Secret

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Note : Texte rédigé dans le cadre du concours de nouvelles de l'association 

Lire à Saint-Etienne.

Il faisait partie de ces gens qui n'ont qu'une valise.

Maintenant encore, je revois son air espiègle, son sourire malicieux, ses yeux pétillants, son front plissé... Je me dis que cela n'est pas possible.

On était en novembre, et par un froid vendredi presque hivernal, je me trouvais à bord de l'avion qui me ramenait de Londres. Alors que l'oiseau métallique venait à peine d'atterrir sur le bitume, un homme vêtu d'un manteau bleu marine bouscula la plupart des passagers pour se ruer au-dehors. Il traînait derrière lui une lourde valise écarlate, cadenassée.

Étrange... Il ne l'avait pas récupérée, comme tout le monde, dans le bâtiment de l'aéroport sur les tapis roulants mais l'avait emmenée dans l'avion...

Après avoir récupéré mes bagages, je me dirigeai bien sûr vers la sortie. Je poussai la porte, esquissai un pas dans la rue sur laquelle donnait l'infrastructure... Il se tenait là, un trait oblique barrant ses lèvres. Ses doigts serraient la poignée de sa valise si fort que ses jointures étaient blanches.

J'étais de plus en plus intrigué. Quelle était la cause de cette protection exagérée ? Certes, il faut prendre garde à ses affaires mais tout de même... La nuit commençait à tomber, révélant une lune pleine et brillante qui illuminait de sa clarté blafarde le paysage urbain.

Sans que je sache pourquoi, cette étonnante personne m'adressa un clin d'œil. Puis, elle porta son doigt à ses lèvres mimant ainsi l'action de se taire. Enfin, elle raffermit sa prise sur sa valise et partit en silence dans la nuit ténébreuse.

Ça aurait pu se terminer là. Il y aurait pu ne pas avoir de suite à cette journée banale. En toute logique, jamais je n'aurais dû revoir cette personne.

Et pourtant, à peine m'avait-il quitté que j'entendis un cri. Un cri terrible, perçant, qui déchira le silence de la nuit. L'obscurité cachait de son manteau noir l'émetteur de ce son terrifié mais je n'avais pas besoin de lumière pour le connaître : il s'agissait de l'homme à la valise rouge. Aussi vite que je le pus, je courus dans la direction du hurlement. La tâche était plus difficile à présent ; le silence brisé était revenu en maître.

Soudain, je trébuchai contre quelque chose d'assez volumineux. Je ne pris pas le temps d'examiner l'objet, je devais découvrir où était celui que je recherchais désormais ardemment.

Tout à coup, les lampadaires s'allumèrent, comme s'ils avaient été tirés d'un long sommeil. La nuit avait camouflé les événements, la lumière les présentait maintenant dans toute leur horreur, ayant sans doute attendu le moment propice pour les révéler...

La première chose que l'on distinguait était la valise se dressant fièrement sur ses deux roues, contemplant le décor d'un œil qui aurait été certainement hautain si elle en avait eu. Juste à côté, il n'y avait rien d'autre qu'une ligne épaisse et noire. Mon instinct me guidant probablement, je décidai de la suivre, la valise en main.

À sa fin se tenait un corps. Il n'était déjà plus là, seules ses lèvres remuaient encore.

En me désignant la valise, il articula péniblement :

« Gardez... Là... ».

Ce furent ses derniers mots.

Que de mystères autour d'une seule valise. Elle portait en elle les réponses aux questions qui étaient apparues après cette nuit tragique.

Je l'ai toujours avec moi. J'ai tenu ma promesse tacite faite non loin de cet aéroport. Elle est là, dans mon bureau, encore cadenassée. Je nourris l'espoir de parvenir à la forcer, pensant qu'à l'intérieur somnolent les explications à tous ces événements.

Oui, il faisait partie de ces gens qui n'ont qu'une valise. Mais sa valise à lui recèle des secrets dépassant l'entendement.

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Salut ! Alors, comment as-tu trouvé la nouvelle ? Pour rappel, j'attends toujours tes idées pour le texte présenté dans I need you. Il ne reste que deux mots à proposer sur les cinq de départ. 

Merci ! ;-)

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