MAI

3.4K 342 125
                                    




La fête foraine du coin a rouvert ce mois-ci. Chaque année, des familles se pressent là-bas, les adolescents y entrent par effraction la nuit et les animateurs retrouvent enfin un peu de boulot. J'y suis allé cinq fois dans ma vie, souvent avec ma famille, une autre fois seul avec moi-même et une dernière fois accompagné d'Esteban et d'une de ses petites-copines.

Astrid a réservé tout son samedi pour qu'on y aille avec Naos. Nous sécherons la thérapie cette semaine et passerons d'après ma petite-amie « un super bon moment ». En réalité, j'y vais en partie pour récolter de toutes nouvelles informations sur les différents sentiments. Ces temps-ci, à force de passer mes soirées avec la blonde, j'ai perdu de vue mes recherches de symptômes de sentiments. Il n'y a rien de plus frustrant que de se dire qu'on a mal fait un boulot qui nous tient à cœur. Le mois d'avril de mon carnet a été bâclé et riche en infos confuses. Le lexique ne doit plus être mis de côté, il est beaucoup trop important dans ma vie pour l'oublier.

Le mois prochain, Astrid et moi avons le bac. C'est compliqué de mélanger début de révisions et sorties le week-end. Ce n'est pas la première fois que nous nous retrouvons tous les trois ensemble. Souvent, nous nous rejoignons à la planque et dégustons les cupcakes en écoutant parler Astrid. Naos et moi, nous sommes sur un régime jeux-vidéos, Wonderwall et réflexions en regardant le plafond. On s'est tous les deux acheté un nouveau jeu, un truc un peu plus ludique et bourré de couleurs mais quand même rempli de combats. Naos adore ça.

Ces derniers temps, Naos et moi, nous nous voyons un peu moins avec les cours à cause de la pression du bac qui surplombe ma tête et mon temps passé avec Astrid. C'est ma faute et je ne sais pas si Naos l'a remarqué de son côté.

Depuis peu, à chaque fois que je vois Astrid chez moi, on ne peut plus s'empêcher de se toucher.

C'est irréel de se dire ça. Mais les barrières ont été rompues si facilement et chaque doigt posé sur sa peau, chaque baiser est de plus en plus fort et passionné. Je ne sais pas si ça me tue mais l'ardeur qui a l'air de nous étreindre est à son apogée. Avec elle, tous mes sens sont décuplés.

-       J'ai regardé le plan du parc et je propose qu'on commence par prendre de la barbe à papa. J'adore les sensations fortes, ça vous dit ? Demande la blonde en jouant avec une de ses mèches.

Naos n'est pas très partant. Il louche sur les grands aménagements où nous entendons les cris perçants et remplis d'adrénaline des jeunes. L'idée de monter dedans ne lui plaît pas, il sort de la billetterie tout blême.

-       Sirius, faut à tout prix qu'on fasse le grand 8 ! Naos, je sais que tu vas vomir mais ce n'est pas une raison pour ne pas porter tes couilles, tu verras c'est juste d'enfer ! Annonce Astrid toute excitée.

Je dépose mes yeux vers les fameuses montagnes russes et remarque rapidement toutes les personnes qui se pressent aux poubelles pour vomir. Certains sortent des sacs plastiques de leur poche et font comme si de rien n'était. Je sors mon carnet et note ces comportements sur une page vierge. Intéressant mais clairement dégoûtant.

-       Elle ne vomit jamais ! C'est une légende urbaine dans notre famille ! Lance Naos en se payant une boisson.

Mon sourire s'affiche à l'entente de ses mots. Naos et ses remarques sont toujours aussi simplets mais font toujours sourire plus d'un. Il ne s'en rend même pas compte mais ce gars est clairement amusant.

Astrid s'est déjà dirigée vers la queue du grand 8 et attend patiemment, le nez sur son portable. Nous sommes derrière, marchant encore au ralenti vers l'attraction.

-       T'as envie de le faire ? C'est toujours rempli de sensations et même si moi je n'arriverai pas à supporter, c'est plutôt fun d'après Astrid. Interroge le brun en buvant un granité avec sa paille fluo.

SiriusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant