Couleurs de l'agonie

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Noir, noir, noir...

Je sens cette boule en moi, cette masse noir au niveau de mon cœur. Elle brûle à petit feu, attendant patiemment que je la nourrisse de remords et regrets.

Et, doucement, elle grandit. Chaque jour de plus en plus. Elle me consomme de l'intérieur, et je continue à l'alimenter.

Noir, noir, noir, et des nuances de rouge.

La passion. La haine. Des sentiments si forts et destructeurs. Je les rajoute au brasier.

La flamme est vive, ardente. Je ferme les yeux, et je la sens. Si grande, si forte.

Noir, noir, noir, et un peu de gris,

Pour la peine et la douleur que je m'inflige et m'oblige à accepter. Il faut vaincre le mal par le mal.

Maman entre dans la chambre. Elle me pose une question, je réponds et je souris. Elle part.

Et tout redevient

Noir, noir, noir, quoiqu'un peu bleuté.

Des larmes coulent toutes seules, sans me le demander.
J'ai peur.
De ma haine.
De moi-même.

Je suis entourée mais seule. Je suis jolie mais cassée.
Je suis en forme mais morte.

Noir, noir, noir, et du vert foncé,

Comme la couleur du pull que je porte, celui de mon grand-frère. Je me recroqueville et l'agrippe fermement. J'enfouis ma tête dedans.

Tout est embrouillé. Je ne vois rien. À part une chose.

Une flamme. Grandiose, menaçante et dangereuse. Celle que j'ai crée.

Je cligne fort des paupières, j'essaye de la chasser. Je veux me souvenir de moments heureux, mais c'est trop tard, elle a tout consumé.

Noir, noir, noir, des lueurs oranges.

Le feu se répand en moi, calcinant tout sur son passage. Amour, amitié, rêves et espoir. Il ne reste plus rien.

Je tombe de mon lit, essaye de me relever, reste au sol.

Je hurle, aucun bruit.

Je m'étouffe, je ne peux plus respirer. J'ai chaud, j'ai froid. Je tremble, je transpire.

Puis je ne sens plus rien.

L'agonie s'arrête.

J'ouvre les yeux.

Noir, noir, noir,
Et c'est tout.

Pensées NocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant