Manger. C'est l'appel de la faim qui me réveille. Mon réveil n'a même pas sonné, mon ventre est déjà pleinement debout lui, me rappelant mes fautes, mes tords et mes souvenirs douloureux. J'aimerais le broyer et c'est ce que je fais. Donnant, donnant.
Je me redresse et mets mes lunettes. Je sors doucement du lit pour prendre des habits. Une espèce de robe pull, très large tombant jusqu'au mollet finit rapidement sur moi. Je coiffe mes cheveux à la volée, je n'ai pas de miroir pour les réajuster correctement. Je les laisse tomber sur mon visage, leurs anglaises rebiquant sur mes épaules.
Mon sac sur le dos je sors. J'empoigne une pomme quand ma mère me regarde, avec ce regard emplit de pitié. Mais je semble voir ses yeux qui brillent quand je prends une minable pomme.
- À ce soir Juliette. Passes une bonne journée.
Un mini sourire suffit pour la rassurer, il en faut si peu pour que les gens se sentent bien.
Dans le bus je somnole, mes yeux ce ferment doucement pour s'ouvrir ensuite. Toujours ma pomme en main. Je croque doucement, mon ventre se tord il en veut plus. Je croque une deuxième fois. Il va mieux.
Devant ma nouvelle école j'hésite à entrer. Tous les élèves s'agitent dans tous les sens, certain déboule avec leur valise et d'autre se sautent dans les bras.
Je pose un pied dans cette université. J'essaie de paraître détendue et je marche vers l'amphithéâtre. Il y a déjà beaucoup de monde, je me trouve une place assise à côté d'une fille.
- Excuse moi, je peux m'asseoir ?
Je lance un regard sur la place à côté d'elle avec un balancement de tête.
- Bien sûr.
Elle pousse son sac et je m'assois. Je pose mon ordinateur devant moi, comme la plupart des élèves. On perd le papier c'est triste.
Je sens la fille qui est à côté de moi hésitante pour lancer la discussion.
- C'est ta première année aussi ?
J'hausse un sourcil. Si je suis là c'est que oui, je suppose. Je manque de soupirer, " sois sociable" me murmure ma conscience. Je ne sais pas faire ça, je regarde devant moi les doigts croisés.
- Oui. Je suis Juliette.
- Moi c'est Abby.
J'hoche la tête et regarde le professeur qui nous présente le programme. Je reste attentif jusqu'à la fin du cours.
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- Juliette ?
- Oui ?
Je la regarde en rangeant mes affaires. J'ai bien cru que cette matinée ne s'arrêterait jamais. Faire une présentation aussi longue, c'est possible ? Néanmoins, le programme semble intéressent et le calme olympien de la salle m'avait fait un bien fou.
- Tu connais des gens ici ?
- Non. Et toi ?
- Non plus. Cela te dérangerait qu'on mange ensemble ?
Je me braque, puis lui adresse un sourire gentil. J'espère qu'il semble vrai.
- Si tu veux.
On sort toutes les deux de l'amphithéâtre. On ne parle pas trop, je ne suis pas très sociable et elle doit le ressentir. Je me sens obliger de cause avec elle, les mots s'arrachent de ma bouche pour mettre terme à ce qui doit être un supplice pour elle.
- Sinon, pourquoi tu es dans cette fac ?
Abby sourit. Ah les filles quand on s'intéresse à elle...
- J'aimerais être juge. Ou juriste d'entreprise. Et toi ?
- Avocate. Pénale si je peux.
Elle me fait un sourire et on entre dans la cafétéria. Elle va s'acheter quelque chose, je grimace n'ayant pas faim. Je prends de petites tomates cerise, c'est mignon, ça ne va pas me tuer. Les tables sont bondées, Abby choisit une place à côté d'un groupe. Nous mangeons dans un silence gênant.
Je sens un regard un côté de moi. Je tourne la tête, un type blond aux yeux bleu me regarde en souriant.
- Vous êtes des premières années ?
- Mmh oui. Pas vous ?
- Non. Vous voulez vous joindre à nous ?
- On est déjà sur la même table je crois.
Je lève les yeux en l'air et j'entends Abby rigoler. Je la regarde en finissant ma dernière tomate.
- Moi c'est Abby, elle s'est Juliette. Et vous ?
Le type souris et montre ses amis du doigt un par un. Comme si on allait tout retenir.
- Julien, Zack, Hugo et voici Léa et Zoé. Moi c'est Adrien.
Abby leur fait un agréable sourire. Ils lui rendent tous à part Zack, ou Hugo. Enfin j'en sais rien. Je jette mon emballage et regarde l'heure.
J'entends Abby marmonner.
- Il nous reste une heure à tuer génial.
J'hausse les épaules. Une heure ce n'est rien. J'irais bien m'enfermer quelque part et me perdre dans ma musique.
- Vraiment ? Nous aussi. On allait décalé à l'appart de Zoé. Vous venez ?
Adrien se lève ainsi que ses amis. Il nous sourit trop gentiment. Il va finir par avoir mal aux joues à force de nous faire des sourires montant jusqu'aux oreilles.
Abby se lève aussi toute enjoué. Elle est beaucoup moins individualiste que moi. Elle aplatit les plies de sa robe fleuries et dit avec enthousiasme.
- Avec plaisir !
Elle prend sa veste légère, mon bras et sort de la cafétéria pour suivre la petite bande. Attendez mon bras ? Non !
- Abby je vais y aller.
Elle se penche vers moi et chuchote " Roh ne soit pas timide". Je soupire, génial.
Je ne suis pas coincé. Ni timide. Mais voir tous ces gens rigoler à plein poumon pour rien ne me donne pas envie de les rejoindre. Je n'ai pas envie de m'asseoir non plus. Entouré de tout ces garçons je ne serais jamais à l'aise.
Tout le monde est entassé sur le canapé. Ils rigolent. Abby a déjà trouvé refuge sur les genoux d'Adrien, ou Maxime. Il y a un maxime ?
Seulement Hugo est sur le côté. Il est assit à la fenêtre et fume en silence. Il regarde, comme moi, les gens euphoriques sur le canapé.
Je commence à me faire un peu chier. Je m'avance doucement vers Hugo. En me voyant arriver il me regarde du coin de l'oeil. Je m'assois en face de lui et ramène mes jambes en tailleur. Il me propose une clope, ce que j'accepte. Je la glisse entre mes lèvres une fois allumée. Je lui souffle la fumée sur le visage ce qui a l'air de l'amuser.
- J'ai oublié ton prénom.
- Moi aussi.
Mensonge.
- Hugo.
- Juliette.
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Sombres désirs.
RomanceJuliette. Pas besoin de la regarder longtemps, elle est différente. Elle ne sourit pas, mais elle est heureuse. Elle traîne ses casseroles, son corps en dépant. Seul la noirceur la faisait se sentir en vie. Quand un corps perdu recontre l'amour, la...