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- Embrassez-moi...

- Quoi ?! s'exclama-t-il en faisant un pas en arrière.

- Roh, Marquand ! Prenez-moi dans vos bras ! éclaira-t-elle en rougissant. Allez !

- Mais...

Elle se jeta contre lui et caressa son dos avant de remonter ses mains dans sa nuque. Elle glissa ses lèvres dans le cou de Fred, qui ressentait alors ses respirations, et parla dans le micro qu'il avait sous sa cravate.

- Le suspect est derrière nous, il se dirige vers l'entrepôt Gentier. Envoyez l'équipe, je répète, envoyez l'équipe !

Elle se redressa et regarda ailleurs.

- Vous venez de faire quoi, là ?

- Je viens de prévenir vos hommes, ils devront bientôt passer à l'action.

- Vous savez que c'est mon travail ?

- Vous étiez inactif !

- Pourquoi vous dites ça ?

- Je ne sais pas, vous me regardiez dans les yeux, comme si... vous aviez quelque chose à me dire, ou bien... Enfin, je ne sais pas, vous étiez ailleurs.

Il était dans ses yeux.

- Pas du tout, j'aurais très bien pu le faire moi-même.

- Marquand...

- J'aime pas qu'on fasse le boulot à ma place, c'est tout, expliqua Fred en lui tournant le dos, les mains au plus profond de ses poches.

- D'accord ; je m'excuse. Je n'aurais pas dû.

- Ce n'est pas ça qui m'énerve le plus.

- Ah bon ? Parce que je vous énerve pour autre chose, en plus ? fut-elle déçue de comprendre.

Il se tourna brusquement et trouva son regard dans le jour gris.

- Ouais, dit-il pour la poignarder un peu. Pourquoi vous vous êtes autant approchée de moi ? Et la mise en scène, c'était dans quel but ? On n'en avait pas besoin hein.

- C'était pour l'enquête, se justifia-t-elle en baissant la tête.

- L'enquête ? Mais l'enquête elle va très bien, alors c'était aux yeux de qui que vous faisiez ce petit jeu ? Hein ?

- Qu'est-ce qui vous arrive ?

- Ce qu'il m'arrive ? Mais je suis quoi moi, dans votre pièce de théâtre ? Un objet de décor, un mannequin ? Vous vous servez de moi comme bon vous semble, et tout est normal ?

- Je ne pensais pas vous offenser, je suis désolée Marquand ! Vraiment, murmura-t-elle.

- C'était vraiment inconscient ? Je ne peux pas croire que vous n'ayez pas fait exprès. Alors à partir de maintenant j'arrête de me taire Alice. Je vous aime, et vous le savez.

Elle écarquilla les yeux et porta une main à son cœur. Où était-il ? Ah, juste là... Les battements étaient très rapides. Elle les ressentit bientôt dans tout son corps.

- Vous jouez avec moi, Alice. Tout à l'heure, le truc de « embrassez-moi », vous avez fait exprès, parce que ça vous plait de me voir mal à l'aise. Alors écoutez-moi bien...

- Non ! Maintenant c'est vous qui allez m'écouter, d'accord ? dit difficilement Alice dans une voix sanglotante qui bouleversa Fred. Je n'ai... Je n'ai pas fait exprès ! Je voulais simplement... être discrète, ne pas nous faire repérer.

- Mais par qui, par quoi ?! Ils sont à trois rues de nous !

- Si ç'avait mal tourné, on se serait retrouvés au cœur du conflit ! Alors... arrêtez de me voir comme une femme perverse... Ce n'est pas ce que je suis, et j'ose espérer que vous en avez un minimum conscience !

- C'est pas ce que j'ai voulu dire...

- Si ! En d'autres termes seulement. Et arrêtez de vous croire la seule victime. Moi aussi, j'en pâtis ! Croyez-moi...

Elle en avait trop dit, il fallait une chute raisonnable. Alors elle s'en alla. Une pluie fine leur tomba dessus. C'était trop horrible. Fred la garda à l'œil tout le temps qu'elle marchait pour rejoindre le boulevard. Elle disparut du noir de ses yeux bleus.

toujours là, mon amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant