Mensonges and co.

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ALEXANDRE

Je la regarde longuement, essayant d'éviter de m'emporter face à son sourire carnassier. Christophe Leviaux. C'est un peu grâce à lui que je l'ai rencontré. Il l'avait jeté comme une merde, elle qui ne s'était jamais faites larguée par personne.

- C'était bien ?

Je contrôle ma colère, regrettant presque d'avoir posé cette question.

- Oui, c'est un homme charmant et toujours aussi séduisant.

Je fais grincer mes dents à m'en faire mal. Elle le fait exprès pour m'énerver et ça marche.

- Tellement charmant qu'il t'avait quitté pour la finale de la Coupe du Monde.

Son sourire disparaît, tandis qu'elle se repositionne nerveusement sur sa chaise.

- Ce n'est pas..

Elle s'arrête un moment, pinçant la pulpe de ses lèvres entre ses dents.

- Je vais te raconter.

Je regarde ma montre en soupirant, de toute manière je n'ai rien de mieux à faire.


ROSE

12 JUILLET 1998, 20h35

- Rose, il a dit qu'il nous rejoindrait directement là-bas.

Je me tourne vers mon amie du moment, Katie, en roulant des yeux.

- Je te promets qu'on ne ratera pas ce fichu coup d'envoi.

Elle hausse les épaules derrière son volant, tandis que je ferme la portière derrière moi. Je ne vois même pas pourquoi elle râle autant, je parie qu'elle ne sait même pas ce qu'est un coup franc. Pas que je le sache non plus.

Je lève les yeux vers l'immeuble de mon copain, montant les trois petites marches. Je vais pour sonner à l'interphone au nom de Leviaux, mais une vieille femme en sort, me laissant la porte ouverte.

Satisfaite, je grimpe jusqu'au deuxième étage en courant presque. J'ai une terrible envie de faire un câlin. Voilà pourquoi je n'ai pas donné de raison à Katie, elle allait me prendre pour une chaudière.

Christophe est un véritable canon, il baise bien et surtout ce n'est pas le gars gentil à te couvrir de fleurs tous les jours. Oui, je sais. Je suis bizarre mais les garçons sympas, non merci.

J'ouvre directement sa porte, il ne la ferme jamais à clef. Je pénètre dans l'appartement, retirant directement mon top. Je fais le tour de la cuisine et du salon avant de m'élancer dans le couloir. J'ouvre doucement la porte de sa chambre, prête à le trouver encore en train de dormir.

Mais les bras m'en tombent quand je le découvre, bien accompagné.

Ils ne me voient pas, trop occupés à s'embrasser.

Il me trompe

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Il me trompe.

Je ne suis pas vraiment comme toutes ses filles, je n'ai pas envie de chialer – enfin pas vraiment. Je suis en colère, personne ne me trompent. Je trompe les gens, je les jette. Mais pas le contraire, bon sang.

Je recule, sur la pointe des pieds et repart dans le sens inverse. Je ré-enfile mon top en coton, éprise d'une drôle de sensation : j'ai les yeux qui piquent. Bordel, je pleure. Je m'assoie quelques secondes sur son divan où nous nous sommes si souvent envoyés en l'air, me prenant la tête entre les mains.

Je fond en sanglot, moi Rose Durant. J'étais pas censé m'attacher à cet apollon. Je savais bien que trois mois ça devenait dangereux.

Je relève la tête en attendant les gémissements plus que simulés de cette pouf. Il ne m'en faut pas plus pour que la colère m'envahisse, mais je me refuse à me la jouer copine hystérique. Alors, je me lève et ressors, comme si de rien n'était. Et je sonne. Je m'excite sur sa sonnette.

Je frotte nerveusement mes yeux, en espérant que ma tactique va marcher.

- J'arrive !

Sa voie enjouée me donne envie de dégueuler sur son paillasson.

Il entre-ouvre la porte et je me réjouis presque de son sourire qui disparaît et réapparaît comme si de rien n'était.

- Bonjour beauté.

Je serre la mâchoire, me retenant de lui cracher à la gueule.

- Salut.

Il fronce les sourcils, regardant rapidement derrière lui avant de sortir complètement de chez lui, me recevant sur le pallier.

- On ne devait pas se retrouver directement là-bas ?

Je hausse les épaules, que trop impliquée dans mon rôle.

- Si, mais il faut que je te parle.

- Je.. t'écoute.

Je prend une grande et profonde inspiration :

- Tu es très gentil et tout.. mais, on est sexuellement pas compatible. Je veux dire tu es un peu.. mollasson, et..

Je baisse volontairement le ton.

- Elle est trop petite pour moi.

Je le vois aisément serrer les dents, et je dois prendre sur moi pour ne pas éclater de rire. Sans lui laisser le temps de me répondre, sachant qu'il doit être vraiment touché dans sa fierté, je m'en retourne.

Je dévale les escaliers, finalement assez contente. Je suis ce genre de fille un peu féministe qui n'apprécie pas se faire marcher sur les pieds, ni d'avoir des cornes jusqu'au plafond.

Je sors du bâtiment, retrouvant Katie.

Je ferme la portière derrière moi, pendant qu'elle m'interroge du regard.

- Où est Christophe ?

Elle démarre pendant que je laisse ma tête tournée vers le paysage qui défile sous mes yeux.

- Je l'ai quitté.

- Tu déconnes ?

Je hausse les épaules, toujours dans mon rôle de la connasse détachée.

- Non, il baisait comme un pied.

La vérité, c'est que je n'avais jamais été aussi comblée de toute ma vie. C'était un véritable Dieu vivant, un charmeur, toujours attentionné. Et je suis lâchement tombée dans son piège.

On met au moins dix minutes à trouver une place devant l'immense villa de Marie Vanwid. Elle n'avait clairement pas menti, quand elle disait qu'il y aurait une centaine de personne.

Je sors de la voiture, sous une chaleur toujours aussi harassante et à moins de trois minutes du coup d'envoi.

L'écran géant du salon est immense, je n'avais jamais vu ce genre de choses de toute ma vie. Il y a du monde partout, et je ne cesse de saluer mes camarades de lycée. Je me dirige directement vers la table, où le punch m'attends sagement. Je m'en sers deux louches, remplissant le verre au maximum. Je le porte aux lèvres, pendant que la Marseillaise retentit et que toutes les personnes présentes se mettent à la chanter à tue-tête.

Je ris en les voyant tous agglutiné derrière cet écran, les yeux brillants. À croire que si la France gagne ce soir, leur vie changera à jamais.

**

Je sais, j'ai été longue et ce chapitre n'est pas génial mais j'avais peu d'inspiration comparé au prochain !

Bisou,

V.


Veux-tu divorcer ? (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant