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Dans ses années de lycée, Camille au masculin pu enfin vivre tranquillement.Il ne sortait pas de sa tête mais au moins il existait quelque part.

Camille lors de ces trois années remplaçât sa garde robe de petite fille et de jeune adolescente par celle d'un ado avec un style approximatif mêlant longues chemises en flanelle, vieux sweat-shirt récupérés et jeans troués puis raccommodés puis rapiécés.

Ce Camille en libération pris également de la place sur les murs de sa chambre, des drapeaux arc-en-ciels, des artistes lgbt, des slogans,des photos de gaypride, Camille renaissait. Sa chambre lui ressemblait, tantôt une décoration remplie de rose, de cœurs, de fleurs, tantôt des posters avec des zombies ou des titans, par ici des dessins érotiques, là-bas un fouillis de citation mélangeant John Lenon, Marx, Gandhi, Rimbaud, Orelsan, on retrouvait également des photos de saturne côtoyant des peintures de Van Gogh, de Monet,de Jean Broc... Les murs de cette chambre d'ado étaient ici très structurés, chaque chose était placées suivant une logique bien précise alors que quelques centimètres plus loin, il régnait une anarchie la plus totale. Camille se sentait bien dans cette chambre, il pouvait exister et prendre l'air dans cette bulle de douceur.

En public, Camille restait comme avant. Avec des habits de garçon, les cheveux courts et une volonté de cacher sa poitrine devenue un fardeau. Oui elle était comme avant... presque

Plus elle entrait dans l'âge adulte, plus elle entendait cette voix qui n'était plus du tout un murmure mais un hurlement douloureux. Elle devait côtoyer ce hurlement qui voulait qu'elle arrête de mentir et qu'enfin il assume de ne pas être une fille. Elle dépensait tant d'énergie a faire taire cette voix qu'elle perdait pied. Elle avait trouvée un moyen de se libérer, ce moyen c'était de laisser le vrai Camille vivre au grand jour le plus souvent possible.

Elle avait quitté le domicile familiale pour suivre des études d'ingénieur dans la capitale. Étant en prépa, elle croulait sous la charge de travail et avait cette excuse pour rester le plus possible enfermée chez elle. Telle était sa solution, se trouver une excuse et ne plus sortir, ainsi Camille pouvait être lui même tant qu'il restait caché dans son petit appartement parisien.

Ce sentiment de bien être que Camille pouvait enfin arrêter de faire semblant d'être une fille contrastait si fort avec celui qu'il ressentait quand il se déguisait en femme  pour sortir qu'il pouvait de moins en moins le faire. Il ne supportait plus de se voir en femme.

Son corps ne le dégoûtait pas pour autant, c'était juste un corps,il s'en fichait un peu. Sa poitrine était simplement trop voyante et donc difficile pour les autres de l'appeler «monsieur »lorsqu'ils apercevaient des seins sous une couche de vêtements, bien sûr comme ses sorties se limitaient au stricte minimum et qu'il allait de moins en moins en cours, il croisait peu de gens.

Son absentéisme scolaire lui fit rater son année et il décida que ce n'était pas la peine de la recommencer en septembre prochain car sortir devenait chaque jour plus pesant. Il n'irait donc pas plus en cours en recommençant depuis le début. Il marchanda avec ses parents qui finirent par accepter de continuer de lui donner de l'argent à condition que Camille cherche du travail pour cette année et trouve une nouvelle orientation (ou se décide a reprendre ses études d'ingénieur là ou il les avaient laissés).


Pendant cette année de répit il pu enfin se poser des questions concrètes sur son futur, il ou elle ? Il osa faire des recherches sur internet et prit contact avec une association pour aider les jeunes trans dans leur transition. 

CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant