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<< Dans MA voiture ! T'es vraiment sérieux ?!
- Tu vas la fermer Miss Poissonnière ! On est en cours si t'avais pas remarqué.
- Poissonnière ?
-C'est une expression. >>
Alicia se courbe un peu et chuchote enfin.
<< Vous l'avez fait dans ma voiture Ethan t'es malade !
-Désolé Alicia mais elle m'a sauté dessus. Littéralement.
-Elle... son regard se fait noir et elle prend une grande inspiration. Tu es dégoûtant.
-Ne t'inquiète pas, j'ai nettoyé ta voiture intérieur et extérieur hier c'est cadeau !
-Encore heureux ! crie-t-elle dans la salle surplombant le bruit de fond des bavardages des autres élèves.

Elle va m'en vouloir au moins une demi heure là. Je n'ai pas de remords c'était génial, j'ai gardé son numéro mais je sais très bien que je ne la rappèlerai pas et c'est probablement ce qu'elle veut aussi. J'étais son coup d'un soir elle était le mien.

Je suis au réfectoire, je déjeune avec Fred et Paul alors qu'Alicia est a une table plus loin entourée de ses amies et qu'elle fait mine de ne pas me remarquer.
La petite brunette de l'autre jour est là elle aussi accompagnée de sa grande blonde d'amie et d'une métisse aux cheveux bouclés. C'est dingue comme mes yeux refusent de se détacher d'elle. Faut que j'arrête, elle a déjà remarqué que je la regardais et qu'elle pense que je suis un psychopathe ne fait pas vraiment parti de mes plans. D'ailleurs quels sont les plans à son égard ? Difficile à dire, je pense commencer par un "bonjour" ensuite j'improviserai.
Fred nous parle encore et toujours de sa "latina" qu'on appèlera Gabriella parce que je n'ai toujours pas retenu son nom. Je disais donc que Fred nous parle de sa Gabriella qu'il a enfin (merci mon Dieu) sauté samedi soir !  Peut-être qu'on va pouvoir mettre un visage sur cet "ange tombé du ciel" dont on a tellement entendu parlé maintenant qu'ils sont officiellement ensemble.

<< Tu as fait la pire erreur de ta vie mon pote. déclare Paul l'air grave.
- Qu... Quoi ? Mais pourquoi tu dis ça ? demande l'intéressé les yeux ronds.
-Dans moins de deux semaines c'est la Saint Valentin ! Tu vas devoir casser ta tirelire ! >>
On éclate tous de rire.

Ces derniers jours j'ai complètement oublié cette histoire de pouvoirs psychiques flippants. Mais dans un coin de ma tête j'ai quand même analysé la situation. Je peux contrôler ce que les gens voient et entendent sans même les toucher. Je devrais m'entraîner pour perfectionner cette faculté mais elle devient vite incontrôlable et l'épisode du bus m'a un peu foutu les jetons. Je devrais faire ça sur des cobayes volontaires autrement dit : Alicia. Ce qui est sûr c'est que ces pouvoirs sont puissants, et qu'ils me font par conséquent être puissant. J'ai un avantage sur tout le monde. Un sentiment de bonheur et de liberté s'emparait de moi. Je me sentait indépendant et souverain, je me sentais invincible.

Je me demande si beaucoup comme nous jouent aux carte le soir autour d'une bière. Ça fait carrément gros bonhommes retraités de 70 ballets. C'est un peu une habitude pour nous, de jouer à la belote ou au président sur la petite table bancale de chez Paul. Cet enfoiré se fait payer un petit studio par ses parents depuis plusieurs mois. Avec quelques amis on y squatte de temps en temps pour jouer aux cartes et parler. De sport souvent, de jeux vidéos parfois et des filles surtout.

<< Je vais bientôt rentrer les gars je suis claqué.
-Moi aussi Karim, on finit la partie et je rentre avec toi. lançais-je en même temps qu'une paire de rois.
-C'est ton tour gros. >> souffla Fred à son voisin.

Une conversation visiblement privée se nouait en face de moi entre Paul et un certain Stanko avec qui je n'avais jamais vraiment créé des liens. Ces messes basses rompaient le bon déroulement de la partie et l'unité conviviale habituelle du groupe. Paul avait l'œil brillant et un fin sourire se dessinait sur ses lèvres, il regardait dans ma direction. Agacé je rappelai les deux hommes à l'ordre :

<< Ça fait bande à part ? mes deux interlocuteurs relevèrent la tête et les regards se posèrent sur moi. Faites-nous profiter de la conversation Paul se marre depuis tout à l'heure j'aimerai bien savoir pourquoi.
-Oh c'est rien de très intéressant ! annonça Paul en croisant les bras derrière sa tête. Stanko m'a juste posé une question amusante.
-Dis nous en plus.
-Bien sûr... >>

Il avait ce sourire détestable de l'homme sûr de lui et il ne me quittait pas des yeux. Son regard était joueur, sa voix qu'il voulait mielleuse sonnait sur le ton du défi. Quelle connerie va-t-il encore nous sortir ?

<< Comment s'appelait ton plus mauvais coup, Ethan ?
- T'en a pas marre de parler de ça ?
- C'est toi qui me demande de partager notre discussion, je le fais.
- J'ai pas eu de mauvais coup pas que je m'en souvienne.
- C'était peut-être toi le mauvais coup ! ricanait Paul. Et toi Fred ? >>

La partie était en suspend. Chacun répondit à la question de Paul un sourire aux lèvres mais quelque chose planait dans l'air. Quelque chose de pas très rassurant. Paul me regardait toujours avec sa petite étincelle mesquine et je semblait être le seul à remarquer le coup venir. Après les conversations salaces de Paul sa deuxième passion était l'humour noir. Je m'attendais au pire.

<< Tu nous as pas dit la tienne Paulo ! Alors la pire expérience de monsieur le chaud lapin ? interrogea Karim.
- Oh moi ? >>

Son sourire horrible était imprimé sur son visage ! Sors-la-moi ta vacherie qu'on en finisse au lieu de me regarder comme ça.

<< Pas de seins, un cul à peine développé mais mal foutu ! Franchement pas un top modèle...
-C'est bon, le coupais-je, abrège.
-Elle était toujours collée à moi donc je l'ai sauté et j'ai dis basta c'était vraiment archi nul. Je voulais pas que t'entende l'histoire encore une fois Ethan tu la connais par cœur.
- Je vois pas trop de quoi tu parles.
- Mais si ! Alicia et moi ça a duré même pas 4 mois je crois même que c'était sa première fois heureusement que c'était pas la mienne parce que ça m'aurait dégoûté des femmes. >>
J'ai les points serrés sous la table, il continue à soutenir mon regard pendant que quelques uns pouffent de rire. Je connais l'histoire qu'il y a eu entre eux, c'était important pour Alicia, elle a tellement pleuré, c'est peut-être à ce moment là que nos destins se sont sellés, quand j'ai été là pour elle. Une partie d'elle est encore sous le charme de ce crétin j'en suis sûr. Je ne supporte pas qu'il se foute d'elle de cette façon. Comment j'ai fait pour ne pas déjà lui en avoir mis une ? Je respire doucement pour me contrôler mais cet abruti continue de parler.

<< C'était pas folichon franchement j'étais déçu !
- Arrête de parlez d'elle comme ça, on a compris.
- T'énerve pas Ethan, il est bourré. me dit Fred en posant une main sur mon épaule.
-Elle était amoureuse de toi bordel comment tu peux dire des trucs pareils ?
- On rigole Ethan on sait que tu veux goûter au gâteau mais tu perds rien d'extraordinaire t'inquiète pas. >>

Je me lève d'un bond. Paul me tape sur le système, j'ai l'habitude qu'il ne respecte rien surtout les femmes mais là il va vraiment trop loin. J'ai prit sur moi pour ne pas rentrer dans son jeu mais j'ai longtemps bouilli intérieurement, faut tout simplement que je lui pète la gueule. Je m'avance vers lui et je le fusille du regard. C'est sa dernière chance de se rattraper.

<< Fait gaffe à ce que tu dis Paul j'ai pas envie de rire.
-Tu crois que je pourrais me la retaper ? Juste pour le kiff ? >>

Mon poing est directement allé s'exploser contre sa joue. Aussitôt les gars m'attrapent par les épaules et les bras pour m'éloigner de Paul qui, malgré sa joue qui commence à enfler, sourit toujours.
Non. Non, il ne va pas s'en sortir comme ça. Je me concentre sur tout le monde dans la pièce et envoie le bruit le plus strident qu'il est possible d'imaginer. D'un coup chacun se recroqueville sur lui-même les mains sur les oreilles. Paul n'est pas l'exception. Il est assis par terre en boule, je suis debout devant lui. J'atténue le son pour lui et il relève la tête vers moi. Je lui fais face. Maintenant ses yeux. Je lui fait voir une page blanche, de la lumière, rien que de la lumière. Il ne comprends pas ce qui se passe. Il est aveuglé. Je lui assène un coup de poing, puis deux, puis trois. Il commence un peu à saigner au niveau du dessous de l'œil. Je finis avec quelques coups de pieds, rien de trop douloureux et je coupe la connexion.
Tout le monde est sous le choc. Ils regardent partout avec les yeux écarquillés. Personne n'ose parler ni même bouger. Ils sont tous par terre comme si une force cataclysmique les avait envoyer violemment contre le sol. Je suis debout et je regarde le plafond pour ne croiser aucun de leurs yeux exorbités. Au bout de 5 ou 10 minutes je ne sais pas, j'attrape mon sac et je m'en vais en claquant la porte.
Bordel j'ai encore merdé.

Tu le vois ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant