Chapitre 22

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Ch. 22

Bill venait juste de refermer la porte derrière lui, mais ne parvenait pas à s'éloigner de cette maison. Son coeur se serrait dans sa poitrine et son souffle ne lui apportait apparemment plus suffisamment d'air, il avait la désagréable impression de suffoquer. Il épiait chaque son qui pouvait lui parvenir. Il tentait de capter les paroles et décrypter les bruits. Malheureusement, il n'entendait presque rien. Un calme religieux régnait dans la demeure. Un sentiment d'impuissance et de doute s'empara de lui.

Ne pouvait-il rien faire ?

Une heure... Une heure à attendre... Une heure à espérer que tout ce passe bien... Une heure à trembler et s'inquiéter.

Il espérait au fond de lui qu'elle ne le toucherait pas, qu'elle n'oserait pas puisqu'il savait tout. Qu'elle allait se rendre compte qu'elle n'avait pas le droit. Qu'elle allait comprendre que ce n'était pas la faute de Tom.

Bill traversait lentement la rue, perdu dans ses pensées et dans ses peurs. Pourquoi avait-il accepté de le laisser seul ? Une heure.... C'était une éternité. Les larmes menaçaient de couler et lui brouillaient la vue. Il rentra chez lui et s'écroula contre la porte, se laissant glisser le long de celle-ci. Il ne bougeait plus, pleurant à chaudes larmes dans l'entrée, les jambes repliées contre son torse. Ses parents accoururent vers lui.

*

Tom était resté debout dans l'escalier, attendant la sentence. Il savait pertinemment qu'ils n'allaient pas parler. Il savait pertinemment qu'il allait payer pour cet instant de bonheur, mais il était prêt. Il s'y était préparé dès le début de cette relation. Il ne fuirait pas. Il ne l'avait plus jamais fait depuis ce jour.

Le temps s'écoula lentement... Ou peut-être trop vite finalement.

Le premier coup arriva, fort et cinglant. Le second suivit et les autres s'enchaînèrent à une allure folle. Tom ne bougeait pas, encaissant du mieux qu'il pouvait, comme il l'avait apprit depuis toutes ces années. Les chocs fusaient principalement sur son visage. Des gifles pour commencer, puis des coups plus violents. Il ne cherchait même pas à les distinguer... Pour quoi faire de toute façon ? Cela ne s'arrêterait que lorsque sa mère en aurait assez, qu'elle serait fatiguée et calmée.

Pour certains il ne les voyait même pas arriver, d'autres, il les appréhendait parce qu'il savait qu'ils feraient mal, mais pas un son ne sortait de sa bouche. Cela irritait Estelle, elle cognait pour faire mal, mais elle frappait encore plus fort lorsqu'il criait ou gémissait.

Au bout de dix minutes, son visage était en sang et elle s'était déjà attaquée au reste de son corps. Elle le frappait de toutes ses forces. Elle était déchaînée. Tom avait l'impression d'être revenu sept ans en arrière lorsque sa colère était la plus forte. Maintenant c'était sa haine qui dictait ses gestes... La haine qu'elle éprouvait pour ce monstre qui lui avait volé son amour.

Tom ne bougerait pas et endurerait comme toujours la colère de sa mère.

Estelle hurlait sa rage. Elle ne pleurait plus depuis longtemps elle non plus. Ce rituel ne la tranquillisait plus. Elle n'arrivait plus à évacuer cette souffrance et voir son fils faiblir sous ses coups ne l'aidaient plus à oublier. C'était une habitude, un défouloir, un exutoire, une vengeance.

Tom avait un goût de sang dans la bouche, il sentait ses côtes se fissurer sous les coups de sa mère. Il aurait pu mourir maintes fois sous les tortures qu'elle lui avait déjà infligées, mais elle s'arrêtait toujours trop top.

La pire des morts était de le laisser vivre.

Déjà presque vingt minutes qu'elle le frappait et elle ne faiblissait pas, ne se calmait pas. Il lui sembla l'espace d'un instant qu'elle allait arrêter alors qu'elle s'éloignait. Tom se détendit un peu, pensant que le pire était passé. Il ne baisserait pas les bras. Il cherchait dans ses pensées le souvenir de Bill... Lui parlait, lui demandait sa force, le suppliait de l'aider.

SolitudeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant