[1] Naïve et impuissante

Chapitre 5 - Laïa

La voiture s'arrête. Je n'ai pas envie de descendre ni d'assister aux cours et encore moins envie qu'elle parte en déplacement. Mais je n'ai pas le choix.

— Tu sauras te débrouiller seule ? s'inquiète ma mère.
— Oui ou du moins, je vais essayer.
— Je ne me fais pas de souci pour toi de toute façon. Fais juste attention à toi, ma puce.

Je me tourne vers elle et la prends dans mes bras. Je la serre fort. Je vais m'ennuyer sans elle.

— Tu fais attention là-bas.
— Ne t'en fais pas pour moi. Je t'aime, mon cœur.
— Je t'aime aussi, maman.

J'avance un peu avant de la regarder s'éloigner. Je soupire et traverse l'allée centrale jusqu'au lycée. Je passe devant Tatiana et les filles me dévisagent.

— Laïa ! m'interpelle Ayden.

Je continue mon chemin sans oser les regarder.

— Qu'est-ce qu'il lui arrive ? l'interroge Naïl.
— Je ne sais pas.

Je m'enfonce dans les couloirs du lycée et dépose une partie de mes affaires dans mon casier.

— Salut, Laïa. Tu vas bien ?
— Salut, Layana. Oui et toi ?
— Oui merci. On mange ensemble ?
— Avec plaisir.
— Super ! On se rejoint à la table d'hier.
— Ça marche.

Elle me fait un sourire et retourne auprès de ses amies.

J'attends la sonnerie de fin de matinée avec impatience. Je ne pense qu'à retrouver Layana au réfectoire, ce que je fais dès que la sonnerie retentit. Je suis tellement en avance que je n'ai pas besoin de faire les vingt minutes de queue habituelles.
Une vingtaine de minutes passent et Layana n'est toujours pas là. Olivia passe à côté de moi sans manquer de me lancer une pique :

— C'est triste de se retrouver toute seule à l'heure du déjeuner. Ça doit être dure de ne pas avoir d'amis.

Je ne lui réponds pas. J'estime que le silence est le meilleur des mépris. Elle poursuit :

— Ça me fait de la peine. Tu vois, je t'aurais bien proposé de manger avec nous mais ton physique ne colle pas avec le nôtre, quel dommage !

Après cette réflexion désobligeante que je fais semblant de ne pas avoir entendue, elle part en ricanant suivie de ses soi-disant amies.

— Excuse-moi pour le retard, mes copines m'ont retenue. Je me suis embrouillée avec elles, m'informe-t-elle en s'installant en face de moi.
— Pourquoi ?
— Elles m'ont reproché de rester avec toi.
— Je ne veux pas être la cause de votre conflit. Si tu préfères manger avec elles plutôt qu'avec moi, ne te force pas. Je comprendrai.
— Je ne me force pas ! Si j'ai envie de rester ou de manger avec toi, je le ferai que ça leur plaise ou non.

•••

Aujourd'hui nous sommes jeudi et c'est l'anniversaire de Tatiana. Je lui avais acheté un cadeau mais ça ne sert plus à rien maintenant qu'elle ne me parle plus.
Je prépare mon sac de cours et vérifie mes affaires mais je vois que j'ai oublié de prendre mon manuel de physique-chimie. Je me lève pour le récupérer dans le tiroir de mon bureau mais je m'aperçois rapidement qu'il n'y est pas. Où ai-je bien pu le ranger ? Ah oui ! c'est vrai ! Sur la commode, près du cadeau de Tatiana. Une fois que je l'ai rangé dans mon sac, je sors de chez moi. Ayden m'attend devant le portail.