[1] Naïve et impuissante

Chapitre 1 - Laïa

— Laïa ! es-tu prête pour ton premier jour ? Nous allons bientôt partir.
— Oui j'arrive, maman.

Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de récupérer mon sac de cours. Je rejoins ma mère au salon. Comme toujours, elle est bien habillée. Vêtue d'un long pantalon et d'un blazer, ma mère est dotée d'une élégance et d'une grande beauté. C'est une femme que j'admire beaucoup.

— Tu comptes aller au lycée habillée comme ça ?
— Oui pourquoi ?
— Je ne sais pas mais tu aurais pu faire un effort pour ta première journée.
— Je suis désolée si mon style vestimentaire ne te plaît pas mais je continuerai à m'habiller ainsi.
— Si tu le souhaites, soupire-t-elle.

Ma mère a toujours eu du mal avec mon style vestimentaire. C'est une femme classe qui prend soin de son apparence et elle aimerait que j'en fasse autant. Ce n'est pas le genre de femme superficielle qui veut à tout prix plaire aux autres, au contraire, elle ne cherche pas de conjoint, mais elle ne s'habille pas n'importe comment. Physiquement, elle est très grande et très bien proportionnée, c'est la plus belle femme que je n'ai jamais vue. Elle réussit beaucoup dans la vie, autant dans sa vie professionnelle que dans sa vie personnelle : elle est la gérante d'une grosse boîte et se doit donc d'être polie et de se faire respecter. Je rêve, parfois, de lui ressembler.

— Tu sais que tu as du potentiel mais tu ne l'exploites pas.
— Que veux-tu dire ?
— Tu pourrais avoir tout ce que tu veux si tu faisais plus attention à toi, si tu te faisais davantage confiance.
— Ce n'est pas vrai.
— Tu sais que j'ai raison mais têtue comme tu es, tu ne l'admettras pas.

On roule encore quelques minutes avant d'arriver devant un bâtiment de couleur gris. On se gare en face d'une grande allée qui mène à l'entrée de l'école.

— Je passe te chercher après les cours. Ne sois pas en retard.
— D'accord.
— Fais attention à toi, ne te perds pas et fais-toi de nouveaux amis.
— Je vais essayer.
— Passe une bonne journée ma princesse.

Je respire un bon coup et sors de la voiture. Je marche en direction de la porte principale. À mi-chemin, je me retourne pour voir ma mère. Celle-ci me fait signe d'y aller. Je prends donc mon courage à deux mains et poursuis ma route.
Les couloirs sont remplis de monde. Je m'approche d'un groupe de filles et leur demande, un peu perdue :

— Excusez-moi... vous ne sauriez pas où se trouve le bureau de la principale s'il vous plaît ?
— Au fond du couloir, à gauche.
— Merci.

Je marche dans l'allée et tourne à gauche lorsque je parviens au fond du couloir, comme ce que la jeune fille m'a indiqué. Le silence règne.

— Entrez, me répond-on lorsque je frappe à la porte.

Je resserre mes doigts autour de la poignée et l'ouvre. Je me dirige vers son bureau d'un pas mal assuré.

— Assieds-toi.

Je m'exécute. La principale me regarde en souriant.

— Tu dois être Laïa, je me trompe ?
— Non, madame.
— Bien. Pas trop stressée par ton premier jour ?
— Si... je suis un peu anxieuse...
— C'est tout à fait normal. Ça passera au cours de la journée. Je vais t'emmener jusqu'à ta classe et tu pourras récupérer tes manuels tout à l'heure.