L'ADAPTATION

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"L'ADAPTATION EST SOUVENT LE SEUL MOYEN POUR L'HOMME DE SE FAIRE ACCEPTER PAR CE QUI L'ENTOURE SANS POUR AUTANT REMETTRE EN CAUSE SON IDENTITÉ."
J.G

PDV NANA

Je ne comprenais pas.

Que m'était-il arrivée ?...

Je venais de m'éclipser de la chambre de Monsieur Grovenzky avec la plus grande des discrétion, mais j'aurais tout aussi bien pu faire un bruit d'éléphant, ma présence avait été oubliée...

Il venait de retrouver son père...

Il était le fils du docteur Jonathan, mon mentor, celui qui m'avais tout appris.

Celui-ci ne m'avait même pas remarquée...


J'étais surprise d'apprendre que c'était lui son fameux fils...

Le docteur Jonathan m'avait tout raconté, de son exil en Allemagne en passant par son départ pour l'Afrique, il m'avait parlé de sa famille qu'il avait laissé derrière lui, de son fils, de sa femme enceinte...

Nous avions établi une relation de confiance, il se fiait à moi et moi à lui.

Il s'en voulait terriblement...

Cependant, pour moi, c'était un homme bon, doté d'une grande sagesse.

Il était devenu un ami proche de mon père.

Il le conseillait dans presque toutes les décisions qu'il devait entreprendre.

Subitement, je m'en voulais de m'en être pris à son fils ainsi...

La veille, j'avais entendu parler de la situation dans le nord du pays qui s'était empirés, des nombreuses exactions commis par les colons à l'encontre de mon peuple.

Depuis déjà des mois, les allemands étaient devenus...violents, nerveux.

J'avais entendu dire qu'ils allaient faire venir plus de soldats pour "contrôler" les foules.

Ils ne savaient pas comment maintenir l'insurrection des rebelles qui refusaient de s'assujettir à eux.

Certes, ceux-ci étaient une minorité mais, une minorité qui faisait du bruit.

En effet, la plupart de la population ne voyaient aucun inconvénient à l'invasion blanche, ils le voyaient au contraire comme un enrichissement, un échange...Ils y étaient globalement favorable.

Trois jours s'étaient écoulés depuis notre "discussion animée", et, nous ne nous étions toujours pas adressés la parole avec Monsieur Grovenzky.

Cependant, j'avais remarqué qu'il essayait de s'adapter à nos rites et notre façon de vivre, bien sûr ; son père était là pour le guider.

Je l'observais, et il n'avait pas l'air si mauvais après tout, il était même...respectueux, il s'amusait avec les enfants du village, aidait les hommes dans leur tâche...

Je devais sûrement lui présenter des excuses après tout...

J'avais agis sous l'effet de la colère, j'avais compris qu'il faisait parti de ces soldats appelés en renfort dans le nord.

Il était toujours accompagné de son meilleur ami John-Kalen.

Je l'avais rencontré quand Monsieur Grovenzky avait fait son malaise.

C'est lui qui l'avait porté jusqu'à l'infirmerie, il était fort sympathique...

Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne le détestais pas, je ne les détestais pas, lui et son espèce, sinon, il m'aurait été impossible de faire ce que je fais...de les soigner, de les laver, de les assister...

De plus, en tant que chrétienne, je me devais d'aimer tout le monde...même l'oppresseur...

Je ne les haïssais pas, j'étais simplement consciente que leur présence en Afrique était calculée, que nous ne serions jamais leurs égaux.

Peut-être que certains se souciaient réellement de nous...comme le docteur Jonathan, mais, ils n'étaient qu'une goutte d'eau dans un océan d'opportunistes.

Leur visée principale était d'agrandir leur territoire en annexant d'autre territoire, c'était comme ça qu'ils allaient acquérir de la puissance, en aspirant la force des plus faibles.

Nous n'étions pas les seuls à subir, cela...toute l'Afrique était concernée.

L'Allemagne elle aussi n'était pas la seule à s'approprier des terres...

Le paradoxe étant que, c'était grâce à l'éducation intellectuelle qu'ils m'avaient eux-mêmes inculquée, que je m'en étais rendu compte...

J'étais capable de me faire mes propres opinions à présent.

-Tu es prête Nana ?
C'était Yawa, la plus jeune de toutes mes demi-soeurs et dont j'étais la plus proche.

-Aujourd'hui, poursuiva t-elle, c'est le jour le plus important de ta vie et de celui du peuple ! Tu es magnifique...
Elle pleurait, sûrement de joie...

Je la pris dans mes bras.

Comment m'étais-je mise à penser à Monsieur Grovenzky ?
Comment avais-je pu m'enfoncer aussi loin dans mes observations ?

Il fallait avouer que c'était un charmant homme, et le fait de le voir s'impliquer dans la vie de mon peuple le rendait plus aimable...pas plus.

Je n'éprouvais rien à son égard, si ce n'est que de la bienveillance pour le père qu'il avait...enfin, c'est ce que je croyais.

En pensant à lui, j'avais oublié...oublié qu'aujourd'hui, je serais placée sur le trône de mes Pères.

Aujourd'hui, je serais faite reine...

En effet, Nana commençait à s'intéresser à notre héro, ce qui lui avait plu, par-dessus tout ; fut son abilité à se fondre dans la masse avec humilité, à faire son adaptation,mais...Pour l'instant, elle allait devenir reine, et c'était tout ce qui comptait...

LEGACYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant