Demian

Caïn

Dans ce chapitre, une nouvelle délivrance arrive de façon inattendue : un nouvel élève aisé et plus âgé arrive dans son école. Il paraît bien plus vieux et serait semblable à un monsieur, en partie à cause du fait qu'il ne s'implique peu ou pas du tout dans les jeux avec les autres enfants. Son nom nous est donné seulement après une brève description : Max Demian. Alors que la classe de Sinclair et celle de Demian (qui est un élève plus âgé) se retrouvent dans une même salle, Sinclair reste longtemps fasciné par le « visage intelligent, remarquable de clarté et de fermeté» de ce nouvel élève qu'il ne connaît pas encore. Pendant que les plus jeunes apprennent l'histoire de Caïn et d'Abel, les plus vieux font un autre devoir. Aux yeux de Sinclair, Demian ressemble à un chercheur, pas à un simple élève concentré. Sinclair ressent de l'antipathie car Demian apparaît « trop mystérieux, trop froid,trop sûr de lui », semble se comporter « comme un prince» et «tout en lui manifestait une personnalité par laquelle il s'imposait».

Après l'école, Sinclair etDemian font le chemin jusqu'à la maison, à la demande de ce dernier. Ils parlent de la leçon du jour sur Caïn et Abel, et Demian propose alors une autre interprétation de ce mythe : Caïn ainsi que ses enfants avaient un signe, une marque invisible sur le front, qui faisait qu'ils étaient craints par les autres. Mais elle avait été mal interprétée. C'était tout d'abord un signe dedistinction, conçue comme inquiétude et hardiesse dans le regard à laquelle les hommes n'étaient pas habitués. En effet, ceux avec cette marque sont considérés comme inquiétants, peu rassurants,car ils sont en réalité courageux et ont une forte personnalité. Caïn,« un fort » détenant la marque avait tué Abel, « un faible » ne l'ayant pas. Les autres se plaignaient alors, remplis de terreur, mais quand Caïn leur posait la question de savoir pourquoi ils ne l'avaient pas tué, ils ne répondaient pas que c'était parce qu'ils étaient lâches, mais plutôt parce qu'ils ne pouvaient pas, du fait de l'ordre des choses instauré par Dieu qu'ils ne peuvent se permettre de défaire.

Demian aussi porte cette marque invisible sur son front, celle de Caïn, qui lui vaut la particularité d'être différent, donc très peu apprécié des autres humains qui n'ont pas et ignorent l'existence de cette marque signifiant la force. On peut le retrouver lorsque Sinclair inspecte Demian du regard, comme expliqué plus tôt, lorsqu'ils travaillentdans la même pièce.

Après cette révélation,Sinclair subit un profond bouleversement. Il se compare et est comparé à Caïn lorsqu'il fait preuve de perversité et de misère qui l'élèvent bien au-dessus de son père. Il se pose beaucoup de questions par rapport à son nouvel ami qui paraît mystérieux, intriguant. Mais il continue à être la victime de Kromer. Ses cauchemars continuent de plus belle, et il se voit être persécuté pendant ceux-ci par Kromer. Seulement, Demian prend la place de Kromer, et la résistance dont il faisait preuve face à celui-ci, se change en consentement dès qu'ils'agit de Demian.

L'espoir renaît chez Sinclair qui ne ressent plus de solitude, mais une sorte de délivrance prochaine. Il se rend compte une semaine après que Kromer n'est pas venu le voir et quand ils se croisaient, ce dernier l'évitait. Le lendemain, Demian avoue à Sinclair qu'il y est pour quelque chose et qu'il a su persuader, sans faire recours à la violence puisqu'il détestait ça, que le seul avantage pour Kromer était de laisser Sinclair tranquille.

Sinclair éprouve pour Demian de la reconnaissance mais de la crainte, de l'admiration mais aussi de l'angoisse. Il considère cet événement de son enfance comme le plus important car il est synonyme de délivrance. Il n'a « plus accès à des battements de frayeur », il se confesse même à ses parents qui le retrouvent tendrement : « Mes parents me caressèrentles cheveux », mais tout n'est pas rentré dans l'ordre puisqu' Émile (Sinclair) sent qu'il reste ingrat envers Demian qui l'a sauvé. Il pense que c'est à lui qu'il aurait dû se confier, mais ne peut s'empêcher d'être "un Abel", un faible, et de se réfugier dans le monde de ses parents où il est choyé, rendu dépendant de son confort et de sa facilité. Il ressent une méfiance justifiée vis-à-vis de Demian car il pense que celui-ci aurait tenté de le rendre indépendant du monde de ses parents, monde dans lequel il se fourvoyait.