L'ACCOMPLISSEMENT

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"L'ACCOMPLISSEMENT EST L'ABOUTISSEMENT, L'ACHÈVEMENT D'UN LONG VOYAGE AU GOÛT, SOUVENT, DE DUR LABEUR ; AVEC À LA FIN LA SATISFACTION DU BUT ULTIME ATTEINT ; AVEC À LA CLÉ LA CONVICTION DE LA RÉUSSITE MÉRITÉE ."
J.G 

PDV NANA 

Les festivités continuaient, la nuit n'avait pas encore fait son apparition.

Enfin, j'avais accédé au trône tant convoité...

Enfin, ce pourquoi j'avais été préparé toute ma vie s'était realisé...

Mon couronnement marquait le début d'une nouvelle ère, mon ère.

Il est vrai que je n'avais jamais aspirée à devenir reine, mais, puisque c'était le rôle pour lequel j'avais été conçu, puisque c'était l'héritage que m'avait légué mes Pères, je comptais le chérir, l'aimer, le respecter et le porter avec fierté...

Étrangement, je n'éprouvais aucune crainte quant à l'avenir de mon règne, j'avais été formé pour celui-ci, de plus la présence des Anciens étaient une bénédiction ; cependant j'étais consciente du poid que j'avais à présent sur mes épaules.

Il serait sans doute hypocrite de ma part de parler de fardeau, je ne le ressentais pas du tout ainsi, j'aimais les miens et j'étais prête à tout pour eux ; mais, ce couronnement était aussi synonyme de sacrifices, le premier étant ; cette cérémonie d'union...

Mon...époux, cela sonnait toujours étrange pour moi...Mon époux restera aussi à mes côtés pour diriger.

Il avait décidé de rester musulman et cela ne m'importunais guère car de cette façon, le peuple redeviendrait unifié.

En effet, une partie de celui-ci était resté musulman tandis que la majorité avait décidé de se convertir au christianisme.

Mon mari était un homme bon, sage, éduqué et respectueux.

Après des mois et des mois de..."fréquentations", j'avais tout appris de lui et lui de moi.

Il sera sans doute plus facile pour moi de tomber amoureuse de lui car il m'aimait, il me l'avait avoué.

-Permettez-moi de prendre la parole...

C'était une intervention de celui que j'affectionnais tout particulièrement, le Docteur Jonathan. Il parlait dans notre langue l'ewe.
L'assemblée se regroupa et forma un cercle autour de nous...le nouveau couple royal.
ll poursuivit...

-Nutifafa, Paix, Shalom à tous ! En ce grand jour pour notre peuple, je souhaiterais adresser tout mes voeux de bonheur et de chance aux nouveaux régents.
Excusez mon fort accent allemand qui persiste toujours après tout ce temps, mais je tenais à m'exprimer en ewe qui est pour moi, comme pour beaucoup d'allemand, la langue du ciel.
Il y a de cela 12 ans, le 5 juillet 1884, le Togoland avait acquis le statut de protectorat allemand, avec l'aide de mon feu et cher ami Gustav Natchigal.
Il me fallut 2 années pour me décider à venir rejoindre mes confrères ici, en lieux iconnus. C'était en Été 1886. Aujourd'hui soit 10 ans plus tard, je n'arrive plus à me détacher de cette terre si précieuse. De toutes les contrées que j'eus l'opportunité d'explorer, Atakpamé fut de loin le plus beau de tous les villages qu'il ne m'eut été donné de voir.
Je n'imaginais pas y retrouver la richesse des liens qui unissent une famille...Vous avez été ma deuxième famille, je suis tombé amoureux de vos coutumes et de vos rites, de votre nourriture, de votre langue...Je suis tombé amoureux de votre amour pour les vôtres, pour moi. C'est ma patrie qui vous a annexé et pourtant c'est vous qui m'avait adopté.
Vous, mon cher peuple, êtes devenu la prunelle de mes yeux et une partie de mon coeur...Mais, aurait-ce été possible sans la présence d'une autorité, l'autorité royale ?...Je ne le pense guère.
Voilà tout l'enjeu de votre règne, changer les vies de ceux qui vous portent, de votre peuple, comme vous avez changé la mienne. Que votre règne soit beau. Nana, je voudrais m'adresser à la femme et non à la reine, je fus chargé d'assurer  ton apprentissage, de te faire grandir...mais c'est toi qui m'as élevé...Cependant je crois qu'il est temps que tu sach...

-De l'aide ! J'ai besoin d'aide !
J'avais reconnu la voix du fils du docteur Jonathan.
Il hurlait de toute ses forces, en courant pour nous rejoindre...

Il était entièrement mouillé et tenait dans ses bras un enfant aussi mouillé, celui-ci ne bougeait pas.

Je me rapprocha d'eux avec hâte suivi de mon mari et du docteur...

Un frisson traversa mon corps tout entier en découvrant qui était cet enfant...

Mon fils...mon petit garçon...
Mes membres se figèrent en imaginant le pire...Ma bouche était comme scellée. Mon regard parlait pour moi, j'étais effrayé, incapable de bouger, incapable de pleurer.

C'était comme si le temps s'était arreté.

Je regardais mon mentor faire tout ce qui était dans son pouvoir pour le sauver : massage cardiaque, bouche à bouche...

La dernière chose que j'entendis fus la voix de mon époux qui pleurait et criait :
-Fils...mon fils, debout, réveille-toi !

Puis, je m'évanouis...

Nana était devenu reine, son accomplissement realisé, elle devenait la mère de son peuple mais avant tout, elle était mère, mère de ce fils dont la vie était pour l'instant remis en cause.

PS : Désolée pour les possibles erreurs d'orthographe...






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