et A ne m’a pas encore vu. Alors je dégaine mon épée et saute sur lui. Avec le bruit des planches qui craquent à mon atterrissage, A se retourne alerté et sort lui aussi son arme.
« Alors comme ça tu m’as retrouvé, me dit-il.
-Tu étais tellement visible. En plein milieu du toit.
-Ce n’est pas de toi que je me cachais. Je me cachais de t… de… de… de toi du passé. Donc indirectement toi. Mais ça na plus d’importance, puisque je vais te tuer que tu sois du passé, du présent ou du futur.
-C’est ce que nous verrons. »
On s’engage alors dans un combat enragé dont les chocs entre nos épées font jaillir des étincelles aux bruits d’acier mélangés aux grincements insupportables des planches de bois brulées.
Le combat dure encore longtemps, mais tout a une fin, et celui-ci se finit quand je le pare, puis lui donne un coup d’épaule droite en plein dans son torse.
A, propulsé, bascule en arrière et est plaqué contre l’un des seuls murs qu’il reste. Le combat s’arrête là, car à ce moment précis, une fissure explose soudainement sous nos pieds. Heureusement pour moi, j’ai le bon réflexe et j’ai le temps de faire un bond en arrière pour éviter d’être emporté dans la fissure. Mais A, bloqué contre le mur, ne qu’observer la terrible scène se dérouler sous ses yeux.
Il sent qu’il perd l’équilibre. Le mur contre lequel il se trouve plaqué se met à basculer dans le vide. Comprenant cela, il s’aide de celui-ci pour se propulser en avant, mais une partie du sol qui le maintient, s’effondre sous lui. Il est alors emporté dans une chute entre les planches qui volent un court instant à ses côtés, puis se fracassent au sol dans une explosion assourdissante. Je ne bouge plus et écoute ce qui se passe. Rien. J’attends un peu, puis entends des pas d’une personne qui court. Pas de panique, c’est seulement mon analeim.
Je m’approche du bord et vois A, bloqué sous quelques poutres et des débris de planches. Je descends  voir.
« Tu t’avoues vaincu ? »
A était en train de gémir. Il n’a presque plus de force. Il arrive tout de même à prononcer quelques mots. Ses derniers mots.
« Tu as gagné la bataille, pas la guerre. Tu ne peux pas nier ton destin. »
Ses forces s’estompent. Il ferme les yeux et laisse tomber sa tête sur le sol. Mort. Un silence oppressant se fait. Je sens l’émotion venir et des larmes prêtes à couler le long de ma joue. Alors en les retenant, je m’approche de sa tête et lui chuchote à l’oreille.
« Tu t’es bien battu. Repose en paix. »

La Machine de ChryziliteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant