Solitude

Chapitre 16

Ch.16

Tom s'arrêta net et lâcha presque inconsciemment la main du brun. Il regardait le sol et semblait apeuré. Il ne s'attendait pas à cette question. Il avait pensé naïvement que Bill n'essaierait jamais de savoir. Il avait espéré que Bill n'avait pas entendu, pas comprit... Il s'était trompé. Bill ne remarque pas vraiment le stress qui venait de s'agglutiner autour de Tom et qui le faisait trembler imperceptiblement.

" Dis le moi, je ne te jugerais pas. Je veux juste savoir."

" Non... Non... Non..."

Sa voix, presque inaudible, tremblait, comme tout son corps maintenant. Ses poings se crispaient. Les larmes brouillaient sa vue. Ses pensées s'effritaient. Son coeur s'emballait. Ses jambes ne le soutenaient plus. Il se retrouva à genoux, les mains s'agrippant désespérément à son pantalon.

Bill n'avait pas envisagé une telle réaction et s'en voulait de lui avoir demandé cela aussi soudainement et en plein milieu de la rue. Heureusement qu'il n'y avait pas grand monde.

" Tom, je t'en prie, reprend toi. Je t'aime et je t'aimerais toujours, quoi que tu aies pu faire dans le passé. Tom... Tom... Regarde moi. S'il te plait."

Bill s'était accroupit devant lui et essayait de relever la tête du blond pour faire passer dans son regard tous les sentiments qui se mélangeaient en lui, trop forts pour trouver des mots appropriés, trop intimes pour les exprimer à haute voix, mais Tom restait figé, prostré, terrorisé. Bill ne savait comment le calmer... Qu'il arrête de pleurer, c'est tout ce que le brun souhaitait pour le moment. Une larme perla sur sa joue. Il souffrait de le voir comme ça. Il s'en voulait. Il se détestait pour ça. Lui qui s'était jurer de l'aider...

Sa langue força le passage de ses lèvres, sans demander la moindre permission. Tom avait hoqueté de surprise et déjà Bill jouait à faire danser leurs langues ensemble. Le baiser au goût de sel devint rapidement passionné. Ils se séparèrent haletant, le regard perdu dans celui de l'autre.

" Pourquoi t'as fait ça ?"

" Je savais pas comment te calmer."

Tom se releva plus que gêné. Plusieurs personnes les regardaient. Ils reprirent leur marche silencieusement et au bout d'un court instant Tom reprit la parole.

" C'était mon père."

Le brun le regardait, attendant la suite de l'explication... Qui n'arriva jamais. Bill était tiraillé entre sa curiosité et sa patience. Il avait ouvert la bouche pour poser des questions, mais c'était finalement abstenu. Il préférait pour le moment ne pas approfondir le sujet. Tom s'était confié, c'était déjà bien, mieux valait ne pas le forcer de trop.

" Je te raconterais... Un jour... C'est promis."

" D'accord."

Tom relâcha la main qu'il serrait dans la sienne... Ils arrivaient près de leurs maisons. Bill savait... Il n'insista pas. Ils se dirent au revoir d'un geste avant de pénétrer chacun chez eux. Comme toujours le brun fut accueillit chez lui par un sourire chaleureux tandis que Tom, lui, n'était attendu que par le froid d'une maison encore vide et silencieuse... Et cela le soulagea.

Chaque soir, Bill avait prit l'habitude de regarder par sa fenêtre, espérant voir ainsi son amant quelques minutes de plus. Il savait maintenant que lorsqu'il l'apercevait, cela signifiait que sa soirée n'avait pas été trop brutale. Au contraire, lorsque les rideaux restaient inexorablement fermés, cela ne présageait rien de bon.

Ce soir là, Tom avait laissé les rideaux ouverts. Ce soir là, ils avaient parlé sur skype. Ils avaient parlé de tout et de rien à la fois, évitant les sujets sensibles, laissant de côté les questions difficiles, se disant en revoir par de gentils mots doux, se souhaitant bonne nuit par des phrases enivrantes. Ce soir là, Bill se coucha avec le sourire... Et Tom aussi. Ce soir là, Estelle était rentrée très tard.