Faille

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« On doit parler. J'y ai bien réfléchi. Je n'ai fait que penser à ça ces trois derniers jours. Je n'ai pas réussi à dormir. Je n'ai pas réussi à me concentrer en classe. C'est à peine si j'ai réussi à manger quelque chose.
J'ai pensé, beaucoup, surement trop, à ce qui s'était passé ces deux derniers jours.

Et j'en suis venue à une conclusion. On va trop vite...
Tu me plais, vraiment. Tu me plais comme jamais quelqu'un m'a plu. Je ne peux m'empêcher de penser à toi, toujours. Mais je ne suis pas prête. Je ne suis pas prête pour commencer une relation.

J'ai peur, en fait. Ça serait la première fois. Je ne suis jamais passée par là avant. Et j'ai tellement peur...

J'étais fragile, quand j'étais petite, tu sais? Vraiment fragile. Trop fragile. Sensible. Hyper sensible. Un rien me blessait et me faisait pleurer. J'en ai souffert, horriblement.

Alors j'ai du construire des murs autour de mon cœur, pour me protéger. Pour empêcher les gens d'y entrer et de me blesser. Parce que je n'en pouvais plus, de pleurer.

Il m'a fallu toutes ces années pour les construire, pour avoir la confiance en moi que j'ai aujourd'hui, pour me débarrasser de toutes mes peurs et insécurités.

Tellement d'années, et pourtant, je continue à me battre.

Parce que je ne suis pas bien. J'ai encore peur. Je suis encore fragile et sensible. Mes démons me torturent l'âme jour et nuit.
Je ne vais pas bien.
Et pourtant, j'avance la tête haute.

Parce que, durant toutes ces années, je n'ai fait que me créer un masque, finalement. Une carapace. De celle bien dans sa peau. De celle confiante et enjouée. De celle au cœur de pierre.

Et ces murs, ce masque, cette carapace, ils ont tenu jusqu'à aujourd'hui. Les gens n'y ont vu que du feu, durant toutes ces années.

Et voilà que tu débarques dans ma vie. Que tu trouves une faille dans ces protections que je me suis construite. Et que tu atteints mon cœur.

Et j'ai mal putain, j'ai mal. J'ai mal parce que tu me plais, que je te plais. J'ai mal parce que tu veux quelque chose que j'aimerais atrocement te donner, mais que je ne peux pas.

Je ne peux pas continuer. Ça n'avait jamais vraiment commencé, de toute façon. Mais je suis désolée des espoirs que je t'ai donné.

Tu ne peux même pas t'imaginer à quel point j'aimerais être avec toi. Pouvoir t'embrasser et te tenir la main.

Mais avant de pouvoir t'aimer, je dois apprendre à m'aimer moi-même.

Je sais, c'est égoïste. Et je me sens affreuse de t'annoncer ça. Mais je fais ça pour me protéger. J'ai trop souffert pour tomber à nouveau.

Je suis désolée. Tellement désolée...»

Pensées NocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant