Chapitre XXI

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Je priais pour que le soldat ne se soit pas rendu compte de mon manque de sûreté à l'annonce de mes ordres. Sa réaction c'était faite attendre quelques secondes, puis il s'était redressé de plus belle en regardant par-dessus mon épaule.

Reine - Allons, qu'attendez-vous pour exécuter ses ordres ? Auriez-vous un problème avec l'autorité ?

Le soldat s'exécutait aussitôt. La reine était arrivée au bon moment, accompagnée de deux soldats. Le garde près de la porte demandait aux deux autres soldats de se joindre à lui, avant de pouvoir laisser entrer qui que ce soir, ils devaient s'assurer qu'aucun intrus n'allait en profiter pour s'introduire dans la structure. Un à un, les soldats passaient la porte. Ce fut seulement au bout de quelques longues minutes que la porte fut de nouveau ouverte. Un premier groupe d'une dizaine de villageois avait fait leur entrée, puis un autre groupe, cela se répétait encore trois fois avant que les soldats ne fassent leur retour.

Kinsley - Pourquoi n'en faite vous pas entrer plus ? Me précipitais-je d'interroger les trois hommes.

- Je suis désolé ma dame mais, il n'y a plus personne dehors. Les autres sont déjà certainement rentré chez eux dans l'espoir de se protéger.

Je soupirais longuement, je ne pouvais pas forcer ces pauvres hommes à sortir afin d'aller chercher les autres dans leurs demeures. Il fallait se contenter des quelques-uns que nous avions pu sauver. Nous étions revenues sur nos pas. La salle étant trop petite pour accueillir tout le monde, certains avaient dû s'asseoir dans les galeries, le long des murs humides. Je leur avais fait porter des couvertures pour leur tenir chaud. Certains avaient encore le visage marqué par la panique, d'autres continuaient de sangloter ou encore tremblaient. Je me demandais bien ce qui avait pu autant les marquer. Je n'avais jamais assisté à une guerre, je ne savais pas à quoi cela pouvait ressembler mais, d'après le visage de ces pauvres gens, cela avait l'air terrifiant.

La nuit fut longue, personne n'avait fermé l'œil de la nuit, excepté les enfants qui s'étaient presque évanouies de fatigue. Les enfants d'Adélard étaient venus se blottir contre moi pleurant l'absence de leur père. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. J'avais eu la naïveté de croire en la gentillesse de Louis, j'étais passée au-dessus du fait d'expliquer la situation à Isaac et par ma faute une guerre avait éclaté retirant des maris, des pères et des fils à leurs familles. Ma place n'était pas ici, sous la plus haute protection, j'aurais dû faire partie de ces combattants et de ces victimes.

Charlotte - Tu es si pâle. Intervenait doucement ma meilleure amie en saisissant ma main pour y attribuer quelques caresses à l'aide de son pouce. Ne t'en fais pas tout ira bien.

Charlotte essayait de me rassurer tant bien que mal, mais le tremblement de sa voix me faisait comprendre que ce n'était pas le cas. Phébus était lui aussi partie au combat, et je n'étais même pas sûre qu'elle est eue le temps de le voir avant son départ.

Kinsley - Où sont tes parents ? Osais-je alors demandée craignant sa réponse.

Soudain, une larme dévalait le long de sa joue, elle s'était précipitée de l'essuyer mais, il était trop tard elle s'était déjà écrasé sur le sol.

Charlotte - Grâce à dieu, mon père est parti en déplacement depuis plusieurs semaines ... Elle marquait une courte pause. Mais ma mère, elle est seule chez elle, elle doit être terrorisée, je devrais être à ses côtés, je m'en veux tellement.

La jeune femme ne pût retenir davantage sa tristesse et laissa éclater son chagrin. Elle se laissait aller contre moi et posait sa tête sur mes genoux. La main tremblante, je lui attribuais quelques caresses afin de l'aider à me calmer, cette fois-ci je ne trouvais pas les mots. J'étais coupable de cela et j'étais incapable de lui dire.

Après avoir exprimé sa peine pendant un moment, Charlotte avait fini par s'écrouler de sommeil. Sa respiration régulière et calme me fit comprendre que désormais elle allait mieux. Je décidais donc de me lever en prenant soin de ne pas la réveiller. Dehors, l'ambiance semblait s'être calmé, les tremblements et les hurlements avaient cessé. Dans les galeries, nombreux étaient ceux qui avaient finalement cédé au sommeil suite à la distribution du déjeuner.

      « Tu es si amoché, qu'ont-ils fait à ton beau visage. Pourvue que cette guerre soit finie ! »

Une voix douce continuait de surgir un peu plus loin. Je connaissais cette voix, mais j'étais incapable de remettre un visage dessus. Je décidais donc d'aller voir de qui il pouvait bien s'agir cela me permettrait ainsi de me dégourdir les jambes. Laissant mes doigts glisser le long des murs afin de sentir la pierre humide sous ma peau, je me laissais guider. Ce fut qu'après avoir tourné deux fois à droite et une autrefois à gauche que la voix semblait enfin à proximité, dans un petit renfoncement se trouvait une toute petite pièce que j'avais remarquée la veille en traversant les alleée. Discrètement, afin de ne pas m'impose,r je passais seulement ma tête dans l'encadrement de la porte afin de voir de qui il pouvait s'agir. Je reconnaissais la longue chevelure de Jea, devant elle se tenait un homme que je distinguais à peine derrière la large robe de la jeune femme. D'après son timbre de voix adoucie et son inquiétude, je présumais qu'il s'agissait de ce garçon qu'elle fréquentait depuis quelque temps. Je ne pus retenir un léger sourire face à cette douce situation.

Jea - Laisse-moi t'aider, je vais te soigner un peu avant que tu ne repartes.

La jeune femme s'était écartée afin de saisir un chiffon humide qu'elle avait apporté avec elle. Je remarquais au début le visage tuméfié du jeune homme, mais ses traits fins n'appartenaient pas au jeune soldat qu'elle fréquentait. Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je reconnus afin la silhouette de mon mari. Que faisait-il encore avec elle ? Pourquoi avait-elle été la première à être au courant de son arrivée ici ? J'étais incapable de réaliser le moindre mouvement, je continuais d'observer la scène de loin. Jea attribuait de doux mouvements au visage du prince afin d'éponger ses blessures. Cela semblait durer une éternité, je voulais intervenir mais, j'en étais incapable. Après un long moment, le prince s'était levé de son tabouret faisant face à la rousse.

Isaac - Je dois y retourner maintenant, la trêve ne devait être que de courte durée.

Il allait y retourner, étrangement je me sentais soulagée de savoir qu'il ne serait plus en compagnie de la jeune femme. Cela était égoïste, il allait affronter la mort et je m'en sentais soulagée.

Jea - N'oublie pas, repris la jeune femme en se redressant à son tour, je serais toujours là, à t'attendre pour prendre soin de toi, et non pas seulement pour penser tes blessures.

La rousse avait saisi les mains du prince pour les poser sur ses hanches. Je ne pouvais pas le croire, il me semblait bien avoir été interrogé lorsque je les avais vue discuter la première fois, je pensais qu'ils ne se connaissaient pas mais, Jea se montrait si entreprenant avec lui que j'en venais à me demander depuis combien de temps ils avaient appris à se connaitre. Lorsque j'avais vu la jeune femme provoquer le prince de façon si intime et qu'il n'y montrait aucune objection, j'avais porté ma main devant ma bouche pour étouffer un sanglot bruyant. Ne voulant pas en voir plus, je m'écartais pour m'adosser au mur afin que celui-ci m'aide à porter mon propre poids que je ne me sentais même plus capable de soutenir. Mon cœur avait éclaté en un million de morceau à cet instant même.

Des ténèbres à la lumière T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant